Depuis la fin des Jeux Olympiques de Rio, les athlètes médaillées françaises sont célébrées. Pourtant, sur les 168 athlètes françaises qui ont participé aux Jeux, 84% sont rentrées du Brésil sans être montées sur le podium. Parmi ces athlètes, certaines n’ont pour autant pas démérité et ont de beaux jours devant elles.
A Rio, ces sportives ont mis un coup de projecteur sur leur discipline
Aux Jeux de Rio, l’haltérophile française Gaëlle Nayo-Ketchanke termine huitième sur 15 concurrentes chez les moins de 75 kgs. La vice championne d’Europe 2015 et 2016 visait une place de finaliste et peut donc être déçue. Pourtant, son résultat est une bonne chose pour l’haltérophilie féminine en France. Elle obtient le meilleur classement de l’équipe de France à Rio et il y a quatre ans, à Londres, aucune française n’avait concouru. Sa participation à Rio a permis un coup de projecteur sur une discipline qui espère bien se féminiser dans l’Hexagone.
Contrairement à Gaëlle Nayo-Ketchanke, Kseniya Moustafaeva, elle, a bien atteint la finale en gymnastique rythmique. La Française est arrivée dixième, mais pour sa première participation, ce résultat est encourageant dans une discipline trustée par les Russes et peu médiatisée en France, d’autant que Kseniya Moustafaeva s’est qualifiée pour les Jeux en septembre 2015. “Je suis fière de ce que j’ai accompli, s’est réjoui la gymnaste. J’en sors motivée plus que jamais avec une immense envie d’aller chercher une médaille dans quatre ans.”
« Voir les conditions dans lesquelles ces enfants vivent permet de faire réfléchir et relativiser les nôtres », admet Priscilla Gneto
Attendues à Rio et déçues, certaines font une pause pour relativiser
La désillusion fut cruelle pour Automne Pavia. Après sa médaille de bronze aux Jeux de Londres, la judokate est tombée de haut à Rio, éliminée en quarts de finale par la championne olympique en titre, Kaori Matsumoto. «Quand vous vous entraînez pendant quatre ans avec un objectif et que celui-ci ne se réalise pas, c’est douloureux, regrettait-elle. Sa blessure et la préparation n’ont pas été un problème selon son entraîneur, Christophe Massina qui la sentait “vraiment impliquée”. En attendant de voir ce qui a pêché, Automne s’est accordé quelques jours loin de sa discipline, tout comme Pauline Ferrand-Prevot.
Dans un message publié sur sa page, la cycliste de 24 ans a laissé transparaître son mal-être et sa déception après avoir fini 26e de la course en ligne et suite à un abandon en VTT. “Le vélo est devenu mon plus grand cauchemar” a résumé la championne du monde sur route 2014 qui a enchaîné les problèmes de santé depuis le début de l’année. La cycliste ne sait pas quand elle va remonter sur un vélo mais a, pour le moment, besoin de faire un break.
Priscilla Gneto et Gevrise Emane, elles, ont choisi de se ressourcer auprès des enfants des favelas de Rio. Après leur élimination en 16e et en 8e de finale, les Françaises ont été actives dans le cadre du projet Solida’Rio, dont le but est de récolter des fonds pour la construction d’un terrain multisport non loin du stade olympique. Voir les conditions dans lesquelles ces enfants vivent permet de faire réfléchir et relativiser les nôtres », admet Priscilla Gneto, qui avait été disqualifiée alors qu’elle était une grande chance de médaille chez les moins de 52 kilos.
Disqualifiée lors de l’épreuve du 10km nage en eau libre alors qu’elle tenait la médaille d’argent, Aurélie Muller a elle aussi relativisé son échec en rencontrant les cariocas. “Ces Jeux m’ont par exemple offert de me “balader” dans les favelas, vêtue de ma coûteuse panoplie ‘France’ avec le joli crocodile tricolore. Je portais sur moi plus d’argent qu’en avaient les gens que je croisais pour un trimestre.” Une remise en perspective salutaire avant de se remettre au travail.
En rugby à sept ou en escrime, la jeune génération est prometteuse
Athlétisme à Rio 2016 – crédit : Fernando Frazão/Agência Brasil (Creative Commons)Pour la première apparition du rugby à sept aux Jeux, l’équipe de France féminine pouvait rêver du podium olympique. La déception fut grande lors de leur échec en quart de finale face au Canada (15-5). Les filles ont terminé le tournoi olympique à la cinquième place. Pour le grand public, cette parenthèse a confirmé le joli coup de projecteur mis sur une discipline, qui se développe petit à petit en France. “Je crois que la déception passée, quand les filles se souviendront de là où elles sont parties et là où elles sont arrivées, elles prendront conscience du chemin parcouru”, relativisait sur L’Equipe l’entraîneur David Courteix. J’ai vraiment envie que les gens les découvrent et s’aperçoivent à quel point l’équipe de France peut être brillante.”
Du côté de l’escrime, les sabreuses rentrent bredouille mais ont fait vibrer les passionnés de sport. Les prometteuses Manon Brunet et Cécilia Berder avaient une beau coup à jouer à Rio. Associées en équipe à Charlotte Lembach, les vice-championnes d’Europe 2016 ont été dominées dès leur entrée en compétition par des Italiennes bien plus solides. Les escrimeuses n’ont pas réussi à inverser la tendance, pour s’incliner finalement 36 à 45. Mais quelques jours plus tôt, les sabreuses n’ont pas fait déshonneur à l’escrime. Soutenue par sa famille en tribunes, Cécilia Berder s’est arrêtée en quarts, défaite par la Russe Velikaya, numéro un mondiale mais à 26 ans, la vice-championne du monde a montré un fair-play exemplaire et a analysé sa défaite avec clairvoyance. De bon augure pour préparer l’après-JO. Sa coéquipière Manon Brunet a été impressionnante au vu de son âge. A 20 ans, la Française s’est hissé jusqu’au dernier carré avant de perdre la petite finale. Une médaille en chocolat, certes. Mais la n°9 mondiale a montré qu’elle avait les armes pour devenir la future étoile de l’escrime tricolore.
Assia Hamdi
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