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Alexia Barrier lance un équipage 100 % féminin pour le Trophée Jules Verne

Aurélie Bresson
21.06.2023

La navigatrice Alexia Barrier va se lancer à l’assaut du prestigieux Trophée Jules Verne, record du tour du monde à la voile, à bord d’un maxi-trimaran avec un équipage 100 % féminin : une première dans l’histoire de la course au large.

Mardi 13 juin, dans les locaux de l’UNESCO, Alexia Barrier a réuni ses partenaires dont le CIC, son équipage et la presse pour annoncer son « épopée maritime du siècle ». Un projet né d’un changement de cap dans sa carrière de navigatrice. « Après le Vendée Globe, j’ai demandé à mon partenaire : qu’est ce qu’on fait ? Est-ce qu’on prépare le Vendée Globe ? (24e en 2021, NDLR). Mais mon partenaire m’a lâché et ce fut une bonne leçon. Je me suis rendue compte que je n’étais pas sur le bon cap et qu’il fallait que je me dédie à mon projet que j’avais en tête. J’avais envie de faire de l’Ultim après mon Vendée Globe. Il était temps de passer sur ces géants des mers. J’ai alors voulu faire en équipage car j’aime ce côté partage de compétences, et les premiers noms qui me sont venus étaient des noms de femmes. »

Entrer dans l’histoire 

The Famous Project voit alors le jour. Un équipage 100 % féminin sur le Trophée Jules Verne, voilà qui n’est pas arrivé depuis 24 ans, lors de la tentative de Tracy Edwards sur Royal Sun Alliance. Alexia Barrier, 24e du Vendée Globe 2020-2021, veut réunir des navigatrices internationales pour tenter de battre le record du tour du monde en équipage. Un record toujours détenu par Francis Joyon et l’équipage d’IDEC Sport, en 40 jours et 23 heures. « Notre objectif c’est un départ fin 2025. On s’entrainera en équipage mixte pendant deux ans pour mieux se former et se préparer. On vise l’excellence, on vise le record de Monsieur Francis Joyon », ambitionne Alexia Barrier. 

Son équipe commencera ses entraînements dans les prochains mois au large de la Bretagne. Cet hiver, deux maxi-trimarans, le Maxi Edmond de Rothschild et le Sails Of Change ont tenté de partir à l’assaut du trophée Jules Verne, sans y parvenir faute de trouver une fenêtre météo clémente.

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Equipage féminin et international

Huit personnes au total, six nationalités différentes, un staff masculin et féminin : telle est la composition annoncée de l’équipage aux côtés des navigatrices Marie Tabarly, Marie Riou, Dee Caffari et Joan Mulloy, encadré par Jonny Malbon, project manager et Brian Thompson, l’homme de tous les records.

Marie Riou, olympiste aguerrie qui a participé aux JO de Londres et de Rio, fera partie de l’équipage. Elle qui n’avait jamais envisagé faire cette course, n’a pas hésité à rentrer dans l’aventure : « J’ai la chance d’habiter à coté de Brest et je suis allée aux départs et arrivées du Trophée Jules Vernes. Ca m’a toujours marquée, ces marins qui tentaient cette aventure. Je n’imaginais pas le faire, mais quand Alexia m’a proposé j’ai de suite dit oui. »

Elodie Jane Mettraux, navigratrice de renom, vainqueure du Bol d’Or Mirabaud sur Ladycat en 2010 et du classement amateur TFV en 2012, 2017, 1ère sur la Volvo Ocean Race avec Turn the Tide on Plastic en 2017, appréhende avec enthousiasme cette épopée : « Avec les filles c’est très diffèrent que dans un équipage mixte. On s’est tellement toutes retrouvées dans des équipes masculines que tant qu’on reste dans la communication, ça se passera bien. Au final dans ce projet on va toutes apprendre le multicoque au large. C’est nouveau pour nous toutes, on va pouvoir se projeter dans quelque chose de plus grand. »

Un changement de regard sur la voile

Dans la course au large, l’un des rares sports où la mixité existe, hommes et femmes sont classés sur la même feuille de match. À haut niveau, les femmes représentent 5 % des skippers. En multicoque, la gente féminine n’est pas représentée. Seule une femme, Dona Bertarelli, dans un équipage masculin avec Spindrift, a tenté ce record.

L’un des fondements des engagements d’Alexia Barrier : se donner les moyens de réaliser ses rêves et surtout de montrer aux filles, jeunes femmes et femmes, qu’elles peuvent elles aussi aller au bout de leurs rêves. Et pour Alexia, le Trophée Jules Vernes est « un rêve. Rêver, aimer, partager ; c’est ma devise. Mon objectif est de rendre “famous” les femmes de la planète. Je veux changer le visage du sport de la course au large pour avoir plus de femmes et plus de couleurs dans notre sport. »

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Aurélie Bresson
21.06.2023

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