Championnes du monde en 2017, championnes d’Europe en 2018, les handballeuses françaises écrivent leur histoire. Sollicitées hors de nos frontières lors du mercato, plusieurs d’entre elles ont rejoint de grands clubs européens engagés en Ligue des Champions. Episode 1 de notre série de quatre échanges avec l’une des taulières du groupe France, la globe-trotteuse Allison Pineau.
Fidèle du maillot bleu depuis treize ans, Allison Pineau en a vu des batailles remportées avec les tripes, des défaites rageantes et des coupes brandit à bout de bras. Durant sa carrière, l’athlète aux 247 sélections a régulièrement franchi le Rhin. La native de Chartres a défendu les couleurs de Valcea et Baia Mare (Roumanie), de Skopje (Macédoine), de Ljubljana (Slovénie). Cet été, elle a quitté le Paris 92 pour s’installer à Podgorica, capitale du Monténégro, où évolue Buducnost. « C’est la toute première fois que je suis partie qui a été compliquée. Là, j’avais envie de repartir, j’ai été guidée par le challenge sportif » partage-t-elle, assise sur un banc de la Maison du handball où les Françaises étaient regroupées en début de semaine.
Une préparation torpillée par le virus
Buducnost, qui compte dans ses rangs de nombreuses redoutables internationales monténégrines, a remporté la coupe aux grandes oreilles en 2012 et 2015. Le club est attractif, tout comme le pays. « J’adore l’environnement dans lequel je vis, apprécie Allison Pineau. Le Monténégro est magnifique avec la mer et le montagne très proches. La vie n’est pas chère quand on vient de France. C’est surtout le contexte qui rend les choses compliquées. On ne peut pas tout faire. Les gens sont masqués et l’exigence est plus élevée que chez nous je crois. Ici, on ronchonne autour du port du masque. Tandis que là-bas, c’est un petit pays, ils savent qu’ils n’ont pas forcément nos moyens, surtout sur le système de santé. »
D’ailleurs, la Covid-19 a frappé de plein fouet Buducnost. A la fin de l’été, dix joueuses ont été déclarées positives au virus. Après avoir été confinée deux mois en France, Allison Pineau a dû, comme l’ensemble de ses coéquipières, s’enfermer chez elle pour deux semaines. « Ca a été galère parce que je sortais d’un mois et demi de préparation. Quand on a su que le championnat était terminé en France, j’aidiminué mes séances. Il m’a fallu du temps pour remettre la machine en route et au meilleur moment, on est rentrées en quarantaine. On a eu la sensation de faire des pas en arrière.»
Forcément, les résultats en Ligue des Champions sont loin des espérances. Les trois premières oppositions se sont soldées par autant de défaites. « Nous n’étions que cinq pro au premier match, raconte Bingo. Les autres étaient des jeunes filles de 16, 17 ans qui n’avaient jamais joué en pro et encore moins en Ligue des Champions… On s’entraine au complet depuis seulement deux semaines ! Les filles sont dans un état physique très éloigné de là où l’on devrait en être. Toutes celles qui ont été testées positives n’ont rien pu faire pendant 35 jours. Certaines avaient des résidus au niveau pulmonaire et ont morflé…On vient de jouer trois matchs et j’ai toujours la sensation qu’on est en prépa, en train de se chercher.»
« On rentre dans un nouveau cycle au niveau de la dynamique, mais pas au niveau de l’équipe »
Les Bleues, pas rassasiées
Mais la sportive expérimentée relativise, apprécie sincèrement son nouveau groupe, tout en gardant un oeil sur le championnat français. « J’ai regardé Metz-Nantes sur Sport en France. Je crois que malgré des départs de joueuses, la Ligue Butagaz Energie va maintenir un certain niveau. Les clubs ont envie de faire encore mieux, des étrangères vont apporter leur talent. Le jour où les clubs passeront encore un cap sur le plan structurel, on pourra vraiment mesurer ce potentiel. »
La handballeuse de 31 ans analyse la séquence qui s’ouvre avec son équipe nationale. « On rentre dans un nouveau cycle au niveau de la dynamique, mais pas au niveau de l’équipe, estime-t-elle. Il y aura quelque chose de vraiment nouveau qui commencera quand nous (NDLR les anciennes) on arrêtera. En un an, il va y avoir deux compétitions dont une olympiade. Tout le monde a vraiment faim. Au mondial au Japon, ce n’est pas qu’on était rassasiées, mais je pense qu’à un moment donné, on avait fait tellement d’efforts en deux ans, qu’il y a eu un petit relâchement. On a voulu répéter des choses auxquelles on croyait beaucoup alors que chaque année est une aventure différente. »
La rencontre de Golden League face au Monténégro ce soir devrait lancer cette nouvelle dynamique.
Propos recueillis par Mejdaline Mhiri
Copyright photo : Dejan Starcevic
Le programme des Bleues en Golden League
* France vs Monténégro – jeudi 01 octobre à 17h45 (en live sur beIN SPORTS et différé sur L’Equipe TV à 21h10).
* Norvège vsFrance – samedi 03 octobre à 13h45 (en live sur beIN SPORTS et différé sur L’EquipeTV à 17h30).
* Danemark vsFrance – dimanche 04 octobre à 17h15 (en live sur beIN SPORTS et L’EquipeTV).
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