Coupe du monde de football – Vanessa Tomaszewski : « Cette Coupe du monde féminine est un vrai révélateur du potentiel du football féminin »
Pendant un mois, Vanessa Tomaszewski a fait vivre à sa communauté, la Coupe du monde féminine de football et ses coulisses sur ses réseaux Champions du digital. Pour Les Sportives, elle revient sur ce Mondial à l’autre bout du monde, qui pourrait bien changer la donne pour le football au féminin.
Les Sportives : Qu’as-tu pensé du parcours des Bleues sur cette Coupe du monde ?
Vanessa Tomaszewski : Les Bleues sont montées en puissance sur la compétition avec un match face au Brésil qui a été un tournant. Elles ont malheureusement manqué de réalisme lors du quart de finale avec une issue assez cruelle sur cette séance de tirs aux buts, la plus longue de l’histoire de la Coupe du monde. De l’extérieur on a vu une belle cohésion d’équipe, c’est dommage qu’elles ne soient pas allées plus loin dans la compétition. J’ai vraiment le sentiment que l’équipe de France pouvait aller plus loin. C’est triste mais j’ai le sentiment qu’en France aux Jeux de Paris 2024 elles peuvent faire quelque chose de grand avec le soutien du public.
Comment étaient-elles soutenues en Australie ?
Je n’ai pas assisté à tous leurs matchs au stade. Du côté des supporters des Bleues, on était vraiment en très petit comité. Je m’attendais à voir plus de supporters français parce qu’on m’avait dit qu’il y avait beaucoup de Français en Australie. Néanmoins le point très positif est que les Bleues ont joué dans des grands stades remplis, hormis le stade d’Adélaide qui était beaucoup plus petit que les autres. J’ai rencontré quelques supporters français résidant en Australie, ils étaient fiers et ravis de se rendre au stade pour encourager l’équipe de France féminine. C’était un moment fort pour eux.
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Pour le quart de finale, tu étais au stade, quasiment acquis à l’Australie. Comment as-tu vécu ce match ?
C’était le match le plus stressant que j’ai vécu dans un stade. J’y ai vraiment cru jusqu’au bout pour les Bleues. On était un petit comité de 6-10 supporters français dans ma tribune. On a essayé de donner de la voix. Il y avait les supporters français derrière les bancs des joueuses qui faisaient aussi leur maximum. Mais je pense que finalement on devait être moins de 1000 supporters français dans le stade pour près de 50 000 supporters australiens. Ca a fait la différence sur la séance de tirs aux buts. Les Australiens ont mis la pression depuis la tribune, derrière les cages, quand les Françaises allaient tiré.
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Cette Coupe du monde a aussi été celle des surprises niveau sportif, avec l’élimination précoce de favorites et la qualification surprise de certaines nations. Quelle équipe a été la plus impressionnante et la plus décevante selon toi ?
J’ai été impressionnée par le parcours de la Colombie et évidemment celui de l’Espagne, qui a réussi quelque chose de très grand. On s’attendait à voir les États-Unis tenantes du titre aller beaucoup plus loin. J’aurais vraiment aimé voir la France aller jusqu’en finale pour passer cette barrière, je pense qu’elles en avaient les capacités, mais c’est le football. Je trouve bien aussi que des nations de chaque confédération aient gagné au moins un match.
« En Australie, les transports étaient gratuits les jours de match, sur présentation du billet. »
Plus globalement, quel est ton meilleur souvenir sur cette Coupe du monde ?
C’est difficile de sélectionner un seul souvenir car il y a les moments vécus au stade, en fan zone, et la découverte d’un nouveau pays, d’une nouvelle culture. C’était un voyage extraordinaire. L’ambiance lors du match entre la Colombie et la Corée était géniale. Sur le match d’ouverture, on sentait une véritable communion entre les supporters australiens, dans un stade magnifique de près de 80 000 places. Mais ce n’était pas seulement la Coupe du monde dans les stades. La finale a aussi été un très beau moment. On a vu du très beau football, du beau jeu et du suspens, tout cela dans une très belle ambiance.
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Est-ce que cette Coupe du monde a été un succès auprès des australiens ?
En Australie, tout le monde parlait du Mondial. Les grandes villes comme Melbourne, Sydney, Brisbane étaient en mode « Coupe du monde ». C’était impossible de ne pas le savoir quand on se rendait dans le centre ville. On voyait des affiches avec les joueuses dans les vitrines des magasins, des messages d’encouragements dans les aéroports et des livres sur les joueuses dans les librairies. En Australie, les transports étaient gratuits les jours de match, sur présentation du billet. Les fans zones étaient bondées de supporters du monde entier. Au total plus de 750 000 fans présents dans les FIFA Fan Festival. En tout, le Mondial a généré plus de 570 millions de revenus. C’est le deuxième montant le plus élevé de tous les sports, en dehors de la Coupe du monde masculine, à l’échelle mondiale. C’est très positif pour l’économie du football au féminin !
On a pu voir des grosses affluences sur la plupart des matchs. Qu’as tu pensé de l’ambiance dans les stades ?
Sur les matchs que j’ai vu au stade, il y avait une très belle ambiance. 30 198 fans sont au stade en moyenne par match. Sur tout le Mondial, 1,9 million de fans ont assisté aux matchs au stade. L’Australie a montré qu’on peut être un pays sans une véritable culture foot à l’origine et réunir des centaines de milliers personnes dans les stades et devant la TV pour suivre son équipe. Je pense que cette Coupe du monde féminine est un vrai tournant, témoin du potentiel du football.
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Tu avais déjà couvert la Coupe du monde en France il y a quatre ans. As-tu vu des évolutions ?
Sur le plan sportif, le passage à trente-deux équipes a montré une homogénéisation du niveau du football au féminin mondial. Elle a permis à des équipes moins expérimentées comme la Jamaïque ou la Colombie de se montrer. À côté de cela, on a vu des équipes habituées à la scène internationale se faire rapidement éliminer. Sur le plan médiatique, on a beaucoup plus vu le poids des réseaux sociaux. En 2019, la France n’avait pas de comptes dédiés pour la sélection féminine. Ça a permis de créer des lignes éditoriales dédiées autour de la compétition pour mettre encore plus en lumière les joueuses.
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Gianni Infantino évoquait le manque de couverture médiatique lors de la convention du football au féminin de la FIFA. Qu’en as-tu pensé sur cette Coupe du monde ?
Selon moi, les marques devraient davantage miser sur les créateurs de contenus et fans présents sur place, et sur le digital. Sur les réseaux sociaux, des partenariats comme celui de TikTok avec un hub dédié à la Coupe du monde a généré près de 4 milliards de vues. Les comptes de la Coupe du monde féminine de la FIFA ont atteint 8,3 millions d’abonnés. En Australie la demie finale de la sélection australienne est devenue le programme TV le plus suivi de l’histoire de la TV australienne. Ces éléments montrent que le football au féminin attire et qu’il faut continuer dans cette voie !
Sur place, as-tu réussi à couvrir tous les évènements que tu voulais ?
Je n’étais pas accréditée sur la compétition mais j’ai eu l’opportunité néanmoins de couvrir la convention du football au féminin de la FIFA. J’ai pu assister à des matchs dans plusieurs stades d’Australie : Sydney, Brisbane, Melbourne, Adélaide. Plus que je ne l’avais prévu, donc j’en suis ravie. Au-delà du football, l’Australie est un pays magnifique à découvrir, donc j’ai aussi alterné avec du contenu pour mettre en lumière les villes-hôtes également.
Les audiences pour les matchs de l’équipe de France étaient plutôt bonnes. Comment peut-on convertir cette audience médiatique en public dans le stade ?
Le développement du football féminin en France passera par trois éléments, selon moi. Le premier : des stratégies fortes marketing et social media d’identification aux joueuses. Elles contribueront à faire venir le public dans les stades. Mais elles doivent répondre à plusieurs critères : du contenu adapté aux nouvelles générations pour faire le lien entre le virtuel et le réel, et des investissements sur le long terme auprès des communautés locales. Sans cela, ça reste de la communication à sens unique. Ensuite, il faut professionnaliser et médiatiser le championnat de D1 Arkema. Enfin, il faut créer une atmosphère agréable dans les stades, adaptée au public, très familial. Le public ne doit pas juste venir au stade pour voir un match. Il doit repartir en ayant vécu une expérience mémorable grâce à l’histoire qu’on lui a raconté.
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Crédit photo : Champions du digital
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