Julie Quillard, Pauline Pécora et Anouck Mattoni représenteront la France aux Mondiaux de pêche à la mouche
Les Mondiaux féminins de pêche à la mouche se dérouleront du 5 au 11 juillet en Norvège. Julie Quillard, Pauline Pécora et Anouck Mattoni ont été sélectionnées au sein de l’équipe de France après avoir remporté plusieurs manches à Briançon (Hautes-Alpes) et Méribel (Savoie). Rencontre.
Quels ont été vos parcours ?
Anouck Mattoni : Je suis l’une des premières femmes à avoir intégré le club de pêche à la mouche du GPS Bourg/Revermont dans l’Ain. Je pêche à la mouche depuis une douzaine d’années dans le Val-Revermont aux côtés de mon mari, après l’avoir exercé sur les genoux de mon père.
Julie Quillard : Je suis la benjamine de l’équipe de France. J’ai suivi les traces de mon père qui montait ses propres mouches tout près de la rivière d’Ain et cela s’est avéré être une vocation. J’étais très habile dans la fabrication des mouches, qui servaient d’appât. À 14 ans, je me suis inscrite en club et c’est à ce moment-là que j’ai rencontré Anouck Mattoni. Depuis, j’apprends quotidiennement de nouvelles techniques et j’analyse les cours d’eau auprès de pêcheurs expérimentés, en plus de ma formation en BTS gestion et protection de la nature au sein de la Fédération de pêche départementale de Savoie.
Pauline Pecora : J’ai découvert la pêche à la mouche avec des ami·e·s à l’adolescence. C’est lors du visionnage du film « Au milieu coule une rivière », réalisé en 1992 par Robert Redford, avec Brad Pitt, que j’ai confirmé mon attrait et cette passion pour ce sport. À 18 ans, j’ai franchi le pas en m’inscrivant en club et peu de temps après en compétition.
Quelle est la particularité de ce sport ?
AM : La pêche à la mouche est un sport-nature qui mêle précision, relaxation et audace. Je suis directement tombée sous le charme. C’est un sport qui s’adresse aussi bien aux filles qu’aux garçons. Certaines personnes pensent que la pêche à la mouche n’est pas un sport très physique alors que bien au contraire, lorsque l’on doit s’aventurer aux bords des rivières ou des lacs, c’est très sport ! Nous avons participé à dix manches de quarante minutes en une journée pour ces qualifications. Le but étant de capturer le plus de poissons possible par manche, leur taille étant également prise en compte avant leur remise à l’eau. Chaque poisson est précautionneusement relâché vivant. La pression est omniprésente pour ne pas prendre de pénalités. Lorsque l’on n’arrive pas à localiser un poisson ou que l’on décroche avant la mise à l’épuisette, on peut être déstabilisée par les conditions extérieures. L’objectif est de savoir rester concentrée pour prendre le dessus et progresser.
JQ : J’adore la biodiversité. Je retrouve tout cet univers en pêchant. La pêche à la mouche est un sport ressourçant et apaisant. J’ai un contact avec la nature et ça me change les idées.
PP : La pêche à la mouche est un sport que je trouve splendide au niveau du geste, car il est assez féminin et élégant. Il me semblait un peu inaccessible. C’était le Graal de la pêche. Je n’osais pas forcément me lancer, et puis à force de rencontrer certaines personnes au bord de l’eau, j’ai tenté. La pêche à la mouche s’apprend. Ce n’est pas inné et il ne faut pas se décourager à la moindre difficulté car ça ne vient pas comme ça en claquant des doigts. Essayer est le seul moyen de se faire une idée et il faut persévérer tout en restant patient·e. La technique est très particulière car elle ne demande pas beaucoup de force, mais de la minutie. J’adore me retrouver seule en pleine nature pour profiter pleinement de ces moments d’évasion, loin des réseaux sociaux. Un moment simplement pour me déconnecter.
En France, il n’existe pas de championnat féminin. Est-ce une fierté de participer à une compétition internationale ?
AM : J’ai voulu progresser en intégrant le club de l’Ain et en faisant des compétitions. J’ai été très bien accueillie en club malgré les préjugés et les stéréotypes. En France, il n’existe pas de championnat féminin, mais seulement des compétitions mixtes. C’est une grande fierté de participer à une compétition internationale. Cela nous permettra de faire connaître un peu mieux ce sport et de partager cette passion au plus grand nombre. J’espère que l’on terminera sur le podium avec une médaille et la récompense de toutes ces années de travail.
JQ : Je suis heureuse d’être sélectionnée pour ces Mondiaux ! Même si la compétition et les manches seront rudes, on s’entraîne pour réussir et on va tout donner. Je vais essayer d’apporter une fraîcheur. Mon rêve serait de remporter un titre par équipe et en individuel.
PP : Durant six ans, j’ai mis la compétition entre parenthèses pour m’occuper de mes enfants. Il était compliqué de rester concentrée sur la pêche car elle demande du temps, de l’énergie et surtout des moyens financiers importants. Puis j’ai repensé à mon rêve de toujours, j’ai travaillé sur un laps de temps assez court et c’est avec joie et bonheur qu’il s’est réalisé. Je me suis ainsi remise en question et je me suis à nouveau concentrée. L’équipe communique régulièrement. On échange avec les filles sur nos performances, le montage des mouches et la technique. On a toujours à apprendre. Je souhaite que la sélection puisse perdurer dans le temps tout en gardant cette cohésion ainsi que cette entente. J’en ai d’ailleurs profité pour initier mon mari à ce sport si singulier. J’espère que d’autres personnes, notamment des femmes, suivront, en faisant une grande entrée en matière avec les coéquipières lors de ces Mondiaux en juillet prochain.
Propos recueillis par Solène Anson
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