Jeudi, la FIFA a annoncé une nouvelle réglementation qui protège les droits des footballeuses professionnelles désireuses d’avoir des enfants pendant leur carrière de joueuse. A partir du 1er janvier 2021, la FIFA imposera donc à ses 211 pays membres, une réglementation sur le congé maternité, ainsi qu’une interdiction de les licencier. Une avancée historique pour football féminin.
La FIFA veut faciliter la possibilité d’avoir des enfants à un moment crucial du football féminin, où elle a gagné en intensité physique et en professionnalisme, après le boom planétaire qu’était la Coupe du monde en France 2019.
« Nous voulons voir plus de femmes jouer au football et en même temps avoir une famille », a expliqué Sarai Bareman, responsable du football féminin au sein de la FIFA, à plusieurs journalistes à l’issue d’une réunion de commission. La FIFA a expliqué qu’elle proposera à son conseil de décembre une série de mesures qui seront appliquées immédiatement dans ses 211 fédérations, qui pour l’instant offrent un cadre inégal selon les lois et pratiques locales.
Un vide juridique important
Pour Jessica Houara-d’Hommeaux, ancienne joueuse professionnelle défenseure internationale, et consultante sur les antennes de Canal+, c’est une très belle avancée. « Je suis vraiment contente. Il n’y aura plus de flou. Si je n’ai pas eu d’enfants au cours de ma carrière, c’est que c’était justement trop flou. J’aurais adoré que ma fille puisse venir me voir jouer en maillot. Ca n’a pas été le cas. Je suis très contente de la décision de la FIFA. C’est enfin dans les textes, c’est enfin juridiquement obligatoire. Les joueuses n’auront plus à mettre leur carrière entre parenthèses pour fonder une famille. »
Dans sa chronique de septembre 2019, Jessica Houara-d’Hommeaux alertait justement sur la situation et surtout ce vide juridique : « À l’heure actuelle, aucune joueuse française professionnelle n’a passé le cap de la maternité. Il y a 2 joueuses en D1 Féminine qui sont mamans. Si en France, les joueuses professionnelles de football ne se sont pas encore lancées dans le projet d’être maman pendant leur carrière, c’est peut être parce qu’il existe, à l’heure actuelle, dans les textes, un très grand vide juridique. »
Les clubs qui jouent à l’international, donc sous la juridiction de la FIFA, devront donc proposer un congé de maternité « d’au moins quatorze semaines, dont huit après la naissance » payés « au moins les deux tiers de leur salaire. contractuel ». Pendant ce temps, les clubs pourront recruter une joueuse pour remplacer la femme enceinte, même s’ils sont en dehors de la période de transfert, avec la possibilité de l’intégrer à long terme si les deux parties sont d’accord.
The FIFA Football Stakeholders Committee has backed two sets of landmark reforms to strengthen the protection of female players, as well as football coaches. They will be put before the FIFA Council for final approval next month.
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— FIFA Women’s World Cup (@FIFAWWC) November 19, 2020
Des règles bien établies
Il sera alors interdit « de remettre en cause la validité de leurs contrats du fait que les joueuses tombent enceintes » . En cas de licenciement pour cette raison, le club sera sanctionné économiquement et sportivement. Après le congé de maternité, les clubs doivent « réintégrer les joueuses et leur fournir un soutien médical et physique approprié », a déclaré le directeur juridique de la FIFA, Emilio García Silver.
Ces nouvelles réglementations sont des conditions minimales convenues par la FIFA, la FIFPRO et d’autres parties prenantes qui entreront en vigueur à compter du 1er janvier 2021. Elles stipulent entre autres :
- Un congé maternité d’au moins quatorze semaines, dont au moins huit semaines à prendre après la naissance de l’enfant.
- Pendant le congé maternité, la joueuse doit recevoir au moins deux tiers de son salaire si la législation nationale ou la CCT ne prévoit pas de meilleures dispositions.
- La possibilité de rester enregistrée et, si les deux parties conviennent de ne pas l’être, d’être enregistré au retour du congé maternité, même en dehors de la période d’enregistrement.
- La présomption d’une résiliation de contrat par le club au cours de cette période en raison d’une grossesse ou d’un congé maternité. Le club est tenu de prouver qu’un licenciement n’est pas lié à la maternité, sinon la joueuse se voit accorder une indemnité supplémentaire égale à six salaires en plus de la valeur restante du contrat.
- La liberté pour la joueuse de décider si elle continue à jouer ou non, à condition que sa santé, évaluée dans le cadre d’un examen indépendant, le lui permette.
La preuve en était, les joueuses professionnelles qui poursuivaient leur carrière après une grossesse n’ont généralement pas le même succès, à l’exception des américaines comme Amy Rodríguez, Sydney Leroux ou Alex Morgan, qui cherche à participer aux Jeux de Tokyo en 2021 après avoir accouché de sa une fille en mai.
Le football a pris le sujet à bras le corps, à qui le tour ? Jessica Houara-d’Hommeaux ne manque pas de le souligner : « C’est vraiment une bonne nouvelle pour la génération actuelle et future. J’espère que d’autres sports vont suivre la démarche, s’en inspirer. Afin que la femme puisse pleinement vivre de sa passion sportive mais aussi fonder une famille. »
Propos recueillis par Aurélie Bresson
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