ViàSports 100 % féminin est l’unique émission du paysage audiovisuel français (PAF) à proposer ce concept : une émission hebdomadaire 100 % consacrée au sport au féminin. Aux commandes se trouvent quatre femmes : Justine Barraud, Tiffany Henne, Alizée Marty et Judith Soula, la présentatrice de l’émission. Rencontre avec cette ancienne des grandes chaines de Canal+, TF1 et L’Équipe.
Le 24 janvier dernier avait lieu la journée internationale du sport féminin. Loin de cette journée éphémère, une chaine de télévision a décidé, depuis septembre 2022, de proposer une émission hebdomadaire consacrée au sport féminin. Il s’agit de viàOccitanie, chaîne d’informations régionales basée dans le sud de la France, qui a choisi de dédier un volet de son programme viàSports, uniquement au sport au féminin. Chaque mardi à 13h30, l’antenne diffuse un contenu d’une trentaine de minutes pour parler des sportives Occitanes et parfois nationales. De nombreuses invitées prestigieuses sont déjà venues comme les membres de l’équipe de France de rugby, médaillées de bronze lors de la dernière coupe du monde en Nouvelle-Zélande.
Les Sportives : Comment est né le projet d’une émission sportive 100% féminine ?
Judith Soula : On en a discuté toutes ensemble et ça nous paraissait évident. Il y a quelques thématiques de la semaine qui se sont imposées, dont le foot et rugby, car l’Occitanie est une terre de rugby. Ensuite ce fut le sport féminin car cela n’existe nulle part ailleurs. L’Occitanie est une terre de sportives avec notamment Perrine Lafont, le Stade toulousain féminin champion de France en titre, le BLMA qui cartonne à Montpellier… Toutes ces femmes méritent d’être mise en avant. L’autre avantage est qu’il n’y a pas encore de droits sur ces compétitions, ou très peu. On peut donc avoir accès facilement aux images. Donner une émission 100% féminine nous paraissait une évidence.
Vous êtes passée par Canal+, TF1 et L’Équipe. Comment expliquer que ce programme ne soit pas proposé sur une télé nationale alors que vous avez réussi à l’échelle régionale ?
Je ne sais pas. Peut-être qu’au niveau national, tout est régi par l’audience, et il est vrai que le sport au féminin est encore inférieur sur ce point. Bien que nous ayons vu de grandes audiences sur la coupe du monde de rugby et lors de la coupe du monde de football… Peut-être qu’au niveau national, ils vont d’abord chercher un sponsor, et s’il y en a un, l’émission verra le jour. Lorsque je suis passée par l’Équipe TV (ndlr : 2010-2012), nous avions créé de nombreux programmes, mais on n’avait pas pensé à un programme 100 % féminin. Je regrette un peu de ne pas y avoir pensé avant.
Aujourd’hui, il y a une mouvance avec de plus en plus de journalistes féminines sur le terrain, et nos équipes obtiennent des résultats ! Je reste persuadée qu’il faut des locomotives pour mettre en avant un sport. Si le basket féminin fait des résultats comme « les braqueuses », ou comme Perrine Laffont, elles permettent de donner un engouement au niveau national. Mais en Occitanie, quand je vois l’offre, il y a de nombreuses histoire à raconter. Nous avons vraiment de superbes sportives. Peut-être qu’un titre mondial donnera un boost aux disciplines moins visibles. C’est souvent lié !
L’ARCOM relance son opération « Sport Féminin Toujours » à partir du 30 janvier, avec comme thème « Le sport comme remède ». Allez-vous proposer quelque chose ?
Le problème est que c’est éphémère. Honnêtement nous n’y avons pas encore réfléchi. Notre offre est constante, nous diffusons déjà chaque semaine du sport féminin. On mettra peut-être encore davantage de femmes à l’honneur. Ce que je trouve dommage, c’est de ne produire cette opération qu’une semaine. J’espère que l’on va donner un coup de boost et faire réfléchir une radio, télé, sur ce genre de projet.
Au début, en lançant le projet, nous avions fait un listing des sportives que nous voulions inviter, et nous ne voulions pas tourner en rond. Au final, nous avons une liste infinie, on n’est pas près d’être redondant !
Trouvez-vous que les médias jouent suffisamment le jeu ?
Ce que je n’aime pas trop, c’est inciter à faire quelque chose de « normal » uniquement à un moment donné. Il faut que l’on sorte de ces quotas. Le sport au féminin sera au même niveau que les hommes le jour où l’on ne se posera plus la question « Est ce qu’il faut faire une semaine pour le sport féminin ? ». Il faut que l’on arrive à sortir de cela. C’est bien, oui, mais nous ne devrions pas nous dire qu’on met le sport au féminin à la une à un moment précis. Il faut une vision plus globale, que cela ne soit pas juste cette semaine-là, et les médias nationaux ne jouent pas forcément le jeu.
L’émission est unique sur la PAF. Avez-vous eu des retours de la part d’autres rédactions, journalistes, sportives ?
Les sportives surtout ! Vraiment, à chaque fois, nous avons des retours positifs, nous avons maintenant des sportives qui nous sollicitent pour passer. Elles sont ravies de cette médiatisation, que ce soit le basket, le hand, le foot… Même le foot au féminin souffre et manque de médiatisation. Notre émission dure 26 minutes, en télé c’est assez long, c’est une belle exposition. On a le temps de découvrir la personne que l’on reçoit, son parcours, ses motivations, ses traits de caractère, puis l’aspect sportif… C’est une vraie visibilité. Valéry Demory (ndlr : entraineur du BLMA) disait que c’était la première fois qu’il faisait une interview si longue de 26 minutes pour parler de son club. Au début, en lançant le projet, nous avions fait un listing des sportives que nous voulions inviter, et nous ne voulions pas tourner en rond. Au final, nous avons une liste infinie, on n’est pas près d’être redondant ! Il y a tant de sports, c’est très riche !
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L’émission est diffusée en direct tous les mardis de 13h30 et est disponible en ligne sur viaoccitanie.tv. Une rediffusion à lieu le mardi et dimanche soir à 20h15, ainsi que le samedi à 13h30. Le replay est également disponible sur le site internet de viàOccitanie.
Propos recueillis par Johan Beausergent
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