Après avoir cédé sa ceinture de championne du monde lors du Hexagone MMA, Laetitia Blot est en pleine reconstruction. Avec, en ligne de mire, un combat le 3 juin 2023.
« Ça faisait longtemps que je n’avais pas touché le fond comme ça. » Un mois après avoir perdu sa ceinture de championne du monde des poids mouches, Laetitia Blot prend encore le temps de digérer. La Bretonne a cédé son titre de l’Hexagone MMA à la Lituanienne Ernesta Kareckaite sur décision partagée des juges. « Aujourd’hui, je fais des choses qui me plaisent. Du step, du vélo, de la course a pied… » Histoire d’effacer un peu la colère pour l’athlète de 39 ans.
Malgré sa longévité dans les arts martiaux mixtes, c’est la première défaite de la Française. Car Laetitia Blot a une longue et atypique carrière. Après un début comme judokate et l’Insep à 18 ans, la championne se prend un KO et perd connaissance sur le tatami. Un évènement à la suite duquel elle file en Australie. Là-bas, Laetitia Blot en vient à jouer au footy, le football australien, pour l’équipe de Darwin. « En temps normal, on ne peut pas approcher les aborigènes, mais j’en ai eu l’opportunité. C’est là qu’on voit que le sport fédère des vraies valeurs. »
Des journées entre les entraînements et les rames du Thalys
De retour en France, la Bretonne revient au judo. À 30 ans, elle devient championne de France en moins de 57 kg. Mais malgré ses progrès et plusieurs podiums européens, Laetitia Blot ne s’envole pas pour Rio en 2016, non sélectionnée par la fédération. La Française se tourne alors vers la lutte, jusqu’en 2019, quand le MMA s’apprête à être légalisé sur le territoire. « J’aimais bien Ronda Rousey et on me disait que j’avais le même profil. »
Alors, elle se lance dans ce sport hybride, mix de judo, lutte, boxe et ju-jitsu brésilien, et enchaîne les victoires. Mais comme une sportive de haut-niveau doit aussi gagner sa vie, Laëtitia enchaîne les petits boulots. Sur son CV, on peut lire « travailler dans la restauration », « porter des costumes de personnages à Disney », ou « contrôler des billets pour la SNCF ». Aujourd’hui, la Bretonne continue les combats mais passe son temps dans le Thalys, entre Paris, la Belgique et les Pays-Bas et Marseille, avec son coach Charles-Henri Tchoungui. « Il suffit qu’il y ait du retard et je dois modifier ma journée. » Un agenda de ministre qui fait que Laetitia Blot a effacé « le troisième bloc » de sa vie. « Pas de mec parce que pas le temps. » Simple. « Même les soirées avec des amis, quand je suis au régime, c’est compliqué. »
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Un stage type GIGN en Guyane
Alors, en ce moment, Laetitia Blot perd le plaisir. « Je suis en colère. Une ceinture, c’est 25 minutes, mais tellement de sacrifices derrière. Je m’entraîne, je travaille, je perds du poids dans les régimes… Et ensuite, dans la prime, il ne me reste que 1000 balles. Parce qu’il faut payer le manager, l’entraîneur, le préparateur, l’Urssaf. Et en plus, les 2000 euros de bonus qu’on m’a promis, je les perds. C’est ça, la réalité du sportif. »
Ce mois-ci, la championne file en Guyane. Elle va y participer à un stage type GIGN. « Il y aura du grappling, de la boxe et on va aussi visiter la forêt. Je trouve ça bien, ces hommes qui admirent mon parcours et ma capacité à aller plus loin. » Est-ce qu’elle veut aller plus loin dans le MMA ? Une seule chose est sûre, Laetitia Blot sera au rendez-vous pour son combat du 3 juin. Et ensuite ? « On verra. Pour le moment, j’espère surtout que cette défaite va m’apporter autre chose. Et que quelque chose de beau va fleurir de là. Comme un nénuphar. »
Propos recueillis par Assia Hamdi
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