Laura Di Muzio : « Contre l’Angleterre, la France doit faire le match parfait »
L’équipe de France de rugby s’apprête à fouler le gazon de Twickenham en clôture du Tournoi des 6 Nations. Dans ce Crunch, les Françaises auront fort à faire face à des Anglaises qui dominent la planète rugby depuis plusieurs années. On débrief avec Laura Di Muzio, consultante France TV et présidente du Stade Villeneuvois.
Les Sportives : Depuis 2018, la France ne s’est plus imposée face à l’Angleterre. Quelles sont les clés pour mener les Bleues vers la victoire demain dans ce Crunch, surtout quand l’Angleterre pourra compter sur son public ?
Laura Di Muzio : Demain contre l’Angleterre, la France doit faire le match parfait. Les Anglaises ont sorti la grosse équipe. Elles ont l’historique et la confiance, même si je ne les ai pas trouvés très convaincantes dans le contenu dans leur dernier sortie (Irlande-Angleterre 0-48, ndlr). Malgré tout, elles surfent sur une vague de quatre victoires, avec 39 essais à la clé. Donc il faut faire le match parfait. En défense, il faut une prestation du niveau du match de qualification en Nouvelle-Zélande, car on les avait bien cadenassées. On leur avait posé beaucoup de problèmes. Offensivement, il faut concrétiser toutes nos venues dans les 22 mètres. C’est ça qui nous fait un peu défaut. On manque parfois de pragmatisme et on a quelques imprécisions. Donc il faut le défensif du match de Coupe du monde et l’offensif du dernier match contre le Pays de Galles.
Qu’est-ce que l’équipe de France a de plus et de moins par rapport aux Anglaises pour les affronter cette année ?
On a l’initiative du jeu en plus. Je suis super séduite par le contenu offensif proposé par les joueuses de l’équipe de France depuis le début du tournoi. Ca va vite, ca tente, ça envoie du jeu derrière. C’est ce qu’on avait un peu perdu pendant la coupe du monde, et c’est génial de retrouver ça. Par contre, ce qu’on a de moins, c’est la densité physique. Les Anglaises font mal physiquement. Sur les duels, elles ont cette capacité à avancer. Et elles ont des gabarits assez impressionnants, de la première à la dernière.
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On a vu quelques difficultés sur le jeu au pied. Un constat qui est partagé pour les autres équipes du tournoi. Contre l’Écosse, cela n’a pas eu de conséquences par exemple. Mais contre l’Angleterre, la France peut-elle faire la différence ?
Complétement. Sur l’Écosse ce n’est pas gênant parce qu’on marque dix essais. Mais sur l’Angleterre, dès qu’on marque un essai, il faut à tout prix les transformer. Chaque point compte. Le jeu au pied est une partie moins maitrisée chez les féminines. On manque de répétitions à haut niveau, on manque de répétitions sur la partie technique. Je n’aime pas du tout quand on compare les filles et les garçons sur ce sujet. On ne peut pas comparer. Le temps d’entrainement est beaucoup moins important chez les filles donc on se concentre sur les stratégies collectives. Les buteuses n’ont pas le temps nécessaire pour peaufiner le jeu au pied et aller chercher des taux de transformation à 90 %. Mais malgré tout, cette année, on a une des meilleures joueuses du monde qui est Jessy Trémoulière. C’est pour moi une joueuse qui a révolutionné le jeu au pied au niveau mondial. Elle a une très grande profondeur de jeu au pied. Même si en en effet, elle n’a pas été trop en réussite sur les derniers matchs, devant les barres, elle est très forte. Les Anglaises aussi. Je pense que c’est la 13 qui tapera (Helena Rowland, ndlr). Le jeu au pied sera important mais avec la présence de Jessy Trémoulière sur le terrain, je ne suis pas trop inquiète quand il faudra prendre les points devant les barres.
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