La ligue du droit international des femmes a adressé une lettre ouverte au CIO le 3 décembre 2022, dénonçant son silence et demandant la saisie de la Commission exécutive d’une proposition de suspension ou de retrait de la reconnaissance du CNO d’Iran.
Signée par la présidente de la ligue du droit international des femmes, Annie Sugier, la secrétaire générale Linda Weil-Curiel et l’ensemble des membres du CA, avec le soutien du Collectif Paris 2024, la lettre ouverte interpelle dès son objet : Iran, le silence du CIO ?
En outre, l’accès aux stades en qualité de spectatrice est même interdit aux femmes.
Voici un extrait de la lettre ouverte en question :
« Le CIO sera-t-il le seul à conserver le silence :
- au moment où les plus hautes instances internationales condamnent l’oppression institutionnalisée systémique exercée à l’encontre des femmes ?
- au moment où le Conseil des droits humains décide d’ouvrir une enquête internationale sur la répression des manifestations en Iran et la dimension des violences liées au sexe ?
- au moment où le Parlement européen souligne que « le port obligatoire du hijab est devenu un instrument de répression des femmes, qui sont privées de leurs droits en Iran ».
Dans votre adresse aux chefs d’État et de gouvernements membres du G20, réunis à Bali le 15 novembre, vous avez tenu à rappeler que le but fondamental de l’Olympisme était de : « réunir le monde entier dans des compétitions pacifiques sans discrimination d’aucune sorte » et que « le sport olympique demandait la participation de tous les athlètes qui en acceptent les règles ».
C’est pourquoi il nous paraît légitime que vous saisissiez la Commission exécutive sur le fondement de l’article 59-1 de la Charte olympique, en vue de la suspension de ce CNO pour violation grave des principes fondamentaux de l’olympisme.
En effet, après avoir rappelé que « la pratique du sport est un droit humain », la Charte olympique écarte toute forme de discrimination, y compris de sexe (principes 4 et 6).
Or, certains sports sont interdits aux femmes en Iran : natation, gymnastique, judo, boxe et lutte ; la sanction devrait être la non-participation de l’Iran aux JO 2024 dans ces disciplines. En outre, l’accès aux stades en qualité de spectatrice est même interdit aux femmes ! De surcroît, pour les sports autorisés, une contrainte antagoniste à l’esprit du sport leur est imposée : avoir le corps couvert de la tête aux pieds.
La raison ? Obéir à des préceptes religieux inscrits dans la loi de la République islamique d’Iran visant à empêcher toute « mixité », et par conséquent à instaurer un véritable « apartheid sexuel ».
Attitude radicalement prohibée par l’article 50-2 de la Charte olympique, qui impose la neutralité politique et religieuse du sport. C’est pourtant ce cadre restrictif et détrimentaire aux athlètes féminines qu’approuve et met en œuvre le CNO iranien.
Ce faisant ce CNO iranien, dû-t-il se retrancher derrière des injonctions gouvernementales, enfreint la règle posée par l’article 27-6 de la Charte, lequel enjoint aux CNO de « préserver leur autonomie et résister à toutes les pressions, y compris les pressions politiques, économiques, religieuses, qui pourraient les empêcher de se conformer à la Charte olympique ».
Le CIO a déjà été saisi de pareille demande concernant un CNO bafouant manifestement la lettre et l’esprit de l’olympisme : il a su prendre les mesures drastiques qui s’imposaient pour sanctionner l’apartheid racial dans le sport en suspendant puis en excluant l’Afrique du Sud de toute participation pendant trente ans.
Pour l’ensemble de ces raisons, la Commission Exécutive doit être saisie d’une proposition de suspension ou de retrait de la reconnaissance du CNO d’Iran (art. 59-1-4 de la Charte).
En l’état, la République islamique d’Iran n’est pas plus digne de participer à la fête olympique que ne l’était l’Afrique du Sud. »
À lire aussi : Le CIO interpellé sur la situation des femmes en République islamique d’Iran
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