Le handfit est une discipline dérivée du handball classique, pensée par la Fédération française de handball pour proposer une activité moins traumatisante et à un public plus large. Les séances, adaptables à chacun·e, apportent de multiples bénéfices, autant physiques que sociaux et psychologiques.
Plus de 330 000 personnes pratiquent le handball en France. Les récents succès des équipes de France ont participé à la popularité de ce sport. Moins connue que le format classique, une activité dérivée voit le jour en 2016, année où la FFHB met en place le handfit.
Une création pour répondre à deux attentes
La Fédération de handball décide et imagine la création du handfit pour deux raisons. D’abord, pour répondre aux exigences du Ministère de la Jeunesse et des Sports, qui souhaite s’intéresser à la santé des pratiquant·e·s. Les fédérations sont chargées de réfléchir à un plan d’action pour lutter contre différentes pathologies liées à l’inactivité. Côté handball, elle se penche sur cette question, tout en ayant conscience que la pratique peut être assez « traumatisante ». L’idée pour la structure fédérale est d’imaginer « une activité qui permettait de pouvoir améliorer sa santé en toute sécurité », précise Nathalie Delord, chargée de mission développement et animation nationale à la FFHB. Au même moment, la Fédération se rend compte d’une « fuite importante des licenciés de plus de 35 ans ». Nathalie Delord explique alors que l’enjeu est de cibler cette tranche d’âge qui peut renoncer à sa pratique sportive pour des raisons familiales ou professionnelles. « On a réfléchi à un format de pratique qui pouvait se faire sur la pause méridienne pendant 45 minutes, la durée de pratique recommandée par l’OMS », développe-t-elle. Ensuite, la Fédération élargit le Handfit à « tous les profils qui n’étaient pas porteurs de pathologies type ALD (NDLR, maladies de longue durée) ». Plus récemment, en 2021, la pratique s’est ouverte aux personnes porteuses d’ALD.
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Le handfit, c’est quoi ?
Le principe du handfit est en effet de proposer une pratique ludique, plus douce et accessible à tous et toutes. Pour cela, les séances s’organisent autour de cinq séquences. Nathalie Delord détaille ces étapes. « Une première phase, hand roll, basée sur l’automassage prépare les fibres musculaires à l’activité. Puis le hand balance permet de travailler sur l’équilibre et le renforcement musculaire. La séance monte en puissance avec la troisième phase, le cardiopower. La quatrième phase, handjoy, est la partie jouée durant laquelle on reprend les principes et l’ADN du handball avec des cibles à attaquer, des attaquants face à des défenseurs… La séance se termine par le cooldown, où on reprend des automassages pour éviter les courbatures, ou de la sophrologie pour un retour au calme. » Tout au long des séances, la pratique est adaptée aux besoins et aux capacités de chacun·e. « Sur un même exercice, le coach est en capacité d’adapter en fonction des pratiquants », poursuit Nathalie Delord.
Une activité dispensée par des coachs formé·e·s
Les coachs, justement, disposent désormais d’une formation spécifique. Jusqu’en 2020, la Fédération formait les animateur·trice·s handfit afin qu’ils puissent proposer cette activité adaptée et acquérir de bonnes connaissances sur ses bienfaits. En 2020, la Fédération de handball a chargé les ITFE (Instituts territoriaux de formation et de l’emploi) de mener la formation des animateur·trice·s de handfit. Il existe, depuis septembre 2021, un niveau coach handfit, référent pour l’accueil des personnes en ALD. Ces encadrant·e·s sont certifié·e·s à l’issue d’une formation. Nathalie Delord précise que « 80 % de ces coachs sont des personnes issues du handball. Les autres sont des kinés, des médecins, des préparateurs physiques ou des personnes APA qui ont besoin d’une appétence complémentaire. »
Importance de la performance sociale
Le handfit n’a « pas la même finalité que le handball classique. Le but n’est pas de gagner des matchs. » La performance sportive n’est pas directement recherchée. Stéphane Nicol, conseiller technique national à la FFHB, explique que cette dimension du handfit s’inscrit dans l’objectif de performance sociale, qui est une mission depuis deux ans. « Chaque individu s’approprie le handfit pour sa performance sportive. Mais la dimension sociale de l’activité est très importante. » À la fois parce qu’un public large et divers peut accéder à cette pratique, et aussi parce que l’aspect collectif de cette activité est primordial.
Les bienfaits du handfit
Selon le type de prévention, les objectifs du handfit varient. S’il s’agit d’une prévention primaire, l’intérêt principal est de maintenir une bonne santé. Ainsi, le handfit permet à des personnes contraintes par le temps de mener une activité physique complète et collective. Le handfit peut être utile pour « fondre la masse graisseuse et gagner en masse musculaire » ou pour travailler sa « bonne posture ». Les séances moins traumatisantes que le handball sont aussi adaptées à celles et ceux qui veulent reprendre une activité « après des ruptures, telles que la grossesse, ou des blessures ». Chacun peut « repartir tranquillement sur une activité en étant accompagné ». Nathalie Delord évoque une joueuse de l’équipe de France de Handball qui, enceinte, pense à se tourner vers le Handfit pour ne pas arrêter complètement sa pratique sportive.
Force du collectif et confiance en soi
La chargée de mission développement et animation nationale insiste sur les bénéfices sociaux de l’activité. Elle permet à des salarié·e·s de « retrouver des partenaires pour pratiquer ensemble et quitter leurs ordinateurs ». Les adeptes peuvent même « prolonger à la maison leur pratique ». La force du collectif est aussi particulièrement intéressante pour travailler la confiance en soi. Le handfit est, entre autres, adapté aux personnes qui reprennent le sport après une maladie. « À la suite d’un cancer, par exemple, d’un traitement fort qui peut fragiliser ou malmener l’organisme, le handfit permet de se réapproprier son corps, parfois transformé par la maladie. » Finalement, il est un bon « accompagnement thérapeutique ». Nathalie Delord explique que face à « un accident de parcours, les handballeurs peuvent se tourner vers cette alternative ». Et d’ajouter, « c’est chouette pour eux de savoir qu’ils peuvent continuer à pratiquer malgré les difficultés ». Un des atouts du handfit est de permettre la rééducation des pratiquant·e·s, suivi·e·s par des médecins ou des coachs sportif·ve·s, en dehors des structures très médicalisées.
Quel futur pour le Handfit ?
Actuellement, « entre 350 et 400 clubs de handball sont en capacité de proposer du handfit ». L’enjeu pour la Fédération est de développer l’activité sur tout le territoire. Pour cela elle essaye de faire connaître le handfit aux médecins prescripteurs. Ils sont importants car ils peuvent proposer à leur patientèle de suivre plusieurs séances. Nathalie Delord explique que des outils vont leur être proposés pour la prescription et le suivi de cette nouvelle pratique. Les différents coachs sur le terrain aussi informent les médecins, les kinésithérapeutes, les maisons sport-santé… pour développer l’activité. De nouveaux clubs s’y intéressent et souhaitent proposer l’activité, pour différentes raisons. « Des clubs souhaitent proposer le handfit à des entreprises, qui sont pourvoyeuses de pas mal de fonds, relève Nathalie Delord. L’aspect santé plaît aussi aux clubs qui travaillent ainsi avec des structures médicales. » Certains clubs désirent associer les parents et familles des enfants qui viennent s’entraîner. Plutôt que rester dans les gradins, autant profiter de ce temps pour s’activer. La Fédération met en avant les nombreux atouts du handfit pour faire connaître le sport et inciter les clubs à s’engager.
Paris 2024 en ligne de mire
La structure fédérale a répondu à un appel à projet dans le cadre des prochains Jeux olympiques. L’organisation de Paris 2024 accompagne le projet Tous au handfit. « Les premiers objectifs étaient de former la première cohorte de coachs et de se rapprocher des maisons sport-santé. On a déjà signé une convention avec celle de Créteil », développe Nathalie Delord. Ce projet devrait permettre le développement du handfit puisqu’elle évoque aussi la création d’un outil de mesure de l’impact pour évaluer les bénéfices de l’activité.
La formation des coachs est essentielle. Une deuxième cohorte de coachs sera formée à partir de septembre. En 2024, la Fédération souhaite également organiser des assises sport-santé afin de présenter le handfit et d’en montrer les premiers résultats. Nathalie Delord conclut en évoquant la volonté de la FFHB d’associer le développement du handfit à un territoire précis. L’Occitanie peut-être. Cela permettrait de réaliser une expertise détaillée du handfit. L’objectif sera « d’obtenir des données quantifiables, de personnes en ALD accompagnées par des médecins. Et d’analyser le parcours d’accompagnement à la bonne santé de personnes qui ne sont pas ou plus porteuses de pathologies. »
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Crédit photo : FFHandball/icon
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