Bien implanté en Espagne, le padel se fait petit à petit sa place en France. Les deux championnes françaises Audrey Casanova et Laura Clergue exposent les avantages de leur sport de raquette…même pour celles et ceux qui n’ont jamais joué au tennis.
Importé en Europe depuis l’Amérique du Sud, le padel a subi une ascension fulgurante ces dernières années, en particulier en Espagne, où il est aujourd’hui pratiqué par 2 300 000 adeptes, parmi lesquels 38% de femmes. Le padel est ainsi le deuxième sport espagnol, après le football. C’est beaucoup moins qu’en France, puisque la Fédération française recense environ 20 000 pratiquants parmi lesquels 15% de femmes.
Longtemps comparé au tennis, le padel est pourtant un sport qui peut convenir aux personnes qui n’ont jamais joué à un sport de raquette de leur vie. « C’est une pratique qui rend assez accro ! », insiste Laura Clergue, numéro un française et 58e joueuse mondiale. Avec sa compatriote Audrey Casanova, multiple championne de France et vice-championne d’Europe, elle nous explique ce qui fait du padel une discipline attractive, même pour les débutants.
Le padel, plus accessible que le tennis
Sport de raquette, même système de score, filet… le padel est un sport qui ressemble au tennis et pratiqué par plusieurs grands joueurs du classement ATP. Pourtant, « une personne qui n’a jamais fait de tennis peut bien jouer et s’amuser en peu de séances », rassure Laura Clergue. Au padel, la raquette n’a pas de cordages et les terrains sont plus petits. « Le sport est aussi moins exigeant techniquement », poursuit sa compatriote, Audrey Casanova, 124e joueuse mondiale.. Sur un terrain, « la balle rebondit et ricoche », avertit la joueuse. Avoir des muscles n’est pas donc pas toujours un avantage. « Mon papa a presque 75 ans, poursuit Audrey Casanova. Sur un terrain, il bouge peu mais il arrive à rattraper toutes les balles. » En clair, avec une bonne stratégie, un joueur peut compenser un manque de puissance ou de technique.
Audrey Casanova a déjà pratiqué le squash et se sent mieux sur un terrain de padel. « Au squash, le mur me frustrait. Ici, on a un filet et pas de mur en face de nous : la balle a le temps de voyager, on a de la place. » Un match de padel est aussi plus rythmé qu’un match de tennis. « La balle est toujours en jeu et il n’y a pas de temps mort où on doit aller la chercher, alors que c’est le cas au tennis. » Par conséquent, au padel, il vaut mieux être un peu endurant pour tenir sur l’intégralité d’un match. « On se déplace sur de plus petites distances et on touche la balle moins, car on est deux, explique Laura Clergue. Les points peuvent donc être très…très longs. » Le padel est donc un sport idéal quand on veut dépenser des calories.
Une discipline conviviale
A la différence du tennis, qui peut se jouer au simple, le padel est un sport qui se pratique en deux contre deux. « Ici, on ne se retrouve jamais seul sur le terrain », apprécie Laura Clergue. Les adversaires ne sont pas si loin non plus. » C’est donc un sport auquel Laura aime jouer avec ses amis. « J’en ai fait tester certains et ils se sont vraiment amusés. Au fond, on est un peu dans le même esprit qu’au beach volley. » Comme le padel ne se joue qu’en double, chaque joueur doit cependant se sentir en osmose avec son binôme pour amasser des points. « On est obligés d’être soudés car on doit se parler à chaque balle pour savoir qui monte au filet et qui reste au fond. » Chaque paire est composée d’un gaucher et d’un droitier. « On doit aussi avoir des caractères compatibles », avertit Audrey Casanova. Mais une fois le bon partenaire trouvé, le joueur de padel s’assure de passer de très bons moments, en témoigne Laura Clergue. « Au tennis, il n’y avait plus que le double qui me plaisait. Gagner seul ou perdre seul n’avait plus aucun intérêt pour moi. Ce que j’aime et ce qui me plaît dans le padel, c’est de pouvoir partager mes joies et mes tristesses sur un même terrain. » Audrey Casanova apprécie de pouvoir « s’encourager perpétuellement » avec son binôme.
En France, 250 tournois organisés depuis un an
Depuis 2014, la pratique du padel en France est régie par la Fédération française de tennis. Si la France reste loin de l’Espagne au niveau de la pratique, « des clubs s’ouvrent tous les mois », souligne Laura Clergue, qui s’entraîne et vit en Espagne depuis quelques mois. D’après la FFT, 250 tournois ont même été organisés sur le territoire depuis octobre 2016. Aujourd’hui, une licence FFT permet de pratiquer le padel, le tennis et le beach tennis. « Cette évolution a donné un cadre à la pratique du padel en France, se réjouit Laura Clergue. Il y a des vrais championnats de France depuis trois ans. » Encourageant. Pour autant, la numéro un française pense que pour que la pratique du padel évolue, le tennis et le padel ne doivent plus être corrélés. « Il faudrait un enseignement à l’espagnol et non pas que le sport soit enseigné par des personnes qui proviennent du tennis et jouent au padel. » La joueuse admet qu’elle cherche à se nourrir de la culture espagnole du padel pour ensuite pouvoir la communiquer en France. « L’idéal, un jour, ce serait que les gens se disent ‘okay, je n’ai pas joué au tennis, mais je peux jouer au padel’. »
Propos recueillis par Assia Hamdi
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