Sélectionnée pour les Jeux olympiques après avoir réussi les minimas en 2019, la perchiste Ninon Guillon-Romarin ne s’envolera pas pour Tokyo en raison d’une décision de la Fédération française d’athlétisme. Son club de Cergy-Pontoise condamne cette non-sélection, estimant que c’est une punition « pour son choix d’avoir voulu être mère ».
La perchiste de 26 ans, Ninon Guillon-Romarin, ne disputera pas les Jeux olympiques. Seule Française ayant réussi les minimas olympiques en saut à la perche, elle était sélectionnable pour Tokyo. En 2019, elle avait réalisé deux sauts à plus de 4m70. Pourtant, la Fédération française d’athlétisme et son comité de sélection ne l’ont pas retenue. Pour le club de Cergy-Pontoise (EACPA) où évolue Ninon Guillon-Romarin, cette décision est une sanction contre l’athlète qui a décidé d’être mère en parallèle de son parcours sportif. « Le comité de sélection a voulu punir cette athlète pour son choix d’avoir voulu être une mère »,déclare l’EACPA dans un communiqué transmis à l’AFP.
Un rêve brisé par une parole non-tenue
« La fédération lui a assuré qu’elle participerait aux Jeux et qu’elle pouvait aller au bout de son projet de devenir mère. Seulement, à deux jours de la sortie de la sélection, Florian Rousseau (NDLR : le directeur de la performance de la FFA) a appelé Ninon pour lui annoncer qu’il revenait sur sa parole et pour lui briser son rêve et tous les efforts réalisés depuis l’accouchement », se révolte son club. Ninon Guillon-Romarin a accouché de son premier enfant en février. Cinquième des derniers championnats d’Europe et détentrice du record de France de saut à la perche (4m75), elle était revenue à la compétition en juin. Malheureusement, elle a terminé ses deux concours (à Cergy-Pontoise puis aux Championnats de France) à 4m05, bien loin de ses performances personnelles et des attendus internationaux.
Contactée par l’AFP, la FFA affirme que ce sont ses résultats des compétitions du mois de juin qui expliquent cette non-sélection. « Conscient de tous les efforts réalisés par l’athlète pour tenter de revenir à son meilleur niveau à l’occasion des Jeux olympiques de Tokyo, le comité de sélection se doit de décider au vu de critères sportifs factuels et assume sa décision au regard de l’état des performances de l’athlète lors des récentes compétitions. »
Des « décisions patriarcales et pleines d’injustices »
Pour l’EACPA, la raison n’est pas sportive mais serait le reflet d’une inégalité entre athlètes femmes et hommes. « Malheureusement c’est une femme et elle n’a pas la place qu’ont les athlètes hommes dans l’esprit de Florian Rousseau et Medhi Baala, tous deux aux manettes du haut niveau », estime le club de Cergy-Pontoise.
Seconde injustice pour l’EACPA. Ninon Guillon-Romarin a accouché puis est revenue à la compétition. Ce n’est pas le cas de tou·te·s les athlètes retenu·e·s par la FFA. « Nous vous demandons simplement de vous interroger sur la présence de personnes qui ont été sélectionnées cette année sans performance réalisée, sans être venues aux élites ou alors à l’infirmerie. »
Dans une période où le monde du sport évolue, l’Entente Agglomération Cergy-Pontoise se questionne sur la modernité de la Fédération française d’athlétisme : « La FFA reste sur ses décisions patriarcales et pleines d’injustices. La fédération souhaite porter un message qui est aujourd’hui à contretemps. » Avec la décision du CIO qui autorise les nourrissons allaités à accompagner leur mère au Japon, les athlètes pouvaient espérer conjuguer la maternité et leur carrière sportive. La décision de la FFA vient contredire cette avancée.
Crédit photo : FFA
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