Paris 2024 : À la Pride House, on célèbre la diversité et l’inclusion dans un esprit bon enfant
La 24e Pride House a élu domicile sur la péniche du Rosa Bonheur sur Seine pendant toute la durée des Jeux olympiques de Paris 2024. Un bel écrin ouvert à toutes et tous situé à deux pas de plusieurs lieux de compétition, pour célébrer les visibilités LGBTQIA+.
Lorsque l’on arrive à la Pride House centrale de ces Jeux de Paris 2024, on est tout de suite séduit par le charme de son emplacement. C’est au Rosa Bonheur sur Seine qu’il a élu domicile sur toute la durée des JO, un bar installé sur une péniche au voisinage de choix, à deux pas du Grand Palais et du pont Alexandre-III. Cet après-midi, c’est pourtant vers le grand écran du restaurant que ses visiteurs et visiteuses ont les yeux rivés. Il n’est que 17h mais l’ambiance est déjà chaude pour assister à la finale de l’épreuve de football féminin.
Romane, étudiante parisienne, vient régulièrement au Rosa Bonheur. Ce soir, elle a emmené deux de ses amies : « J’avais entendu parler de la Pride House, alors je me suis dit que quitte à ce que l’on aille se poser dans une fan zone pour les JO, autant venir ici. » La Pride House, c’est un espace créé pour offrir un lieu sûr et accueillant pour les athlètes et membres de la communauté LGBTQIA+ pendant les grands évènements sportifs. Mais aussi proposer un lieu de célébration et de sensibilisation aux diversités et aux enjeux de l’inclusion dans le sport, à destination de tous les publics. Au Rosa Bonheur, il y en aura eu pour tous les goûts sur ces olympiades : retransmissions des épreuves à partir de 12h, initiations pour promouvoir les pratiques sportives non-genrées, prises de parole, expositions, performances artistiques, etc. Romane s’en réjouit : « Je suis optimiste. […] Je me dis que globalement les choses vont de mieux en mieux et que ce type d’initiatives c’est important aussi, parce que ça crée des espaces pour se retrouver au sein de la communauté LGBTQIA+ pendant les JO, mais aussi ouverts à d’autres personnes. »
« C’est très animé, surtout quand il y a des finales. »
La jeune femme note que le bar est très rempli en cette période olympique : « Globalement, je dirais qu’à cette heure-là de la journée, il n’y a personne d’habitude au restaurant. » Selon elle, l’emplacement de la Pride House n’y est pas pour rien : « La situation géographique, sur les quais et en plein centre de Paris, fait qu’il y a beaucoup de passages. » Le Rosa Bonheur sur Seine est aussi situé à deux pas de plusieurs lieux de compétition, le Grand Palais (escrime, taekwondo) ou l’Esplanade des Invalides (tir à l’arc). Le lieu attire ainsi un public qui ne fait pas forcément partie de la communauté LGBTQIA+. Ici, on voit notamment beaucoup de familles, de vacanciers et vacancières venu·es de l’étranger pour les JO, charmé·es par l’ambiance bon enfant et décontractée de la fan zone. « Le Rosa, c’est plutôt un espace lesbien de base. Mais là, on voit un peu de tout, ce qui est cool aussi. Les gens viennent surtout pour le sport, mais je vois qu’ils se sentent à l’aise et qu’ils sont contents d’être là. L’ambiance est bonne, et c’est très animé, surtout quand il y a des finales. »
« On accepte tout le monde ici, et c’est très facile de discuter. »
Pour Patrick, exposant dans le cadre de la Pride House et venu tout droit d’Agen, cette ouverture à toutes et tous est aussi l’occasion de sensibiliser l’échantillon le plus large aux enjeux du combat contre toutes les discriminations et les préjugés. « Le contexte est super parce que les gens peuvent arriver ici un peu par hasard ou par simple curiosité. » Il a proposé avec son association OS une « zone anti-préjugés » sur le bateau, pendant toute la durée des JO. « En gros, on propose aux gens directement concernés de donner leur avis sur les préjugés qu’ils reçoivent sur de grandes affiches. », exposées et enrichies au fil des jours. « Si une personne a déjà vécu ce qui écrit, sa première réaction va être de sentir qu’elle est pas seul. » Elle pourra à son tour ajouter un mot si elle le souhaite : « En fait, on essaie d’organiser la libération de la parole, de façon un peu fun et souriante ».
Il m’explique que l’idée c’est de passer par l’art pour « décaler le regard, essayer d’aller chercher les gens sans leur donner de leçons ». Son association porte le drapeau de la lutte contre les préjugés, non celui de la seule communauté LGBTQIA+, « Ce qui est intéressant, c’est que l’on va traiter des sujets liés à la communauté, mais dans un espace grand public. On accepte tout le monde ici, et en fait on se rend compte que c’est très facile de discuter. » Il raconte qu’il n’a eu que de bons contacts : « Moi, ce qui m’intéresse, c’est d’aller chercher des gens pas convaincus. Hier soir encore, on a discuté avec un couple de personnes âgées qui avaient un peu de mal, et c’était super intéressant. » Patrick conclut en disant que la Pride House est une belle initiative, où l’on essaie d’agir à la fois concrètement et sur le plan du message d’inclusion envoyé.
« Ça permet de rendre visibles les athlètes LGBTQIA+ invisibilisés dans le sport »
Patrick Ferlin, cette fois-ci bénévole à la Pride House, nous explique que « cette initiative est très symbolique, car avant tout elle permet de rendre visibles les athlètes LGBTQIA+ qui sont totalement invisibilisés dans le sport. Tout simplement parce que ce n’est pas un lieu qui est propice au coming out, pour les personnes trans, comme gay, bisexuelles, ou lesbiennes. » Le sport doit encore se moderniser, surtout dans certains sports « où les fédérations n’en font pas encore assez pour inclure les personnes LGBTQIA+. » Il revient pour nous sur l’élaboration de cette Pride House des Jeux de Paris : « C’est un lieu entièrement bénévole. La Pride House de Paris 2024 a été mise en place sous l’égide de la Fondation Fier, qui a créé l’association Fier Play elle-même à l’origine de la Pride House. » La Pride House, développe-t-il : « c’est un terme générique pour rendre visible les personnes LGBTQIA+ dans le sport, et qui intervient pour les grandes manifestations sportives internationales depuis les JO de Vancouver de 2010. » Mais ce n’est pas la même association qui l’organise d’un événement sportif à l’autre. Pour sa 24e édition cette année, c’est Fier-Play qui l’a mise en place en place, suite aux Gay Games de Paris 2018. « À l’issue de ces Jeux, il restait quelques centaines de millions d’euros. Ça a servi en partie pour cette Pride House. »
Le Rosa Bonheur aura plutôt souri à la Pride House : « Les gens viennent, et même si la vedette ici ça reste quand même le sport et les médailles […] on arrive à organiser plein de choses et les gens sont très à l’écoute ! ». Si la fan zone ferme ce soir, la fête continue pour la Pride House pendant les Jeux paralympiques. Elle se déplace dans sa nouvelle maison, le Club France, à partir du 28 août et jusqu’au 8 septembre, avec une nouvelle programmation autour des enjeux de l’inclusion et de la diversité.
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