Equipe de France - Josephine JACQUES ANDRE COQUIN -Laura FLESSEL COLOVIC - Maureen NISIMA - Sarah DANINTHE - epee - 19.07.2011 - Championnat d Europe d Escrime -Sheffield Photo : Fred Porcu / Icon Sport - Photo by Icon Sport
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Paris 2024 : Elles se remémorent les derniers instants avant d’entrer en piste aux Jeux olympiques [3/4]

Claire Smagghe
26.07.2024

Elles ont défendu le maillot tricolore lors d’une olympiade. Quatre athlètes reviennent sur les derniers instants avant d’entrer en lice. Entre euphorie et pression. Un mélange de sentiments qu’il faut réussir à dompter pour performer. Dans cet épisode de notre série, Sarah Daninthe, médaillée de bronze en épée par équipe des Jeux olympiques d’Athènes en 2004, revient sur les dernières heures avant leur entrée en lice. 

Pour les Jeux olympiques d’Athènes, j’étais logée dans un appartement non loin du lieu de la compétition. À quelques minutes à pieds. J’avais passé une journée sereine, à m’occuper l’esprit et penser à autre chose qu’à l’événement. Quand le besoin d’y penser était trop fort, je me posais pour y réfléchir et ainsi évacuer la pression

En fin de journée, j’ai préparé mon sac de compétition. Je savais que je ne pourrai pas revenir à l’appartement en cas d’oubli. J’ai essayé ma tenue une dernière fois avec les anneaux olympiques brodés dessus. Je l’ai bien replié et posé avec attention dans ma housse d’escrime. Mes armes bien bichonnées rangées elles aussi dans la housse. Mon masque, mon gant et mes chaussures. J’avais comme une sensation de fierté en regardant l’ensemble. Mais aussi un mini stress à l’idée d’oublier quoique ce soit. J’y ai rajouté mes en-cas, gourdes etc., ainsi que mon carnet de compétition. Celui sur lequel je référence mes matchs et analyse mes adversaires mais aussi mes ressentis de cette folle année olympique.

Je ne suis pas nerveuse. Par moment, je pense à demain mais je reviens toujours au moment présent pour ne pas laisser mon esprit faire lui-même sa compétition la veille de l’événement. Je l’ai déjà vécu, c’est une grande perte d’énergie émotionnelle. Je me le rappelle et passe à autre chose. Et je fais l’exercice à chaque fois que nécessaire.

Je rejoins les autres athlètes.
On sort dîner ensemble non loin de l’appart pour s’aérer l’esprit.
Parler. Rire. Permettent de décompresser et de garder l’événement loin.

On rentre à l’appart, je bois beaucoup d’eau avec la chaleur qu’il fait.
Je vérifie que j’ai bien tout ce dont j’ai besoin dans ma housse d’escrime une nouvelle fois pour demain. J’y place mon accréditation tout de suite. Je me rends compte que mon vrai stress est ici, oublier quelque chose dont j’aurai besoin.
On passe un court moment ensemble dans le salon et on regarde les infos car dans la journée des potes ont été médaillés. Je souris. Je fête. Puis je réalise qu’ils ont fait quelque chose de grand. Je ne me laisse pas envahir et je fais l’effort de garder mon attention dans le présent pour éviter à mon cerveau de commencer sa complétion

Plus tard je vais dans ma chambre. Je me couche. Je regarde le plafond. Je sens que je vais avoir du mal à trouver le sommeil mais ce n’est pas hyper grave car la nuit la plus importante, l’avant veille, j’ai très bien dormi.

Comme mon cerveau s’agite, cogite, je m’étire une peu pour détendre mon corps. Le corps détendu permet aussi de détendre l’esprit. Je me mets un peu de musique douce en même temps. Puis je répète quelques mantra dont : « j’ai beaucoup travaillé pour être ici. Je profite de mon moment. C’est MON moment. Je réalise quelque chose de fort dont je peux être fière. Je suis reconnaissante pour ça. Alors je souris. Et Kiffe! ». Dès que je souris et que je répète quelques mantras différents, ça m’apaise. Ça me remet au présent.

Je me recouche. Je pense à ma famille et à mes amis que je remercie pour leur soutien et je finis par m’endormir. Sereine. Non agitée.
Au réveil. J’étais contente puis rapidement excitée.
Prête. J’avais bossé pour ça et j’avais envie de m’éclater.
Je prends du temps pour moi au lit avant de me mettre en action.
J’étais suffisamment sereine pour m’occuper d’un des athlètes qui avait bien fêté les médailles la veille au soir et qui n’était donc pas frais. Avec le recul je me dis que le matin de ma compétition aux jeux olympiques, je prends soin de fêtards au réveil, c’était que j’étais déjà bien dans LA ZONE. 

 

⏩ Premier épisode : Avec Thélia Sigère

⏩ Deuxième épisode : Avec Camille Ayglon-Saurina 

Claire Smagghe
26.07.2024

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