Dans l'actu

Paris 2024 – Michaël Jérémiasz : « Ce sont les plus grands Jeux paralympiques de l’histoire »

Mejdaline Mhiri
08.09.2024

Alors que les Jeux paralympiques touchent à leur fin, Michaël Jérémiasz évoquent ses espoirs de changements dans la société française mais aussi les perspectives à venir pour le sport handi. 

Après des semaines chargées en émotions, les Jeux paralympiques se terminent, refermant avec eux le livre merveilleux de cet été enchanteur. Si des enseignements précis devront être tirés sur les réussites mais aussi les échecs sportifs, Michaël Jérémiasz, chef de mission de la délégation paralympique tricolore, revient à chaud sur l’enthousiasme généré dans le pays, la qualité de l’organisation et les perspectives qui se dessinent. 

 

Qu’est-ce-que vous espérez que ces Jeux aient changé ?

Michaël Jérémiasz : Qu’ils aient contribué à banaliser le regard que l’on porte sur l’autre, c’est fondamental ! Mais aussi que l’Etat et le gouvernement se sentent vraiment obligés de faire le job maintenant parce qu’ils n’auront plus 12 millions de personnes handicapées qui vont les emmerder mais aussi tout un peuple qui s’est pris de passion pour ces Jeux. J’espère qu’on va accélérer la transformation de notre société, et pas uniquement sur l’accessibilité, aussi sur la citoyenneté pleine et entière des personnes en situation de handicap.

Avant les Jeux, vous aviez dit que votre travail se poursuivait après le 9 septembre. A quoi allez-vous être attentif maintenant ? 

Il y a tout une période de célébrations qui commencent. Ensuite, on sera dans la continuité de ce que l’on a entrepris. On va voir qui vont être nos ministres, quels vont être leurs objectifs, la manière dont ils vont les porter. Il faudra aller les rencontrer tout comme les médias pour voir quelles sont les prochaines compétitions qu’ils vont couvrir et, dans les médias généralistes, la façon dont ils vont traiter du handicap désormais. Mais aussi de continuer le travail entamé il y a vingt ans avec les partenaires privés. 

Est-ce-que vous avez le sentiment que la France a fait mieux que la Grande-Bretagne qui avait organisé des Jeux paralympiques d’une grande qualité à Londres en 2012 ?

L’ambition était déjà de faire aussi bien. Tous les intervenants avec qui j’ai échangé, que ce soient les athlètes, les staffs, les observateurs étrangers, des Anglais notamment, sont unanimes : ce sont les plus grands Jeux paralympiques de l’histoire. Ils vont servir de référence dans tout ce qu’on a pu créer. C’est une énorme fierté pour tous ceux qui y ont cru et qui se sont investis.

Michaël Jérémiasz sur scène, lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux paralympiques. @CNOSF / KMSP

Sur les 19 médailles d’or remportées par la France, seulement trois l’ont été par des sportives. Comment faire mieux pour que les femmes porteuses de handicap accèdent au sport et au haut niveau dans notre pays ? 

La plupart des personnes handicapées qui ont eu un accident de la vie sont des hommes, âgés entre 18 et 25 ans. Ensuite, c’est un peu la double peine. Quand vous êtes une femme en situation de handicap, la question de la transformation du corps, et je parle pour des handicaps visibles, où il y a cet enjeu du rapport à soi, de la féminité, du rapport à la séduction, est complexe. Parce qu’on va te dire que pour être une championne, il faut que tu prennes deux fois plus de masse. Il y a aussi ce frein-là. Et enfin parce que l’accès à la pratique sportive, comme c’est toujours le cas chez les valides, est plus difficile pour les femmes. C’est un problème culturel, c’est aussi un problème de modèle. 

Les hommes et les femmes ont bénéficié de moyens similaires pour performer aux Jeux paralympiques ? 

Pour les hommes et les femmes qui étaient sur les listes élites, il n’y a eu aucune distinction en termes de revenu. Autrement, ce serait de la discrimination au sein d’une population déjà discriminée ! C’est qu’aujourd’hui, il faut en faire plus (pour les femmes). A mon sens, ce n’est pas l’égalité qu’il faut pour rééquilibrer. Il faut en mettre plus dans des structures, auprès de ces personnes qui n’ont pas assez accès au sport. 

Donc améliorer la détection…

Bien sûr ! L’enjeu est de donner envie. Mais notre priorité absolue est surtout qu’il y ait des millions de pratiquants. D’abord pour vivre plus longtemps et en bonne santé. Et ensuite, parmi les quelques pépites, qu’ils deviennent champions. 

 

Mejdaline Mhiri
08.09.2024

Vous avez relevé une coquille ou une inexactitude dans ce papier ?
Proposez une correction à notre rédaction.