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Paris 2024 : « On est un peu devenu une grande famille de bénévoles »

Maud Tardieux
08.09.2024

Comment les volontaires des Jeux ont vécu Paris 2024 ? Retours d’expérience choisis de l’aventure olympique et paralympique de 45 000 bénévoles, venu·e·s de tous les horizons pour participer à l’édition française du plus grand évènement sportif mondial.

S’il y a bien un dénominateur commun entre les volontaires de Paris 2024, c’est d’être des passionné·e·s de sport. Rencontrées en pleine mission dans l’une des déconsignes du Club France, Clothilde, Juliette et Lucie ne se sont pas lancées dans l’aventure par hasard. Le sourire aux lèvres malgré la pluie battante qui tambourine au-dessus de leurs têtes et déjà un peu de nostalgie dans les yeux, elles vivent ce soir leur dernière soirée des Jeux.

Venues spécialement de Bretagne, Franche-Comté et Alsace, elles confient que cela fait bien longtemps qu’elles avaient bloqué leur été. La première, employée au comité régional breton de canoë kayak, raconte être venue « pour faire vivre et vivre l’événement. Parce que des Jeux à la maison, ça n’arrive qu’une seule fois dans une vie ». Juliette dévoile quant à elle avoir « toujours voulu participer en tant que bénévole à ce genre d’événements, encore plus aux Jeux olympiques. Surtout que l’on sait que les faire en tant qu’athlète, ce n’est pas donné à tout le monde ». La Bisontine, infirmière de profession, savoure aussi sa chance : seulement 15 % des personnes ayant candidaté ont effectivement été retenues, dont un·e sur trois vient du mouvement sportif.

« On est un peu devenu une grande famille de bénévoles »

Au moment de dresser le bilan, Juliette ne garde que du positif de son expérience bénévole. « C’est vrai que j’avais des appréhensions sur les transports, la sécurité, etc. Mais ça s’est super bien passé et d’ailleurs je n’ai entendu que des retours enthousiastes, de la part des athlètes, des staffs, etc. Nous [les volontaires], on a vécu des choses inoubliables qui resteront gravées en nous : des moments de partage, que ce soit avec les athlètes ou les autres volontaires. En fait, on est un peu devenu une grande famille de bénévoles. » Selon leurs missions, elle et ses camarades étaient en contact direct avec les athlètes et para-athlètes. C’est ce que nous raconte Lucie, mandatée sur le triathlon féminin pendant les JO : « J’étais en bateau juste à côté des triathlètes quand elles ont plongé, donc sur la ligne de départ. Je devais les suivre sur la Seine, en sachant qu’il y avait toutes les caméras et qu’il fallait qu’on fasse hyper gaffe. Mais ça restera mon meilleur souvenir des Jeux ». 

Lucie a d’ailleurs tellement aimé son volontariat aux JO qu’elle a décidé de rempiler pour les Paralympiques. Le succès a là encore été au rendez-vous : « Les Paralympiques, il y a eu énormément de monde. Quand tu vois juste le Club France, ils l’avaient réduit de moitié mais tous les soirs c’était blindé. Tu avais des files partout, en fait autant que pour les Jeux olympiques. » Même carton plein sur les lieux de compétition, ajoute Juliette : « C’était pas forcément gagné d’avance, car ça commençait au moment de la rentrée. Mais les stades étaient remplis et il y avait de superbes ambiances. Les athlètes avec qui j’ai pu discuter disaient qu’ils n’avaient jamais connu ça. » 

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« Pour le public, c’est cool de pouvoir s’identifier aux bénévoles » 

Les trois jeunes femmes, également en poste sur les épreuves olympiques et paralympiques de canoë-kayak, estiment que ce sont aussi les volontaires qui ont fait l’empreinte et l’éclat des JOP français. Les publics, médias, staffs et athlètes ont entretenu un enthousiasme vif et constant pour le rôle et la bonne humeur des « petites mains » des Jeux. Une clé de cette ferveur, pour Juliette, c’est qu’un peu tout le monde pouvait se reconnaître parmi elles et eux : « Je pense que le fait qu’il y ait eu de tous les âges et de toutes les origines parmi les volontaires, c’est aussi ce qui a plu aux gens et fait la force de Paris 2024. Même pour le public, c’est cool de pouvoir s’identifier aux bénévoles. » Selon Clothilde, il faut aussi souligner que des efforts semblent avoir été déployés pour mettre en lumière leur part centrale dans l’organisation de l’évènement : « Sur tout ce qui se passait, on les voyait sur les terrains de compétition. Celles et ceux qui nettoient, font les protocoles, placent dans les gradins, etc. Tout le monde était un peu mis en avant ».

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« Il va falloir se reposer un peu »

Alors, forcément, ce n’est pas évident de se projeter dans l’après-Jeux. « C’est difficile, parce que pendant des semaines on est soudé·e·s, on fait la fête, on vit des moments magiques et puis chacun repart chez soi. La parenthèse se clôt et on n’a parfois même pas le temps de se dire au revoir » explique Juliette. « Il y a de la tristesse car c’était une expérience incroyable. On a déjà connu ça à la fin des JO, avec un premier gros coup de nostalgie : on sait que ça va être encore ça. Mais d’un autre côté, c’était tellement intense que je crois qu’il va falloir se reposer un peu. » sourit Lucie. Elle n’en regarde pas moins déjà vers les prochaines échéances olympiques et paralympiques. Avant d’essayer de remettre ça à la maison en 2030, ce sont deux autres grandes fêtes sportives qui se profilent à l’horizon : Milan en 2026 et Los Angeles en 2028.

Maud Tardieux
08.09.2024

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