Paris 2024 (para tennis de table) – Thu Kamkasomphou : « On ne cache plus les handicapé·e·s comme avant »
Présente aux Jeux paralympiques depuis Sydney en 2000, Thu Kamkasomphou est l’une des incarnations de l’expérience au sein du clan tricolore. La para pongiste, déjà riche de sept médailles, va tenter d’en décrocher une nouvelle, en simple, mardi 3 septembre. Avant l’événement, Les Sportives a échangé avec la championne sur l’ensemble de son parcours et sur les évolutions du handi sport.
Née au Laos en 1968, la trajectoire de Thu Kamkasomphou est jalonnée d’obstacles surmontés et de victoires. Atteinte d’une périartérite noueuse dans sa jeunesse, elle interrompt à 18 ans sa carrière naissante pour se tourner vers le handi sport. Avec succès tant elle a accumulé les trophées et est désormais l’un des visages de la délégation française de ces Jeux paralympiques. Toujours aussi ambitieuse, Thu Kamkasomphou s’est confiée aux Sportives avant l’échéance parisienne.
Les Sportives : Vous souvenez-vous de vos sensations lors de vos premiers Jeux paralympiques, il y a 24 ans ?
Thu Kamkasomphou : J’avais deux rêves en débutant le tennis de table : être championne du monde et olympique. À Sydney, en 2000, l’expérience fut incroyable. Le souvenir le plus fou est d’avoir fait retentir la Marseillaise, un symbole fort en tant qu’immigrée, pour ma famille et ainsi que toutes les familles réfugiées. Même si c’est en paralympique, le fait d’avoir décroché la médaille d’or dans l’épreuve en simple m’a permis d’atteindre le premier de mes objectifs (elle sera championne du monde à Taiwan en 2010, NDLR).
Quelles traces vous ont laissé les différentes olympiades auxquelles vous avez participé ?
À chaque fois, j’essaie de véritablement me focaliser sur ma compétition et de faire abstraction du reste donc il est difficile pour moi de répondre à cela. Mais je dois dire qu’à Pékin et Londres, on a joué devant une salle pleine, ce qui n’était pas le cas de Sydney et d’Athènes… À Pékin, le pays de la petite balle, l’engouement était vraiment au rendez-vous. Les Jeux de Londres ont complètement intégré l’inclusion des personnes en situation de handicap avec les valides. Les Jeux paralympiques ne cessent de progresser positivement, dans leur crédibilité et leur rayonnement.
Qu’attendez-vous des Jeux de Paris ? Qu’est ce qu’on peut souhaiter au sport paralympique après le rendez-vous dans la capitale ?
À Paris, il y aura beaucoup de retransmissions accessibles au grand public, c’est forcément positif, notamment pour les sponsors car la visibilité intéresse les partenaires si la performance est là. On est pris de plus en plus au sérieux. On ne cache plus les handicapé·e·s comme avant, il y a également plus de sensibilisation dans les écoles et les entreprises. Sur le plan de la performance sportive, il y a une véritable évolution des matériaux pour les prothèses, désormais en carbone, qui les rendent plus performantes, flexibles et solides. Il y a plus de moyens accordés aux paralympiques dans la préparation, comme des nutritionnistes, des préparateurs mentaux et physiques, etc. L’étape d’après, c’est que l’engouement perdure après les Jeux de Paris 2024 et qu’il y ait encore plus de reconnaissance des athlètes paralympiques comme des installations sportives à leurs noms.
Propos recueillis par Marie Lopez Vivanco
Vous avez relevé une coquille ou une inexactitude dans ce papier ?
Proposez une correction à notre rédaction.
Vous avez aimé cet article ?
Retrouvez tous nos articles de fond dans le magazine
S’abonner au magazine