Paris 2024 (triathlon) : Les quais en fête pour l’entrée en Seine du relais mixte
Après une nouvelle incertitude sur leur départ, l’heure du plongeon olympique a sonné pour les triathlètes du relais mixte ce matin. Pour assister à leur nouvelle entrée en Seine sur les Jeux de Paris 2024, les quais de la capitale étaient plein à craquer, comme pour les épreuves individuelles de la semaine passée.
Les quais parisiens étaient plein à craquer pour assister à la victoire de l’Allemagne de Laura Lindemann sur l’épreuve de relais mixte du triathlon des Jeux 2024, organisée en plein cœur de la capitale. Quelques heures avant le départ, le doute planait pourtant encore sur un report possible de la compétition en raison de la crainte d’une eau trop polluée, une semaine après que le triathlon masculin ait été ajourné d’un jour après des résultats d’analyse insuffisants, et au lendemain de l’annonce de deux triathlètes malades depuis leur course dans la Seine.
Chauffé à blanc, le public tricolore et international était disséminé le long du parcours amorcé par un nouveau plongeon historique des athlètes dans la Seine, et tout particulièrement massé autour du point de départ et d’arrivée, le Pont Alexandre-III. En dehors de cette zone, réservée aux personnes détentrices d’un billet (en vente à partir de 24 €), l’évènement olympique était en accès libre.
L’horaire de départ n’a pas refroidi un public en ébullition
Sur la rive gauche du pont, Laurent et Fanny sont venus de Grenoble avec leurs deux enfants supporter Cassandre Beaugrand, Léo Bergère, Pierre Le Corre et Emma Lombardi, les quatre Tricolores qui font briller le triathlon français. Et s’il a fallu braver se lever tôt pour assister au coup de pistolet de départ donné à 8h, « aucun problème » pour leur fils Damien : « On avait trop envie de les voir ». Après s’être retrouvés un peu par hasard mais avec bonheur dans le fan club d’Emma Lombardi (native de la ville voisine de Chambéry), ils ont fait l’expérience de la ferveur populaire qui enflamme la capitale depuis le début des premiers Jeux d’été organisés dans l’Hexagone depuis 1924 : « On voyait pas super bien mais il y avait une ambiance de fou ». Des émotions en pagaille pour les Isérois. Comme les autres supporters Français, ils ont éprouvé de la déception bien sûr pour leur relais, arrivé au pied du podium après une chute malchanceuse de Pierre Le Corre, mais aussi et surtout une immense fierté pour un collectif qui s’est arraché pour aller accrocher la quatrième place au mental et à l’orgueil.
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« Le public a été incroyable, j’ai perdu ma voix »
À 500 mètres du pont, on échange avec ceux qui ont réveillé la place François Ier , un groupe de triathlètes venus de Toulouse donner des ailes aux athlètes français. Pour Arthur, triathlète évoluant en Division 1 : « Le public a été incroyable, j’ai perdu ma voix ». Pour le public bleu-blanc-rouge, les Jeux du triathlon tricolore sont déjà réussis, avec le bronze de Léo Bergère et surtout l’or de Cassandre Beaugrand, première historique à offrir une médaille olympique à sa délégation : « C’était exceptionnel : c’était la grande favorite, et elle a assumé son statut ».
Raphaël nous confie que l’ambiance magique des quais avait été encore sublimée mercredi dernier par la performance exceptionnelle de la nouvelle championne olympique, spécialiste de la course à pied : « C’était fou de vivre ça sur place […] Elle a tardé à s’échapper mais, dans le dernier tour, c’était un bonheur incroyable de la voir aller chercher le sacre ».
« Si on avait restreint l’accès à celles et ceux qui ont des moyens, on n’aurait pas pu se permettre de venir »
Venues d’Angleterre, Helena et Sarah, 24 ans, « voulai[ent] absolument assister au triathlon ». Si elles étaient derrière la star britannique Beth Potter, médaillée d’argent avec la Grande-Bretagne (après le bronze en individuel), elles ont suivi avec attention le relais français. Elles connaissent déjà bien Beaugrand, qui s’entraîne à Loughborough (Angleterre), ville voisine de celle dont vient Helena.
Pour celles qui ont traversé la Manche spécialement pour assister aux JO, l’expérience olympique parisienne est pour l’instant à la hauteur de leurs attentes : « L’ambiance sur ces Jeux est incroyable : Paris a vraiment embrassé l’esprit des JO ». Helena et Sarah se réjouissent notamment de pouvoir assister au triathlon sans dépenser le moindre sou : « Si on avait restreint l’accès [de l’épreuve] à celles et ceux qui ont des moyens, on n’aurait pas pu se permettre de venir. C’est une bonne chose non seulement parce que c’est ouvert à plus de monde, mais aussi parce que ça donnera l’idée à certaines des personnes qui sont ici de s’y mettre ». Tant qu’à être dans la Ville Lumière pour le plus grand événement multisports du monde, les deux Britanniques sont aussi venues voir d’autres épreuves, mais se sont résolues à ne prendre de billets payants que pour un seul sport, l’aviron. Pour rappel, les compétitions de marathon et nage en eau libre restent encore à voir gracieusement.
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« Pour le relais… On s’était dit qu’on prendrait des jumelles »
Raphaël est un peu plus nuancé sur la question de l’accessibilité : c’est « beau de voir tout ce monde réuni pour une belle cause, mais la grosse déception c’est qu’ils aient fermé le pont ». Obligé de s’excentrer lors de l’épreuve individuelle, le triathlète raconte qu’il n’avait pu voir le départ que depuis son téléphone, tant bien que mal. Trouver un bon spot pour bien voir les nageurs et nageuses se lancer dans leur combat olympique et parcourir les premiers mètres du tracé relevait en effet de l’exploit sans billet payant : « c’est la grosse déception : ils ferment Alexandre-III et on ne peut pas voir la natation ».
Plus généralement, les prix des tickets sont pour lui le gros point noir de ces Jeux : « Ces jeux restent très élitistes, car pour voir des sports intéressants, il faut mettre le prix ». Ce qu’il regrette aussi, c’est le flou qui a accompagné le choix de la Seine comme lieu de compétition, du jour choisi à la possibilité esquissée de se rabattre sur un duathlon en dernier recours. « La semaine dernière, on s’est levé à cinq heures pour rien » nous explique-t-il, alors qu’il avait appris le report de l’épreuve du triathlon au dernier moment, comme les autres spectateurs et spectatrices qui avaient prévu d’y assister.
Après avoir vu les deux épreuves individuelles de triathlon et le cyclisme (lui aussi en libre accès), Raphaël reviendra pour le marathon, mais ce sera tout. Le reste, « c’est trop cher ». Ses amis et amies s’accordent avec lui, à l’exception des quelques-uns qui se sont offert des places pour des épreuves parmi les moins onéreuses, et sont allés voir le tir à l’arc et le golf. Ils s’étaient tous donné rendez-vous sans faute ce lundi 5 août pour continuer à donner de la voix pour l’équipe tricolore, mais avec plus de prudence cette fois-ci : à défaut de tickets pour le pont Alexandre-III, « On s’était dit qu’on prendrait des jumelles » !
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