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Paris 2024 : Valentina Petrillo, première athlète transgenre à participer aux Jeux paralympiques

Maud Tardieux
03.09.2024

En s’élançant des starting blocks du Stade de France lundi 2 septembre, Valentina Petrillo a écrit l’histoire. En lice aux Jeux de Paris 2024 sur la prestigieuse distance du 400 m, l’Italienne est devenue la première athlète transgenre à participer à la compétition paralympique.

Les athlètes transgenres sont encore rarissimes au plus haut niveau. Valentina Petrillo n’est que la première à concourir aux Jeux paralympiques. Alignée dans catégorie T12, réservée aux athlètes doté.e.s d’une déficience visuelle, la spécialiste du 200 et du 400 m court à Paris 2024 ses premiers Jeux paralympiques après avoir raté de peu la qualification à Tokyo. À 50 ans, la para pisteuse a expliqué à l’AFP « vivre le moment le plus important de [sa] carrière sportive et réaliser [son] rêve d’enfant ». En bronze sur les deux distances aux mondiaux de 2023 au Stade Charléty, cela fait quatre ans que le rendez-vous dans la capitale française est dans sa ligne de mire.

L’accomplissement d’un « rêve »

Avant de briller en para athlétisme, Valentina Petrillo s’était distinguée en handisport dans le cécifoot, jusqu’à porter le maillot de son équipe nationale. Ce n’est qu’en 2015 qu’elle décide de renouer avec ses premiers amours, les courses de piste. Depuis son plus jeune âge, elle se passionne pour l’athlétisme en regardant le sprinteur italien Pietro Mennea empocher l’or sur 200 mètres aux Jeux de Moscou en 1980.

Jusqu’en 2018, Valentine Petrillo concourt dans les catégories masculines. Un an plus tôt, la coureuse a fait son coming out trans puis a débuté une thérapie hormonale. Aux championnats paralympiques italiens, elle devient en 2020 la première femme transgenre admise à une course officielle dans la catégorie féminine, avant de changer d’état civil en 2023. Pour finalement briller en France. 

 J’ai de la chance : je vais faire la chose la plus belle que j’ai jamais rêvé de faire, soit courir dans un stade , avait-elle confié à l’AFP avant son entrée en lice à Paris. Au rendez-vous de la plus grande échéance de sa carrière, la Transalpine a marqué le coup. Après avoir terminé deuxième de sa série du 400 m paralympique hier, elle s’est surpassée pour courir sa demi-finale en 57.58. À défaut de se qualifier pour le dernier acte, elle a a amélioré le record italien. Petrillo s’élancera également sur le 200 m le 6 septembre.

Aux Jeux, la participation des athlètes transgenres est soumise au choix des fédérations

Un traitement hormonal permet à l’Italienne de diviser son taux de testostérone par quatre et de se conformer à la réglementation de la Fédération internationale de para-athlétisme. La participation des athlètes transgenres aux compétitions paralympiques et olympiques n’est pas régie par un règlement uniforme. Le CIP (Comité International Paralympique) et le CIO (Comité International Olympique) laissent les instances dirigeantes des différentes disciplines trancher. La World Para Athletics autorise ainsi toute personne reconnue légalement comme femme et dont le taux de testostérone ne dépasse pas une certaine norme à s’aligner sur les épreuves féminines des événements sportifs internationaux.

À l’inverse, la World Athletics a fait le choix de l’interdiction. Jusqu’en 2023, les athlètes transgenres pouvaient encore y participer (à la même condition de réguler leurs taux hormonaux). Son revirement avait fait polémique. Mais l’athlétisme n’est pas le seul sport où les personnes trans ne sont pas autorisées. Le cyclisme et la natation en sont deux autres exemples.

Une nouvelle étape historique de l’inclusion des personnes transgenres dans le haut niveau ?

Le 2 septembre fera sans doute date dans l’inclusion des personnes transgenres dans le sport de haut niveau, trois ans après la participation de Laurel Hubbard aux JO. L’haltérophile néo-zélandaise était devenue à Tokyo la première femme transgenre à participer à des festivités olympiques. On notera en revanche qu’aucun homme ouvertement transgenre n’a encore participé à l’une ou à l’autre des deux compétitions quadriannuelles. 

Alors que les controverses sur le genre entourent encore fréquemment les grandes compétitions sportives – en attestent celles qui ont visé les boxeuses algérienne Imane Khelif et taïwanaise Lin Yu-ting pendant les JO – l’Italienne se voit comme un symbole. Elle entretient l’espoir de servir d’exemple, notamment dans son pays natal où le gouvernement de l’extrémiste conservatrice Giorgia Meloni ne cesse de marteler son opposition au « lobby LGBT » et à l’ « idéologie de genre » : « Je dis souvent que si je l’ai fait, d’autres peuvent le faire. J’espère être la première de beaucoup d’autres, j’espère être une référence, une source d’inspiration […] Mon histoire peut être utile à beaucoup d’autres, déficients visuels ou non, trans ou non » partage Valentina Petrillo. 

L’histoire de la para sprinteuse est à découvrir dans le film documentaire 5 Nanomoli – Le rêve olympique d’une femme trans.

Maud Tardieux
03.09.2024

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