Patricia Rossignol, Vice-Présidente de la Fédération française de Lutte et Disciplines associées, en charge des territoires a reçu la décoration d’Officier de l’Ordre National du Mérite. La ceinture noire de judo est devenue la bête noire des lutteuses rivales, jusqu’à devenir une dirigeante exemplaire. La lutte, elle l’a choisie, pour le meilleur, et pour le pire. Rencontre.
C’était le 20 juillet 2020 par un décret du 1er ministre Edouard Philippe, Patricia ROSSIGNOL, Vice-Présidente de la Fédération française de Lutte et Disciplines associées, s’est vu décorer Officier de l’Ordre National du Mérite. Elle était déjà titulaire de la médaille d’or de la Jeunesse et des Sports en 1995, chevalière de la Légion d’honneur en 1999 et chevalière de l’ordre des Palmes académiques en 2016. A 64 ans, retraité de son poste de professeur d’éducation physique dans un centre socioprofessionnel, Patricia Rossignol se qualifie de « personne très très active ». Et pour cause.
La lutte pour le meilleur et pour le pire
Patricia a découvert la lutte grâce à son époux, lui-même judoka. En 1982, elle prend sa première licence. « Je suis mariée avec un judoka. Par amour, je me suis mise au judo. » Elle envisage de passer les brevets d’Etat nécessaires à l’enseignement du sport. Elle va suivre les cours de l’INSEP, l’Institut national du sport et de l’éducation physique à Vincennes, mais il lui faut auparavant choisir une deuxième discipline sportive. Ce sera la lutte pour le meilleur et le pire.
La ceinture noire de judo est devenue la bête noire des lutteuses rivales dans la catégorie des moins de 74 kilos. En 1984, elle devient vice-championne du monde de lutte à Madrid. A partir de là, les titres s’en suivent : elle est championne de France de lutte féminine en 1985, 1986, 1987 et 1988, championne du monde de sambo en 1986 et 1994, championne d’Europe de sambo en 1994 et championne de France de sambo en 1984, 1985, 1986, 1987, 1994 et 1996 et pour finir sur un superbe titre de championne du monde en 1996, à Grenade.
Seule médaille qui manque à son cou, la médaille olympique. Qu’elle aurait probablement remporté si la lutte féminine avait été inscrite au programme des J.O. « On était une poignée de jeune femme à se battre pour faire reconnaitre la lutte féminine au même titre que la lutte libre et la lutte gréco-romaine. On s’acharnait à l’époque, pour la reconnaissance du style féminin. Aujourd’hui on n’est pas peu fière du chemin parcouru. »
« On a vraiment besoin de plus de femmes aux postes de direction »
D’athlète engagée à dirigeante exemplaire
Après sa carrière de sportive de haut niveau, Patricia Rossignol n’a pas souhaité « rester sans rien faire ». « Je suis devenue présidente de mon club, l’Alliance Chagny Sports. C’était mon propre choix. Puis, je suis devenue secrétaire générale du comité départemental olympique et sportif de Saône-et-Loire. Tout ce que j’ai vécu quand j’étais athlète, je voulais le rendre au monde sportif. »
Aujourd’hui, elle est vice-Présidente de la Fédération française de Lutte et Disciplines associées, secrétaire générale du Comité départemental Olympique et Sportif de Saône et Loire, présidente du club Alliance Chagny Sports, et adjointe au Maire de Chagny depuis trois mandats.
Grâce à ses employeurs arrangeants, Patricia a pu continuer de se positionner et s’investir comme une femme dirigeante sur tous les fronts. « A chaque fois que j’étais embauchée j’annonçais clairement que je voulais concilier les deux : être une femme dirigeante du sport et ma carrière professionnelle. Je voulais prendre vraiment du temps pour aller voir les entrainements des jeunes à l’INSEP, ne pas manquer les réunions de la fédération. Mes employeurs m’ont toujours laissé ce temps-là, puisque être une femme dirigeante était aussi très bénéfique dans mon travail. Etre auprès des jeunes et les voir s’entrainer, ça me tient à coeur. Et surtout de suivre les féminines. »
Après son combat pour la reconnaissance de la lutte féminine comme discipline à part entière, Patricia a pris à bras-le-corps un autre sujet : l’accès aux femmes à la prise de responsabilité. « Je pense que, nous, les athlètes, à notre époque bien sûr, on a fait avancer les choses. Aujourd’hui on nous donne l’opportunité de nous exprimer, on est légitimes. Alain Bertholom, le président de la fédération nous fait confiance. Mais nous restons peu de femmes ou d’anciennes sportives à prendre ces postes. Par exemple il n’y a aujourd’hui que deux femmes présidentes de comités régionaux. Nous organisons pourtant des formations avec l’association Femix’Sports portée par Marie-Françoise Pottereau, pour favoriser l’engagement des jeunes filles et des jeunes femmes. Malheureusement elles sont si peu à passer le cap, par peur. On a vraiment besoin de plus de femmes aux postes de direction. Faut qu’elles y aillent, qu’elles osent, c’est tellement enrichissant ! ».
Propos recueillis par Aurélie Bresson
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