Pour la première fois à Roland-Garros et depuis l’instauration des « night session » en 2021, aucune affiche féminine n’aura été programmée. Une triste première que n’ont pas manquée de souligner certaines joueuses, mécontentes de la programmation. Une décision qui divise.
La onzième et dernière night session de Roland-Garros a lieu ce mercredi soir avec la rencontre de deux hommes: Alexander Zverev et Alex De Minaur. Depuis l’instauration des rencontres en soirée à la Porte d’Auteuil, en 2021, c’est la première fois qu’aucun match féminin n’est diffusé en prime time de tout le tournoi. A Roland-Garros, une night session est composée d’une seule et unique affiche qui commence à 20h30. Rien à voir avec l’US Open et à l’Open d’Australie, où la soirée commence à 19h et voit se dérouler un match féminin et masculin qui se suivent. Cela a bien sûr donné lieu à quelques soirées qui se sont terminées au milieu de la nuit à New York et Melbourne pour les joueurs et le public mais cela reste des exceptions. Dans l’ensemble, tout le monde trouve cela assez juste.
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Quatre rencontres féminines depuis 2021
Depuis l’instauration de ces sessions de nuit, seules quatre rencontres féminines ont eu l’honneur de jouer sous le toit du court Philippe-Chatrier à la tombée de la nuit (Serena Williams-Begu et Swiatek-Kostyuk en 2021, Cornet-Ostapenko en 2022 et Sabalenka-Stephens en 2023). Mais cette année, pour la première fois, aucune rencontre opposant des femmes n’a attiré les faveurs du diffuseur (Prime Vidéo). Et pourtant, un match aurait pu avoir sa place légitime, à savoir le choc du 2e tour entre Iga Swiatek, n°1 mondiale et double tenante du titre, et Naomi Osaka, qui compte quatre Grands Chelems à son palmarès.
Une décision qui divise
En début de quinzaine, la directrice du tournoi Amélie Mauresmo exposait le contrat d’exclusivité signé avec Amazon Prime Vidéo. «Je suis déçue qu’une affiche comme Swiatek-Osaka n’ait pas eu lieu en night session, mais cela ne dépend pas que de nous», disait-elle. Finalement, la chaîne paie pour le match qu’elle estime le plus attractif, elle choisit et l’organisation dispose. Alors Pourquoi Prime Vidéo ne programme pas de tenniswoman en soirée ? Paraît-il que ce serait prendre le risque de s’exposer à une rencontre expéditive – elles jouent au meilleur des trois sets et pas cinq comme les hommes – et donc de frustrer le spectateur. Iga Swiatek a flairé le bon filon et apporte de l’eau au moulin de la chaîne privée française. À part contre Naomi Osaka, la No 1 mondiale a perdu 11 jeux en 8 sets. Et n’est donc pas prête de se produire en soirée. Un argument facile à sortir du chapeau.
« Il y a beaucoup de matchs de dames qui ne durent pas 4 heures mais qui sont bons »
Du coté des joueuses, le sujet divise : il y a la position unilatérale de la No 1 mondiale. Plutôt que d’avoir un comportement de leader que commande son classement à la WTA et de tirer le tennis féminin vers le haut, la Polonaise ne cesse de répéter « Je suis désolée de dire cela, mais je m’en moque », confiait elle sur Welovetennis. Clairement, elle ne veut pas jouer en night session : « Moi, j’aime jouer pendant le jour, pendant la journée, donc je suis tout à fait à l’aise, et ça me convient tout à fait d’avoir cette programmation avec cette rotation là. Ce n’est pas moi qui suis responsable de la programmation, il y a sûrement beaucoup de facteurs à prendre en compte, beaucoup de demandes de part et d’autre de la part des joueurs. Mais bon, pour moi, je suis à l’aise en jouant pendant la journée et non le soir. »
Un choix qui ne plaît pas forcément à la Tunisienne Ons Jabeur, éliminée en quart de finale. A l’issue de la rencontre, elle n’a pas caché son incompréhension et mécontentement. «J’ai beaucoup à dire sur ce sujet. J’aimerais voir le contrat négocié avec Prime. Je ne comprends vraiment pas ce qu’il se passe. J’aurais aimé voir des quarts de finale joués le soir, et pas à 11h du matin comme le mien. Ça n’a pas de sens. Il y a beaucoup de matchs féminins qui, bien sûr, ne durent pas quatre heures, mais qui sont bons», a-t-elle déploré. Trois pas en avant, deux pas en arrière.
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