À l’occasion de sa première cérémonie des Trophées qui s’est déroulée vendredi à Nantes, la Fondation Alice Milliat a récompensé six projets ou personnalités œuvrant pour plus de mixité dans le sport. L’occasion de faire vivre la mémoire de cette pionnière.
À Nantes, là où Alice Milliat est née, le sport au féminin était à la fête lors de la première édition des Trophées de la fondation qui endosse son nom. 100 ans après avoir créé la Fédération sportive féminine internationale (FSFI), véritable marqueur historique de la bataille engagée pour l’égalité femmes-hommes, les acteurs du sport se sont retrouvés pour le célébrer. Et se tourner vers l’avenir. Sarah Ourahmoune, présidente du jury, et les partenaires, ont décerné six prix à celles et ceux qui font bouger les lignes. Le tout sous le regard de Christine Jacglin, directrice générale de la Banque Palatine, premier mécène de la Fondation.
Habituer les regards, faire une place
Alice Milliat a montré le chemin. Elle a ouvert la voie vers plus de mixité. 100 ans après, il faut encore se battre. « J’aimerais combattre, avoir la même force qu’elle. Envers et contre tout », commente fièrement la boxeuse. Derrière ce moment festif, Sarah Ourahmoune et Christine Jacglin ont bien conscience que ce combat se mène à toutes les échelles de la société. « Quand je suis arrivée à la direction, j’ai souhaité qu’il y ait quelques initiatives concernant le sport féminin. J’essaye de pousser la place des femmes dans la banque pour qu’elles prennent des postes à responsabilité. Je trouvais que le sport était aussi un symbole », explique la directrice, qui soutient également les athlètes de haut-niveau dans le cadre du pacte de performance.
Malgré un emploi du temps bien chargé, Sarah Ourahmoune veut, quant à elle, « garder les baskets aux pieds ». S’inscrire dans le concret et ne pas s’enfermer dans un parcours politique loin du terrain. « Il faut habituer les gens à voir des femmes faire du sport, répéter et répéter jusqu’à cela rentre dans la tête des gens et que ça devienne la normalité. » La route est encore longue pour que le sujet de la place des femmes n’en soit plus un.
Un écho aux parcours personnels
Réparer la mémoire pour l’une, une bataille au quotidien pour l’autre, cette grande militante inspire et trouve écho dans le parcours de ces deux femmes. Pour le grand public, la méconnaissance de cette grande dame est révélatrice du chemin qui reste à arpenter. La boxeuse, pourtant très engagée pour la cause, avoue avoir découvert cette battante il y a tout juste deux ans. « Alice Milliat n’apparait pas dans le livre Ces femmes qui ont réveillé la France, de Jean-Louis Debré. C’est révélateur d’un malaise dans notre pays sur la place des femmes sur ce genre de sujet. Quand j’ai découvert ce qu’elle a fait, je me suis dit qu’il fallait porter son message et porter sa mémoire », remarque la directrice de la Banque Palatine.
Au sein de l’établissement financier, comme dans les salles de boxe, elles s’affirment. Elles font vivre, à leur manière, la mémoire de celle qui s’est battue pour la participation des femmes aux Jeux olympiques. « Si on est là aujourd’hui à organiser des trophées, c’est parce qu’il y a encore des choses qui ne vont pas. Il y a encore énormément à faire. Moi j’ai compris que j’allais devoir me battre longtemps dès que je suis rentrée dans une salle de boxe. Je n’aurais jamais imaginé cela avant. Et 25 ans après, on est toujours là. »
Malgré ces constats, les projets et personnalités récompensés marquent le changement. « Il y a eu de supers initiatives, ce n’est jamais facile de choisir. On a juste envie de les mettre tous en lumière. » Famosport, Nodjialem Myaro, Sine Qua Non Run, l’ASPPT Nantais, Ouest France et Butagaz ont été récompensés pour leurs actions, dans les pas d’Alice Milliat.
À lire aussi : Alice Milliat fait (enfin) son entrée au CNOSF
Propos recueillis par Claire Smagghe
Crédit photo : ©Laure-Hélène Arnauld
Vous avez relevé une coquille ou une inexactitude dans ce papier ?
Proposez une correction à notre rédaction.
Vous avez aimé cet article ?
Retrouvez tous nos articles de fond dans le magazine
S’abonner au magazine