Le retour du Tour de France Femmes avec Zwift pour une deuxième édition est l’occasion de faire le point sur les courses par étapes dans le cyclisme. Comment la France se positionne-t-elle par rapport à ses voisins ?
Depuis juillet 2022, le Tour de France Femmes a effectué un retour attendu sur la scène du cyclisme féminin. Le Giro et la Vuelta existaient déjà depuis plusieurs années pour les coureuses mais le Tour manquait à l’appel. Car pour le public, un ou une cycliste n’est professionel·le que s’il ou elle a couru la Grande Boucle. Mais comme souvent, les grands évènements sont seulement la partie émergée de l’iceberg.
Vers un Tour de France sur deux semaines ?
2022 était la première saison du World Tour féminin avec le triptyque Giro Donne, Tour de France Femmes et Vuelta Femenina. Pour le moment, la course italienne reste la plus développée en terme de nombre d’étapes, comptant 9 à 10 journées de course depuis 2014. De son côté, le Tour de France dure huit jours. Un chiffre qui peut évoluer rapidement selon Juliette Labous. « Je pense que d’ici 2025 on pourra le courir sur deux semaines. D’ici là les équipes seront plus développées et on sera en capacité d’avoir trois vrais Grands Tours. » Le nombre de filles par formation est un problème majeur pour développer le calendrier. Les équipes World Tour comptent entre treize et seize coureuses, trop peu pour en aligner sept en forme sur des courses très longs formats.
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Les courses à étapes ou le casse-tête des calendriers
Ces dernières années la Vuelta a augmenté son nombre d’étapes pour favoriser le suspens et l’enjeu sportif. De trois en 2020, la compétition espagnole s’est entendue à quatre en 2021, cinq en 2022 et enfin sept en 2023. « Ça a vraiment changé les choses, confesse Juliette Labous. Peut-être que d’autres épreuves suivront. » Un des freins rencontrés par les organisateurs est le double jeu avec les courses masculines dont dépendent leur pendant féminin. Cette année, la Vuelta a elle eu lieu pour la première fois début mai, en même temps que le Giro hommes, de quoi perdre les suiveurs. De son côté, le Tour de France Femmes 2024 n’aura pas lieu après l’épreuve masculine mais du 12 au 18 août en raison des Jeux olympiques de Paris 2024. Mais contrairement à l’organisation du Tour d’Espagne, ASO (organisateur du Tour de France) a choisi une date cohérente et proche du Tour.
L’Espagne en avance sur les courses à étapes dans le cyclisme
Derrière le Tour de France, les courses à étapes de l’Hexagone se font plus discrètes par rapport à d’autres pays, comme l’Espagne. À l’échelon du World Tour (plus haut niveau), en plus de la Vuelta, deux courses sont référencées : l’Itzulia Women et la Vuelta a Burgos Féminas. Et au niveau professionnel inférieur, la Volta a la Comunitat Valenciana. Côté français il faut descendre en dessous de l’échelon professionnel pour trouver la trace de courses par étapes. « Je ne crois pas qu’on soit en retard. On attendait vraiment le Tour de France et je dirais qu’il vaut mieux en avoir une seule et la faire très belle plutôt que de vouloir faire plein de petites courses avec parfois des points importants qui sont négligés », commente Évita Muzic qui n’y voit aucun problème.
La France sur la bonne voie
À cet échelon, on retrouve le Tour de l’Ardèche (sept étapes), le Tour de Normandie (trois étapes), le Bretagne Ladies Tour (cinq étapes) et le Tour féminin des Pyrénées (trois étapes). Ce dernier avait d’ailleurs fait polémique en juin pour la deuxième édition de cet évènement. Sur la deuxième étape, après des problèmes de sécurité dans le final la veille, les coureuses ont décidé d’arrêter la course puis de la neutraliser jusqu’au pied de la montée finale vers Hautacam. Une des organisatrices, l’ancienne coureuse Élisabeth Chevanne-Brunel faisait part de sa déception à nos confrères de La République des Pyrénées : « L’idée de cette course, c’était justement de mettre en lumière le cyclisme féminin, leur apporter une course d’envergure avec du dénivelé qu’elles n’avaient pas sur d’autres échéances du calendrier. »
Mais pas de quoi décourager Juliette Labous, persuadée que la Grande Boucle peut impulser une nouvelle dynamique pour le cyclisme et ses courses à étapes. « Le Tour de France c’est quand même déjà énorme ! Peut-être que d’autres prendront le pas et que de nouvelles courses vont se créer. »
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