La nutrition des sportives est une dimension importante de leur préparation. La gestion de l’alimentation et de l’hydratation peut optimiser la performance et améliorer la forme.
Les sportives de haut niveau sont accompagnées tout au long de leurs saisons par des entraîneur·e·s, médecins, kinésithérapeutes et parfois psychologues. Parfois oublié·e·s, des nutritionnistes aussi les entourent. Alimentation et hydratation ne doivent pas être négligées, mais leur gestion ne doit pas être une contrainte. Les suivis s’adaptent à chaque sportive en prenant en compte les spécificités féminines.
Une sportive, un plan d’alimentation
Un des principes de la nutrition est l’individualisation. Laury Degrémont, nutritionniste suivant des sportives et spécialiste de la nutrition sportive, précise que toutes les pratiquantes ont un métabolisme particulier. Elle prend en compte de multiples critères : « taille, poids, musculature, pourcentage de masse grasse, sexe et discipline sportive ». Il est aussi indispensable d’écouter « les envies et les besoins de l’athlète », selon Valentin Lacroix, nutritionniste à l’INSEP. Le succès d’un suivi dépend de son adaptabilité. Une adaptation qui se fait aussi au fil de la saison. « Un plan d’alimentation n’est pas figé et évolue », résume Valentin Lacroix, qui explique prendre aussi en compte le budget alimentaire.
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« La clé est la compréhension »
Si le ou la nutritionniste guide une sportive, c’est finalement cette dernière qui gère au quotidien. Il faut donc comprendre les attentes et les habitudes de chacune pour que les conseils puissent être appliqués. Clémence Tertreaux, elle aussi nutritionniste, explique qu’elle fait de « l’éducation pour que les athlètes puissent ensuite analyser leur propre consommation et leurs besoins ». Pour Laury Degrémont aussi, « la clé est la compréhension de chacune ». Une fois que les recommandations sont comprises et intégrées dans le quotidien, elles permettent de « soulager les sportives d’un poids », poursuit-elle. Car cette gestion ne doit surtout pas devenir contraignante.
Le plaisir avant tout !
« Les athlètes sont dans la gestion permanente, de leur entraînement, de leur vie, de leurs compétitions, déclare Laury Degrémont. La diététique ne doit pas être ressentie comme une contrainte ou une restriction ». Les trois nutritionnistes sont unanimes, le plaisir est alors « primordial ». « Les sportives se mettent un peu la pression avec l’alimentation et s’imposent un certain régime, mais ce n’est pas une pizza de temps en temps ou une bière avec des copains qui va les empêcher de performer », complète Clémence Tertreaux. La souplesse doit être de mise et les « craquages » permis. Car au contraire, une gestion trop restrictive peut vite devenir anxiogène. Le risque de troubles du comportement alimentaire serait augmenté, d’après Valentin Lacroix.
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« Nutrition holistique »
Pour qu’il soit bénéfique, un suivi nutritionnel ne se restreint pas à la limitation ou la recommandation de certains aliments. « La prise en charge nutritionnelle ne se résume pas à la gestion du poids. Elle implique de penser à la santé de l’athlète, à son bien-être physique et psychologique », explique Valentin Lacroix. Laury Degrémont prône d’ailleurs une « nutrition holistique ». C’est « un travail d’équipe » : médecins ou psychologues collaborent avec les nutritionnistes car moral, sommeil, forme… sont liés à l’alimentation. Si une sportive souffre de troubles du comportement alimentaire, cette approche pluridisciplinaire est particulièrement recommandée.
Nutrition et sportives : les besoins spécifiques
Selon Valentin Lacroix, il y a « une meilleure compréhension des athlètes féminines, de leur physiologie et spécificités ». « On sait qu’hommes et femmes ont deux métabolismes différents », explique Laury Degrémont. Les femmes ont généralement un appétit moindre que les hommes. Il est donc primordial de s’assurer que les sportives mangent suffisamment par rapport à leurs dépenses énergétiques. Leurs besoins sont aussi régulés par des variations hormonales. Puberté, contraception, grossesse… Les modifications hormonales s’enchaînent tout au long de leur vie. Et de leurs cycles menstruels.
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Phases du cycle et variations hormonales
« Pendant les menstruations, quand une sportive perd du sang, elle perd du fer », rappelle Valentin Lacroix. « Le nutritionniste adapte l’alimentation en période de menstruation avec des apports en fer plus importants pour éviter l’anémie », ajoute Clémence Tertreaux. La fatigue est aussi plus intense pendant cette phase du cycle. Alors les besoins en sucre sont plus importants. « Notre cerveau est dépendant au glucose. Il a besoin de sucre pour fonctionner. Si on est fatigué, le cerveau l’est aussi, alors notre corps demande plus de sucre », détaille Laury Degrémont. Mais « chaque sportive semble réagir différemment aux fluctuations hormonales », précise Valentin Lacroix. Il fait aussi attention à la période prémenstruelle, durant laquelle « chaque femme a des symptômes différents : changements du comportement, prise de poids, rétention d’eau, douleurs… ».
Propos recueillis par Enora Quellec
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