Les archives ne mentent pas : les pionnières du vélo ont subi les propos sexistes des médias de la Belle Époque. Féministe engagée, l’actrice Sophie Bourel a défriché des textes oubliés et créé le spectacle « Mots écrits » à partir de ces mémoires. Si elle n’entend pas réécrire l’histoire, l’artiste veut « déchirer le voile » dressé devant les exploits des femmes cyclistes invisibilisées.
« On a trouvé beaucoup de choses sur le cyclisme et surtout constaté à quel point les hommes ne voulaient pas que les femmes fassent du vélo », lance Sophie Bourel, pratiquante de toujours, qui sait à quel point celui-ci offre une liberté extraordinaire.
Après avoir joué dans de nombreux films, émissions et pièces de théâtres, la soixantenaire s’est interrogée sur la manière de faire vivre les archives issues de la grande collecte nationale « Archives de femmes, histoire des femmes ». Cette opération nationale, lancée en 2018, s’intéressant à toutes les femmes de l’histoire, appelle tou·te·s les citoyen·ne·s à confier leurs papiers personnels aux institutions partenaires de l’événement (souvenirs de famille, correspondances, documents de voyage, photographies, journaux, etc.). Ouvrant ainsi un nouveau champ de recherche encore peu exploré. Sophie Bourel s’en est saisie, dénichant les archives consacrées au sexisme subi par les premières femmes cyclistes. « C’est très important pour les chercheurs et pour les universitaires… Mais je me suis dit que cela appartenait à tout le monde ! »
À partir des pépites moissonnées au musée national du Sport de Nice, à l’INSEP1Institut national du sport, de l’expertise et de la performance ou dans les bibliothèques, un corpus de 200 textes datant de la Belle Époque2La Belle Époque correspond à la période des progrès sociaux entre 1890 et 1914, décrite comme un âge d’or., principalement issus des médias, a été compilé sur le thème du cyclisme. C’est à partir de ce recueil que Sophie Bourel, épaulée d’amatrices et d’amateurs, a construit la lecture à voix haute, performance artistique qui n’a connu qu’une seule représentation à ce jour. C’était à Paris, en juillet dernier, la veille de l’arrivée du Tour de France masculin 2021. Un symbole fort.
Une lutte pour l’émancipation
Dans les archives, les causes supposées des interdictions de pratiquer l’engin à deux roues par les femmes sont si grotesques et variables qu’elles semblent presque irréelles. Dangerosité de la pratique, incompatibilité avec les tenues vestimentaires, attentat contre la grâce… Tout y passe !
Retrouvez l’intégralité de l’article dans le magazine numéro 22.
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