Aujourd’hui encore, la pratique sportive des filles et des adolescentes reste très entravée dans le monde. Les stéréotypes de genre les privent de certaines disciplines qui les passionnent, sous prétexte que ce ne sont pas des « sports de fille ». Dans beaucoup de pays, quand elles ont leurs règles, les filles sont interdites de sorties et de sport. Sans parler des violences sexistes et sexuelles qu’elles peuvent subir de la part d’un·e coach, d’un·e encadrant·e ou de leurs camarades. Plan International utilise le sport comme outil d’émancipation des filles.
La Convention Internationale des droits de l’enfant, dont Plan International a participé à la rédaction, le dit noir sur blanc : « chaque enfant a le droit de jouer et d’avoir des loisirs », entre autres sportifs. Le sport, c’est mille et une promesses : c’est une meilleure santé physique et mentale ; c’est la confiance en soi et l’émancipation ; c’est la découverte de son corps et de ses possibilités qui n’ont pas à être réduites à des fonctions reproductives ou esthétiques ; c’est la dédramatisation du vestimentaire ; c’est la socialisation autour de valeurs de solidarité et d’esprit d’équipe ; c’est se sentir plus légitime à occuper l’espace public ; c’est l’euphorie dans les stades comme sur le terrain, sortir et rire ensemble ; c’est parfois la révélation d’un talent voire la possibilité d’une belle carrière !
Pourtant, dans bien des communautés, les activités sportives ne sont autorisées que pour les garçons. Au mieux, les filles sont orientées vers un nombre restreint d’activités comme la gymnastique ou la danse, au pire elles restent tout simplement à la maison pour effectuer par exemple les tâches domestiques. Beaucoup ne peuvent même pas assister à des matchs. Quand c’est le cas, ce n’est pas forcément confortable pour elles, vu qu’elles sont souvent très minoritaires.
Des barrières nombreuses pour la pratique féminine
Parmi les entraves que l’ONG Plan International France a pu observer dans ses programmes, il y a la déscolarisation des filles qui les prive des temps dédiés au sport à l’école. Il y a les violences sexuelles, les stéréotypes et les normes sexistes qui voient d’un mauvais œil cette liberté qu’elles peuvent prendre de s’émanciper par le sport. Pour celles qui ont la chance d’avoir un environnement familial plus ouvert, elles peuvent se heurter à l’absence de toilettes et de vestiaires dans des salles de sport et des infrastructures qui n’ont pas été pensées pour la mixité. Du fait du coût de la pratique (inscription en club, achat d’équipement) ou de la précarité menstruelle, certains parents discriminent les filles par rapport aux garçons en réservant l’accès au sport à ces derniers. Il y a les mariages et les grossesses précoces qui mobilisent toute l’énergie de ces très jeunes mères autour des soins à donner à leur enfant. Et puis il y a les moqueries, la stigmatisation, parfois le refus des garçons de jouer avec elles, le harcèlement et les insultes quand elles s’aventurent dans des sports « de garçons » de la part de l’entourage et de leur communauté.
Ces entraves se muent petit à petit, comme un cercle vicieux, en obstacles intérieurs : la croyance très enracinée que les corps des filles sont plus faibles, moins adroits, moins sûrs d’eux, la crainte d’être publiquement dépréciées ou de décevoir en cas de contre-performances. Et puis faire du sport, c’est bon pour la santé comme pour le moral ! Privées de ces moments précieux, les filles et les femmes sont plus sujettes à des maladies chroniques ou mentales.
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#ElleJoueOnGagne, le programme soutenu par Kadiatou Diani
Parce que la pratique sportive est un formidable outil d’émancipation, l’ONG Plan International France en a fait un axe majeur d’intervention à travers le monde. Le 11 octobre 2020, à l’occasion de la Journée internationale des droit des filles obtenue par Plan International auprès de l’ONU, l’ONG a mené la campagne #ElleJoueOnGagne sous l’égide de l’attaquante phare du PSG, Kadidiatou Diani, par ailleurs ambassadrice de l’ONG, afin d’illustrer toutes les leçons tirées de son expérience, comme le programme de football pour filles La League (de juillet 2017 à décembre 2019) qui avait pour objectifs de développer le leadership et l’autonomisation des jeunes brésiliennes et nicaraguayennes issues de communautés défavorisées, de lutter contre les mariages et les grossesses précoces et de visibiliser les filles dans la sphère publique grâce à des mentors féminins et des réseaux de soutien.
Au Brésil, 4e pays du monde en nombre absolu de filles mariées avant l’âge de 15 ans, le taux de grossesse chez les adolescentes est d’environ 18%. Au Nicaragua, une fille sur deux est mariée avant ses 18 ans. A Chinandega, l’une zone d’intervention du projet, le taux de mariage d’enfants est de 70%. Le programme a fait baisser le nombre de mariages et de grossesses précoces dans les communautés participantes !
« Avec Plan International, j’ai beaucoup appris. J’ai pu devenir un exemple pour les autres, ça m’a aidé à mieux communiquer, à me socialiser et à avoir une meilleure vision de mon avenir. J’ai pu faire entendre ma voix et défendre mes droits. » Anielka, participante au projet la League au Nicaragua.
Inclure l’entourage
Zenabou, réfugiée alors âgée de 16 ans, a fui vers le Cameroun les violences de Boko Haram au Nigéria. Grâce à un programme semblable, elle a pu prendre confiance en elle, reprendre goût à la vie après le traumatisme qu’elle a subi, et enfin croire en ses rêves !
Mettre en place des centres d’entrainement ou organiser des matchs sportifs permet aussi d’engager des conversations sérieuses, voire d’organiser des séances de sensibilisation avec les filles mais également les garçons, les familles et les enseignant·es (droits des filles, précarité menstruelle, éducation et formation professionnelle, harcèlement et violences sexuelles, etc.) qui permettent aux filles de prendre conscience de leur potentiel. En « habitant » mieux leurs corps, elles arrivent plus aisément à prendre la parole, à défendre leurs droits et leurs libertés, voire même à se défendre en cas de danger. Au contraire, plus les filles sont privées de sport, plus les stéréotypes sur leur faiblesse et leur passivité sont renforcés, moins elles trouvent de ressources pour se défendre… sur tous les plans.
* Recommendations and action plan from the High Level Group on Gender Equality in sport (2022)
Article en partenariat avec l’ONG Plan International France
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