Réchauffement climatique et neige sont-ils deux éléments compatibles ? Depuis des années, la quantité de flocons descendants du ciel dans les stations de ski diminue. Si ces dernières gardent des années de glisse devant elles, l’adaptation à ce manque de neige est un sujet déjà anticipé.
« L’État, en lien étroit avec les Régions, souhaite franchir une nouvelle étape, à travers une approche et des solutions globales pour accompagner la transition des territoires de montagnes et y développer un tourisme plus diversifié et plus durable. » Lors de son discours du 27 juin 2021 en Savoie, Jean Castex, alors premier ministre, annonçait le lancement du plan « Avenir Montagnes ». Une stratégie gouvernementale visant à aider les stations face à la baisse des chutes de neige hivernale. Un contre-pied au « Plan Neige » du général de Gaulle de 1964 qui avait contribué à la construction d’un large domaine skiable national. Ce plan gouvernemental est le symbole de l’adaptabilité à laquelle les stations de ski doivent faire face, en raison de l’affaiblissement des chutes de neige. Une situation qu’elles ont anticipées depuis des années.
Un phénomène auquel personne n’échappe
Petite, moyenne ou haute montagne, la loi du réchauffement climatique ne fait pas au cas par cas. Qu’importe la station de ski, les chutes de neige se font moindre ces dernières années. Certaines stations attendent parfois des semaines avant de voir leurs pistes se garnir de poudre blanche. Les statistiques de skiinfo, depuis la saison 2012-2013, démontrent que la quantité de flocons naturels se réduit aussi bien dans les Pyrénées que dans les Alpes.
Ce constat s’extériorise dans le comportement d’une partie de la clientèle qui préfère maintenant réserver tardivement, pour s’assurer d’avoir un domaine skiable enneigé. « Il y a même des gens qui nous appellent pour réserver alors qu’ils sont sur la route, donc on espère pouvoir présenter un bilan un tout petit peu plus passable à la fin des vacances. » indiquait en 2020 Luc Stelly, responsable de l’office du Sansy. Si la France reste le deuxième pays mondial en termes de journées de ski achetées, en 2023, un recul de 5% de la fréquentation comparé à 2022 a été observé. Ajoutez à cela la coupure en 2021 en raison de la Covid 19, ayant notamment éloigné la clientèle étrangère, le temps n’est pas particulièrement à la fête pour les stations.
Les solutions ne se sont pas fait attendre
Outre la traditionnelle neige de culture, d’autres solutions ont été pensées par les stations depuis de nombreuses années. À Megève dans les Alpes, la ville a souhaité varier son offre rapidement. « Megève a une chance, sa transition a commencé il y a bien longtemps » précise Caroline Denat, directrice de Megève Tourisme. Si le tourisme reste lié au ski, « une partie de nos visiteurs choisit Megève car il y a une appétence pour la gastronomie et la culture ». Symbole de ces propos, le Palais, un complexe sportif inauguré en 1969 et clairement revendiqué comme le plus gros complexe des Alpes. Espace aquatique, salle d’escalade, patinoire, médiathèque, restauration… Un ensemble d’activités ouvert à l’année qui permet d’occuper la population lorsque la météo n’est pas favorable. « Nous avons bien plus qu’un domaine skiable », précise Caroline Denat, confortant l’idée qu’un slow tourisme s’est développé année après année.
« C’est fini les journées ou les gens ski de matin au soir »
A quelques centaines de kilomètres de là, dans le Massif central, Super-Besse se base sur le même modèle. Au-delà de sa tyrolienne impressionnante de 1600m fonctionnant hiver comme été, la station s’est mise a développer un centre d’activité pour plaire à toute la famille. « C’est fini les journées ou les gens ski de matin au soir » indique Vincent Gatignol, directeur de la station de Super-Besse. « Les gens veulent quand même consommer, se retrouver entre amis, au chaud ».Un centre Ludo sportif comportant bowling, salle de fitness, parc aventure ravit toutes les familles qu’importe la météo. Confort et polyvalence sont devenus des critères principaux pour attirer des vacanciers.
VIDÉO. J’ai testé pour vous…la tyrolienne de Super Besse https://t.co/Yx1ZpELJjc #Auvergne pic.twitter.com/tLHvLSSvMu
— La Montagne (@lamontagne_fr) August 6, 2017
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L’été et le vélo comme arme de défense
Cette polyvalence d’activités hivernales se cumule avec un regain d’attrait pour la montagne lors de l’été. Les hauteurs sont prisées leur air frais et ses différentes occupations : luge d’été, trail, randonnée. Depuis des années un nouvel arrivant s’est fait une place forte, le VTT. La station de Métabief l’a compris depuis longtemps puisqu’il s’agit de la première station française a avoir accueilli les Championnats du monde de VTT dès 1993. Aujourd’hui « le VTT de descente est accessible à tous. Il n’y a pas de raison qu’il n’y ait pas de pistes faciles comme au ski. » indique Sylvain Philippe, directeur de la Station de Métabief. possédant 25km de pistes aménagées.
La haute montagne a pris le pli, en proposant des épreuves aussi bien débutant qu’extrême comme la MB Race à Megève. À l’occasion de cette dernière, Vincent Ancelin, ambassadeur chez Shimano et ancien compétiteur de VTT précisait que « tous les magasins de sport qui loue des skis d’hiver ont pratiquement un parc de vélo ». Les vélos à assistance électrique (VAE) ont d’ailleurs révolutionné le domaine. Il facilite l’accès à certains lieux notamment pour les citadins et habitant périurbains n’ayant pas l’habitude des dénivelés parfois imposants. Qu’il s’agisse d’un VTT à assistance électrique ou d’un vélo de route, « cela ne retire rien a l’aspect sport et sportif, chaque participant peut choisir son parcours et son assistance ». En croissance constante, « la concurrence est féroce entre les motoristes des VAE, il y en a de plus en plus » constate Vincent Ancelin.
Économiquement, des activités incomparables
Malgré ce développement et cette variété, il ne faut pas se leurrer. « Aujourd’hui, aucune activité n’a été trouvée pour remplacer le ski en terme économique. Ce qui fait tourner une station de montagne c’est le ski alpin » indique Sylvain Philippe, directeur de la station de Métabief. À Super-Besse, les revenus de cyclisme tournent « autour des 120 000€ » d’après son directeur. Un montant bien loin des onze millions générés par le ski alpin.
Cette dépendance des stations au ski est ressortie dans le plan Avenir Montagne de Jean Castex. Dans le bilan dressé en février 2023, « la fragilité́ des montagnes françaises » est assumée par l’état qui cherche un « accompagnement des territoires de montagne vers un tourisme plus durable et plus diversifié ». Chaque territoire s’est vu recevoir des aides adaptées à son patrimoine tel que la rénovation des thermes de bannière de Luchon ou encore « la restauration de zones humides et la création de sentiers sur les sites du lac Genin et du marais de Vaux ». Au total, un montant de 300 millions d’euros a été investi sur trois axes principaux, le tourisme, l’ingénierie, et la mobilité. D’après le gouvernement, ce secteur concerne « 120 000 emplois directs ou indirects « et « 15% de la population française ».
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