Dossier

Paris 2024 – Le CIO demande une couverture médiatique équitable, juste et inclusive

Aurélie Bresson
20.06.2024

Le Comité International Olympique (CIO) a annoncé la publication de la version actualisée de ses Directives relatives à la représentation, un élément clé de ses efforts visant à promouvoir l’inclusion et l’égalité dans la représentation des athlètes par les médias lors des Jeux Olympiques de Paris 2024.

A moins de 50 jours de l’ouverture des Jeux de Paris 2024, l’instance olympique a essuyé les critiques dans certains médias et sur les réseaux sociaux pour s’être risquée à des recommandations sur la façon d’aborder pendant l’événement les questions de parité, d’inclusion et de transexualité.

Alors que les Jeux de Paris 2024 seront les premiers Jeux Olympiques à atteindre la parité femmes-hommes sur l’aire de compétition, la mise à jour des Directives relatives à la représentation entend sensibiliser aux différences dans la manière dont les athlètes féminines – et le sport féminin – sont représentés par rapport à leurs homologues masculins. Lesdites directives fournissent des aide-mémoire et des conseils pratiques pour contribuer à assurer une représentation équitable de tous les athlètes dans toutes les formes de médias et de communication.

Les deux semaines de couverture des Jeux Olympiques sont une occasion unique de mettre en avant de nouveaux modèles forts, positifs et diversifiés, et de promouvoir une couverture équilibrée et une représentation équitable des athlètes dans toute leur diversité – sans distinction de genre, de race, de religion, d’orientation sexuelle ou de situation socio-économique.

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Principaux changements pour 2024

Le CIO a publié pour la première fois ses « directives » en 2018. Une première mise à jour avait été proposée en 2021, pour les Jeux de Tokyo. Une forme d’habitude, donc.

Surtout, le document n’a rien d’un diktat. Christian Klaue, le directeur des relations institutionnelles et des affaires publiques du CIO, le rappelle sur son compte X : il s’agit seulement de recommandations. « Elles guident mais n’interdisent pas. »

S’appuyant sur les versions précédentes des directives, lesquelles ont été publiées pour la première fois en 2018 et mises à jour en 2021, la dernière édition en date est conçue pour favoriser une couverture sportive plus inclusive et plus respectueuse, et comprend des exemples et des références actualisés qui reflètent les dernières pratiques en matière de représentation égalitaire des genres. Une annexe fournit également des définitions, recommande des pratiques linguistiques et propose des conseils pour une couverture respectueuse et inclusive des participants transgenres et non binaires, ainsi que des athlètes présentant des variations de sexe. Cette annexe fait suite à la publication du Cadre du CIO pour l’équité, l’inclusion et la non-discrimination sur la base de l’identité sexuelle et de l’intersexuation en novembre 2021.

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Insister sur la nécessité d’une représentation équitable et paritaire entre les femmes et les hommes

Historiquement, la couverture sportive a souvent mis l’accent sur les caractéristiques non sportives des athlètes féminines, telles que leur apparence physique et leur vie personnelle, plutôt que sur leurs performances athlétiques. Les Directives relatives à la représentation ont pour ambition de remédier à ces disparités en veillant à ce que le sport féminin bénéficie d’une visibilité égale et à ce que les athlètes féminines soient célébrées pour leurs exploits en compétition.

Les directives actualisées entendent donc aider les médias et les créateurs de contenu à proposer une information et une communication équilibrées sur différentes plateformes, notamment dans la presse écrite, dans le numérique, à la radio et à la télévision. En appelant à des pratiques médiatiques plus inclusives et plus représentatives, le CIO espère changer la perception du public et promouvoir de nouveaux modèles diversifiés dans le sport.

Mais le document de 33 pages n’a pas été perçu comme tel par certains médias. Le Daily Mail, notamment, y voit une tentative du CIO de censurer les journalistes présents aux Jeux de Paris 2024. Le quotidien britannique suggère que les dirigeants olympiques cherchent à rayer du vocabulaire des envoyés spéciaux une liste de mots « néfastes » pour évoquer les athlètes transgenres. Ils leur demandent de ne pas les appeler « nés hommes », « biologiquement hommes », ni de mentionner un « changement de sexe » aux Jeux de Paris 2024.

 

Des alternatives de langages

A la place, le CIO propose aux médias des alternatives aux mots et expressions qu’ils pourraient être tentés d’utiliser dans leur couverture des sujets liés au changement de sexe et aux athlètes non binaires. Exemples : fille/garçon, femme/homme, fille/garçon transgenre, femme/homme transgenre, ou encore  personne transgenre. « Il est toujours préférable de mettre l’accent sur le sexe réel d’une personne, plutôt que de remettre en question son identité en se référant à la catégorie de sexe inscrite sur son acte de naissance », explique le document du CIO.

Dans les faits, la question des athlètes transgenres ne devrait pas beaucoup occuper les médias aux Jeux de Paris 2024. L’athlétisme, la natation, le cyclisme et le rugby, notamment, interdisent aux athlètes transgenres de participer aux compétitions féminines. A moins de 50 jours de l’ouverture, les Jeux de Paris 2024 n’ont pas encore leur Laurel Hubbard, l’haltérophile néo-zélandaise, devenue aux Jeux de Tokyo la première transgenre de l’histoire à participer à une épreuve olympique.

Mais au-delà de cette question, le CIO ne fait pas mystère de son ambition de profiter des Jeux de Paris 2024, les premiers à respecter la parité hommes/femmes en nombre d’athlètes, pour pousser encore le curseur de l’équilibre. L’instance olympique incite les médias à mieux traiter les athlètes et les disciplines féminines, en oubliant enfin leur « apparence physique et leur vie personnelle », pour se concentrer sur l’essentiel : leurs performances. En clair, à traiter les femmes comme les hommes, sous l’angle purement sportif.

Le CIO cite l’exemple de sa filiale audiovisuelle, OBS, qu’elle a associée au travail de mise à jour de ses directives. Pour les Jeux de Paris 2024, son équipe sera la plus féminine de l’histoire, grâce notamment au recrutement de 35 commentatrices et à une « représentation équilibrée des genres au sein du personnel d’encadrement et des équipes de production sur les différents sites ». A d’ajouter : « Alors que nous nous préparons pour les Jeux Olympiques de Paris 2024, la mise à jour des Directives relatives à la représentation est essentielle à la réussite de notre mission, à savoir fournir une couverture équitable et inclusive de tous les athlètes », explique Yiannis Exarchos, directeur général d’OBS.

Dans moins de 50 jours, OBS veillera également à relayer la parité chez les athlètes par un équilibre entre les deux sexes dans sa couverture des épreuves. En direct et en différé sur le site officiel olympics.com, en mettant l’accent sur les récits et les voix des femmes.

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Aurélie Bresson
20.06.2024

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