Paris 2024 : Ottobock va réparer gratuitement les fauteuils et les prothèses pendant les Jeux paralympiques
À Paris, durant toute la durée des Jeux paralympiques, l’entreprise allemande Ottobock réparera gratuitement les pièces endommagées afin que les para athlètes ne soient jamais pris·e·s au dépourvu, au pire des moments. Un partenariat qui dure depuis trente-six ans.
Entre une prothèse de lame cassée ou un pneu de fauteuil dégonflé, les équipements des athlètes paralympiques nécessitent un support technique à toute épreuve pour briller dans les stades et les gymnases. Spécialisée dans la conception de composants prothétiques (remplacement ou amélioration d’une partie du corps manquante) et orthétiques (compensation d’une fonction absente ou déficitaire d’un membre du corps), le réseau d’appareillage Ottobock occupera durant les Jeux un atelier de 720 mètres carrés, au coeur du village des athlètes répartis sur trois communes en Seine-Saint-Denis, mais aussi sur quatorze autres sites, pour répondre à la moindre demande des sportifs·ve·s. En continue durant la compétition, de 7 h à 23 h quotidiennement, 164 collaborateurs·trice·s seront dédié·e·s à la réparation des pièces. L’occasion d’échanger avec Bertrand Azori, directeur technique du Centre de réparation de Paris 2024, sur le procédé mis en place.
Les Sportives : Le 17 juillet 2023, lors des Championnats du monde de para athlétisme, l’athlète Hunter Woodhall perdait l’un de ses boulons de prothèse de jambe cinq minutes avant de disputer la finale du 400 m. Ému aux larmes de devoir abandonner, cet événement avait bouleversé le stade. Comment empêcher ce genre de situation ?
Bertrand Azori : On fait en sorte de pouvoir assurer jusqu’au dernier moment le support technique. On est présent au village olympique, on a le workshop (atelier) principal, mais aussi sur 15 venue (lieux) avec des techniciens pour parer à toute éventualité.
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De quoi dépend votre faculté à réparer dans les tous derniers instants ?
Tout dépend du temps que demande la réparation. Dans ce cas-là (celui d’Hunter Woodhall), il fallait refaire toute une partie de la prothèse et on n’avait matériellement pas le temps. Il faut aussi qu’on ait la référence, mais aux Championnats du monde à Charléty (le stade à Paris), on avait un mini workshop puisque c’était un événement moins important que les Jeux. À l’inverse, aux Jeux paralympiques de Tokyo, on avait 17 000 références différentes. On essaie d’avoir tout à disposition. Normalement, on peut parer à toutes les situations. Le sujet est celui du temps de refabrication parce qu’il y a des temps de collage, des temps de pose, etc.
Grâce à la modélisation numérique, vous fabriquez directement de nouvelles pièces sur mesure pour les para athlètes. Mais cela pose une question écologique sur le réemploi…
Cela varie selon les pièces concernées. On travaille avec beaucoup de digital, on aura une imprimante 3D à disposition au village à Paris. L’avantage, c’est que ça nous permet de fabriquer des pièces très spéciales qui sont soit non référencées, soit qu’on n’a pas le temps de recevoir.
Mais alors, les pièces cassées sont-elles jetées, recyclées ou encore données ?
On a des filières de recyclage, et notamment à Paris où il y aura tout un dispositif avec des bacs pour bien séparer les différents déchets. Mais à partir du moment où c’est une pièce cassée on ne peut pas la remettre en place sur un autre dispositif. Et en termes de management du risque, c’est impossible de l’encadrer. Donc toutes les pièces défectueuses sont détruites.
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Votre partenariat avec les Jeux paralympiques de Paris sera gratuit. Comment cet arrangement est-il viable pour votre entreprise ?
C’est un considérable dispositif qu’on met en place depuis de nombreuses années puisqu’on est présent sur tous les Jeux depuis 1988. À Paris, ça sera une énorme équipe qui sera là pendant un mois puisqu’on s’installe au moins dix jours avant le début de la compétition. Il y a des athlètes qui viennent du monde entier et qui ont besoin de s’adapter aux conditions, à la météo et autres. Ils sont là en amont, donc on doit être présent pour eux dès le départ.
Quel est le coût d’une opération comme les JOP pour Ottobock ?
Pour le modèle économique en lui-même, ce qui compte, c’est surtout l’engagement d’Ottobock par rapport à tous les athlètes. Ce que nous faisons depuis trente-six ans. Nous estimons être gagnants sur l’image donnée par notre entreprise et les retombées médiatiques liées à ce partenariat.
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Tous les techniciens d’Ottobock n’ont pas la chance de participer à un événement mondial comme celui-ci. Comment les choisissez-vous ?
Quand on sélectionne les technicien.ne.s, on valorise celles et ceux que l’on veut envoyer aux Jeux. Parce que c’est la crème de la crème. C’est un événement qui reste ancré dans leur vie à tous. Ça leur permet pendant trois semaines d’être au contact des meilleur·e·s avec des challenges quotidiens.
Propos recueillis par Alessia Colizzi
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