Philippe Chatrier et Suzanne Lenglen font partie des courts principaux de Roland-Garros et depuis mars 2019, un troisième porte le nom plus méconnu de Simonne Mathieu. Longtemps dans l’ombre de son homologue Suzanne Lenglen, elle est pourtant une femme au parcours de vie hors norme qui a marqué le tennis français, pour ensuite s’affirmer au sein de la résistance dans les années 1940.
Tout comme Suzanne Lenglen, Simonne Mathieu a été une grande dame du tennis Français. Double tenante du titre en simple à Roland-Garros, n°2 mondiale dans l’entre 2 guerres, 11 fois championne de France, 13 titres en Grand Chelem… Sa carrière fait d’elle l’une des plus grandes joueuses de tous les temps, et pourtant ce n’est que récemment que son nom est mis à l’honneur. Elle reste, toujours aujourd’hui, la Française au meilleur palmarès féminin derrière Lenglen.
Née en 1908 à Neuilly sur Seine dans une famille de la haute bourgeoisie, c’est naturellement qu’elle s’initie au tennis, discipline pratiquée par sa classe sociale, mais surtout une des rares autorisées pour les femmes. Simonne Mathieu commence à se démarquer par son style de jeu et son caractère bien trempé. En 1926, la Française parvient à faire douter la championne américaine Helen Wills à seulement 18ans, c’est le début de sa carrière. Son imparable coup droit commence à lui apporter classements et victoires. Tout d’abord en double dames, la joueuse accompagnée d’Elizabeth Ryan s’empare des internationaux de France en 1933, puis de Wimbledon en 1937. En simple elle performe également mais 1938 sera l’année d’apogée, Simonne Mathieu remporte pour la première fois, après 6 finales disputées, le précieux tournoi de Roland-Garros en simple (6-0/6-3). Pour cette édition elle réalisera d’ailleurs l’exploit jamais réitéré de faire le triplé, en s’emparant également du double dame et du mixte. En pleine confiance, elle s’imposera l’année d’après, toujours à Roland-Garros. Pendant cette dizaine d’années, elle fait briller la France à l’international, enchaînant les trophées, comme celui d’Angleterre ou encore de Californie. Après son deuxième titre Porte d’Auteuil, nous sommes en 1939 et sa carrière prend un autre tournant à l’annonce de la guerre.
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Simonne Mathieu, l’appel de la patrie
En pleine gloire sportive, sa vie bascule. Septembre 1939, la double tenante du titre à Roland-Garros est à New-York pour un tournoi et apprend que la France rentre en guerre contre l’Allemagne nazie. C’en est fini avec le tennis, elle rentre dans son pays pour rejoindre les bancs de la résistance et devient l’une des premières femmes à s’engager dans la lutte. En juin 1940, la France cède pendant la seconde guerre mondiale mais certains refusent de rendre les armes et se rendent à Londres pour résister. C’est le cas de Simonne Mathieu qui crée le premier corps féminin de la France libre à la demande du général de Gaulle. Sa raquette au placard, elle a désormais la lourde tâche de commander et d’entraîner plus de 150 femmes. Sur la radio BBC à faire des appels aux Français, en passant par les services de renseignement ou encore aux côtés de De Gaulle à Alger, elle dédit ces années de vie à sa patrie, laissant de côté ses enfants et son mari restés eux sur le continent. Jusqu’à la libération le 26 août 1944, elle aura été une des pionnières de la résistance.
Simonne Mathieu fait son retour sur le court le 17 septembre de la même année pour un match de la libération, mais cette fois-ci en tant qu’arbitre. Sa carrière de joueuse est terminée, elle devient capitaine de l’équipe de France féminine puis présidente de la commission féminine à la Fédération française de tennis. Malgré ce parcours hors norme, cette figure de la résistance et du tennis féminin retombe vite dans l’oubli, amenant avec elle ce qu’elle a accompli. Simonne Mathieu s’éteint en 1980, emportée par la maladie et ce n’est que récemment que son histoire a été redécouverte et qu’un court à Roland-Garros lui a été dédié.
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