À Livry-Gargan, un terrain au nom de Marianne Mako, journaliste de Téléfoot
Le 8 mars 2023, un terrain à Livry-Gargan, en Seine Saint-Denis, portera le nom de Marianne Mako, décédée en 2018 à 54 ans. Un hommage à la journaliste de Téléfoot, qui fut une pionnière. Entretien avec Florence Mako, sa soeur.
Elle a été la pionnière et beaucoup ne l’ont pas oubliée. Marianne Mako, célèbre journaliste de l’émission Téléfoot et première femme dans le milieu du journalisme du ballon rond, sera mise à l’honneur cette semaine. La Mairie de Livry-Gargan, ville où elle est née, où elle a grandi, va donner son nom à l’un de ses terrains du Parc des Sports Alfred-Marcel-Vincent. Cette dénomination entre aussi dans le cadre du programme « Sport et Parité » des collectivités Terre de Jeux 2024, qui ont renommé leurs infrastructures sportives avec des noms de femmes. En amont de la cérémonie organisée le 8 mars à Livry-Gargan, sa sœur, Florence, a accordé un entretien aux Sportives.
Les Sportives : Racontez-nous un peu cette passion de votre sœur pour le foot…
Florence Mako : Avec ma sœur, on était fans de foot : on vivait dans une petite rue où tout le monde respirait le foot. Mon père y jouait à proximité avec les pères de son âge et chacun ramenait ses enfants, dont Marianne et moi. Il y avait une ambiance très sympa. À l’époque, ma soeur soutenait l’AS Saint-Etienne et elle a bien sûr suivi leur épopée de 1976 à la télé. Et à côté, Marianne faisait aussi du foot en club à Vaujours.
À lire aussi : Laetitia Blot, en quête de renaissance
Par la suite, elle a été la première journaliste de Téléfoot, une émission de foot à la télé.
Oui, dans un milieu d’hommes, et en ça, ça a été super dur. Marianne ne se définissait pas comme pionnière : elle voulait juste devenir journaliste, puis journaliste dans le sport, parce qu’elle a vu qu’il y avait une place à tenter. Ma sœur a commencé par de la radio, sur France Inter, puis Didier Roustan lui a parlé de cette place au service des sports, puis à Téléfoot, où le succès est arrivé.
Effectivement, les gens l’aimaient…
Elle était appréciée. Aimé Jacquet lui a ouvert beaucoup de portes à l’époque du Mondial. Il y a ensuite eu le livre de Thierry Roland et les propos sexistes qu’il a eu envers elle et envers les femmes dans le foot. Le public l’a soutenue, mais certains se sont engouffrés dans la brèche pour la virer. Marianne recevait beaucoup plus de courriers que ses collègues. Donc forcément, ça créait de la jalousie. Je me souviens aussi qu’à l’époque où TF1 voulait la licencier, elle est rentrée un jour au Parc des Princes, et le stade s’est mis entier à hurler : « Marianne, on t’aime ! » Moi je n’y étais pas, mais elle me l’a raconté. Elle avait le public avec elle, même les plus machos. Mais pas le soutien de sa direction.
À lire aussi : Rallye Aïcha des gazelles du Maroc : la 32e édition lancée à Nice
Qu’a fait Marianne après ses années à TF1 et sur les plateaux de Téléfoot ?
Ma sœur ne s’y attendait pas, elle pensait que sa popularité l’aiderait. Le contrecoup, c’est qu’elle s’est éloignée. Marianne a voyagé, en a profité pour couper. Et puis elle a écrit un livre pour le Mondial 1998, Ces hommes en bleu. Ensuite, elle a notamment été rédactrice en chef d’un magazine qui s’appelait Bleu, Blanc, Foot. Et puis, au bout d’un moment, ma sœur a quitté une fois pour toutes le milieu. Après cela, elle a travaillé dans la communication pour entreprises. Je crois que le contrecoup a été fort et qu’elle n’avait plus envie de se battre.
Avez-vous reçu beaucoup de messages au moment de son décès ?
J’ai été surprise de l’ampleur qu’a eue l’annonce de son décès. Je ne pensais pas qu’elle avait autant marqué les gens de sa génération. J’ai reçu beaucoup de messages de ses confrères, même de ceux qui n’avaient pas été gentils avec elle. Elle est restée amie avec certains confrères, mais chez d’autres, il y avait beaucoup d’hypocrisie. Après, sur les dernières années de sa vie, toutes ces histoires, en réalité, elle n’en parlait plus… Elle était passée à autre chose.
À lire aussi : Alice Lévêque transmet sa passion pour la nutrition dans son livre
En voulez-vous encore à certaines personnes, aujourd’hui ?
Je suis triste car je pense que c’est un grand gâchis. Elle aurait eu énormément de choses à apporter et à la fin, elle n’avait plus l’énergie. Elle ne s’est pas battue pour revendiquer quelque chose. À l’époque, les mots « sexisme » et « féminisme » n’existaient pas comme maintenant. Mais si elle avait pu, si elle avait été moins sensible, si elle avait été moins blessée, elle aurait eu quelque chose à faire.
Propos recueillis par Assia Hamdi
Vous avez relevé une coquille ou une inexactitude dans ce papier ?
Proposez une correction à notre rédaction.
Vous avez aimé cet article ?
Retrouvez tous nos articles de fond dans le magazine
S’abonner au magazine