À moto, Audrey Rossat retrouve les pistes du Dakar

Seule Française à avoir franchi la ligne d’arrivée lors du Dakar 2021, Audrey Rossat avait décidé de ne pas reprendre le départ du célèbre rallye. Mais, poussée par ses sponsors et ses fans, la pilote de moto la plus titrée de France est à nouveau sur les pistes d’Arabie Saoudite depuis le premier janvier, pour cette édition 2022. La soif d’aventure a repris ses droits.

Audrey Rossat est l’une des trois seules concurrentes à avoir pris le départ de la mythique course à moto. Elle s’était pourtant résignée à ne plus y retourner après sa 59^ème place au classement général et troisième place chez les féminines l’année passée. « En 2021, c’était le Dakar parfait. Et j’avais peur de repartir entre autres à cause de cela », expose la sportive de haut niveau, habituée des courses de moto-cross et enduro.

L’envie était trop forte, ses fans voulaient encore vibrer. « Il y a quelques mois, je me suis rendue compte que cela me manquait. En enduro, on roule dans des endroits étriqués, entre les arbres. Dans le désert, chacun fait sa trace. Ce sentiment de liberté fait du bien. Et les sponsors sont venus vers moi. » Décision prise. Une semaine plus tard, le budget de 50 000 euros nécessaires était bouclé. L’objectif fixé pour cette année est inchangé : franchir la ligne d’arrivée. « Je sais que le Dakar est une course qui réserve beaucoup de surprises. Le résultat sera secondaire », explique celle qui avait dû concourir avec une côte cassée dès le cinquième jour de course. Tout comme l’année dernière, elle porte le dossard 100 du célèbre pilote Hubert Auriol. Un coup du destin.

Quand la nuit tombe

Malgré l’expérience engrangée l’année dernière, l’appréhension de la pénombre reste la même. Suivre le roadbook¹Le roadbook est le livre de route suivi par les participant·e·s afin de s’orienter dans le désert jusqu’à la ligne d’arrivée de l’étape. pour s’orienter s’avère être une épreuve à part entière. « J’avais vraiment peur d’être prise au piège par la nuit. C’est toujours le cas. Ça m’est arrivé une fois de vraiment me perdre, j’ai un peu paniqué. J’ai su garder mon sang froid et me remettre dans les bonnes traces. » Même si la balise assure la sécurité des participant·e·s en cas de déroute, l’esprit de compétition prédomine. Il faut arriver dans les temps pour se projeter sur la journée suivante. En 2021, Audrey Rossat avait passé, en moyenne, douze heures et 700 kilomètres par jour sur la moto. La compétitrice sait désormais à quoi s’attendre.

« En arrivant au bivouac, il faut encore refaire ses affaires pour le lendemain, manger, passer chez le kiné. L’année dernière, mon arrivée la plus tardive était à 21h15. Certains pilotes rentraient à 1 heure du matin pour repartir à 5 heure. Il faut réussir à toujours accrocher le wagon. » Un engrenage. 

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De l’enduro au Dakar

Si la pilote performe sur les pistes ensablées, c’est le résultat de longues années d’expérience sur la moto. La championne s’est dernièrement distinguée lors des championnats d’Europe par une troisième place en individuel et l’or par équipe. Motivée par son entraineur Romuald Boyon, qui avait lui aussi participé au rallye, Audrey Rossat veut repousser ses limites.

« J’étais dans mon confort avec l’enduro et la moto cross, et se dire à 36 ans que je repars sur quelque chose que je ne connais pas du tout, dans laquelle je ne vais pas forcément être performante, c’est accepter de se remettre en question. C’est un défi mais cela fait du bien », explique la sportive passionnée de moto depuis ses 4 ans.

Une expérience hors du commun qu’elle a eu à cœur de raconter dans son ouvrage Retour du Dakar, cap 100 détours. Un récit pour combler la frustration. « Je ne pouvais pas vraiment raconter ce que je vivais car je n’avais pas le temps sur l’épreuve. Je l’ai fait au retour sur les réseaux sociaux, en revenant sur chaque journée vécue. Beaucoup de gens m’ont invité à écrire un livre. » Avec ce nouveau départ, la pilote ouvre un nouveau chapitre dans son aventure.

Propos recueillis par Claire Smagghe

Crédit photo : A.S.O

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Notes

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  Le roadbook est le livre de route suivi par les participant·e·s afin de s’orienter dans le désert jusqu’à la ligne d’arrivée de l’étape.