Aline Clément est à quelques mois près, la plus ancienne coureuse de l’aventure Donnons des Elles au Vélo. À 40 ans, cette professeure d’EPS gravit les sommets et avale les kilomètres chaque été depuis trois ans afin de promouvoir le cyclisme pour les femmes et militer pour le retour d’une course à étapes. Passionnée de sports d’endurance, qu’elle pratique sur sa terre vosgienne, ce projet est l’aboutissement de son parcours sportif et militant.
Depuis le plus jeune âge, le sport fait partie intégrante de la vie d’Aline Clément. C’est avec le football et le tennis qu’elle entame son parcours d’athlète. Très jeune déjà, s’affranchir de certaines barrières faisait partie de son quotidien. « Quand j’étais petite, j’ai commencé le football avec mes frères. À l’époque, je me suis demandée si moi aussi j’avais le droit. Mes parents ont tout de suite accepté et j’ai joué toute mon enfance et adolescence avec les garçons. Jusqu’à ce que ça ne soit plus autorisé par le règlement fédéral. »
Si l’intégration dans l’équipe semble parfaitement réussie, Aline se rappelle les railleries lorsqu’elle foulait les crampons sur les terrains adverses. « J’étais protégée par les copains face aux critiques des adversaires. D’ailleurs, j’ai souvent été capitaine. À la fin du match, j’avais le respect parce que je me débrouillais bien. Mais à chaque match, il fallait à nouveau faire mes preuves pour être respectée sur le terrain. J’ai pu les remettre en place juste en faisant mon boulot sur le terrain. Une espèce de challenge à chaque instant finalement », explique l’Azmontaine.
Le vélo pour remonter la pente
Plusieurs blessures au genou mettent un terme à son parcours de footballeuse et de tenniswoman. Le vélo apparait alors dans la vie d’Aline Clément à des fins de rééducation avant de devenir une passion. « Avec la natation, c’était la seule chose que je pouvais faire. Je me suis inscrite à Bruyeres Triathlon. J’ai pris ma première licence en 2003. Le but au départ, c’était de bénéficier des créneaux piscine. De fil en aiguille, j’ai fait un peu de vélo. D’abord comme mode de transport jusqu’au plaisir de faire des sorties vélo. » D’abord un premier triathlon en 2006 sur un petit format. Puis, le volume d’entrainement augmente. En 2011, elle fait son premier triathlon XL de Gérardmer.11,9 km de natation, 93 km de vélo et semi-marathon – 1900 m de D+ Pour la première fois cette année, la vosgienne ne prendra pas le départ, en raison de la crise sanitaire.
Du défi sportif à l’engagement associatif
En 2017, Aline découvre Donnons des Elles au Vélo grâce à l’application Strava2Réseau social de suivi d’activités d’endurance. et se projette instantanément. Adepte des épreuves longues, c’est d’abord le défi physique et la montagne qui l’ont attiré avant de s’identifier davantage au projet. « En cherchant davantage, je me suis rendue compte que le projet me correspondait tout à fait. À ce moment là, je me suis dit, relever ce défi donnerait du sens à ma pratique sportive quotidienne. »
Un an plus tard, la Vosgienne est sélectionnée dans l’équipe qui prendra le départ de l’aventure. Le département lui offre une visibilité considérable, les regards changent. « Au début, j’avais l’impression d’être vue différemment alors que je n’avais pas changé. J’étais toujours la même. Les grands champions vosgiens connaissaient mon nom parce que le département me mettait en valeur. Il y avait un décalage entre comment je me voyais et la manière avec laquelle les gens me regardaient », raconte la professeure d’EPS. De fil en anguille, la sportive accepte ce rôle et fait en sorte de pouvoir partager toutes les valeurs du projet avec les gens qui s’y intéressent.
Et pour la suite ?
En 2018, lors de l’arrivée sur les Champs-Elysées, Aline n’a qu’une seule envie, continuer et repartir. Une seule crainte existait : que l’aventure soit terminée définitivement. Aujourd’hui, elle fait partie du bureau du club omnisport qui pilote ce projet et n’imagine pas qu’un jour le projet puisse avoir lieu sans elle. Cette année, l’étape Clermond-Ferrand – Lyon a fait office de consécration dans son parcours militant. « Le patron du Tour de France masculin a fait l’honneur de sa présence au moment du départ et a confirmé qu’il travaille à l’organisation d’un Tour de France féminin pour 2022 et la tenue d’un Paris-Roubaix à la fin de l’année ». Les efforts finissent toujours par payer !
Propos recueillis par Claire Smagghe
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