Amy Purdy dévale les pistes du monde entier sur son snowboard, danse la samba comme personne et ne se départit jamais de sa joie de vivre. Amputée des deux jambes à 19 ans, la jeune Californienne a pris son destin à bras le corps pour continuer à vivre ses rêves. Amy mène désormais de front sa carrière de snowboardeuse à haut niveau et une activité de conférencière et de mannequin. Récit d’un parcours empreint de combativité, d’espoir et de persévérance.
Amy Purdy découvre le snowboard à l’adolescence. Talentueuse et passionnée, elle atteint rapidement le haut niveau. Et puis, à 19 ans, tout bascule. Amy est atteinte d’une forme rare de méningite bactérienne, une de celles offrant les plus minces chances de survie. Elle parvient à s’en sortir de justesse, mais ses jambes ne peuvent être sauvées : elle est amputée en dessous du genou. Sur son lit d’hôpital, Amy se raccroche à un fol espoir : elle remontera sur sa planche de snowboard avant la fin de l’année. Pourtant, à sa sortie d’hôpital, rien ne paraît moins sûr. Très affaiblie, elle pèse 42 kg et doit entamer une lourde rééducation. Mais alors que tout semble s’être effondré autour d’elle, Amy saisit « cette seconde chance que la vie [lui] offre ». Elle travaille dur pour s’adapter à ses prothèses et retrouver des forces.
Sept mois seulement après son amputation, Amy Purdy tient sa promesse et rechausse sa planche de snowboard. Si les premiers essais sont extrêmement douloureux et peu concluants, Amy s’acharne. Elle contribue à développer de nouvelles prothèses qui lui offrent une meilleure amplitude de mouvement, un plus grand confort et une sécurité accrue. Elle progresse et goûte à nouveau à des sensations trop longtemps oubliées. « J’aime être dans la nature, rider entre les arbres dans la poudreuse. J’aime aussi le challenge de la compétition, me fixer des objectifs », confie Amy dans une interview. Elle retrouve du même coup sa passion et sa joie de vivre, emportée par un tourbillon d’espoir et de projets qui ne s’arrêtera jamais.
Amy s’impose peu à peu sur les compétitions internationales et remporte un titre de championne du monde de snowboardcross en 2012. Elle s’investit en parallèle dans le développement de l’handisport, et fonde notamment l’Adaptive Action Sports, qui accompagne des personnes handicapées dans leur pratique du skate, du snowboard ou du surf. Elle évoquait récemment dans une interview « je suis heureuse d’inspirer d’autres personnes handicapées et de leur donner de l’espoir. En me voyant faire du snowboard, ils se disent “je pourrais faire ça moi aussi”, et cela les aide à poursuivre leurs rêves et leurs passions. J’ai besoin de m’investir à leurs côtés pour leur transmettre un peu de mon expérience. J’ai eu beaucoup de chance dans mon parcours, avec de magnifiques opportunités, donc c’est important de donner à mon tour. » Amy Purdy a également oeuvré pour l’entrée du snowboard handisport aux Jeux olympiques. A Sochi, elle a ainsi pu ajouter une médaille de bronze paralympique à son palmarès bien fourni.
La jeune femme fait désormais partie des très rares athlètes handisports ultra médiatisés. Car elle n’est pas seulement douée en snowboard : c’est une excellente communicante, qui a su ajouter une activité de conférence, de speaker et même de mannequin à son quotidien sportif. « Quand vous êtes face à l’adversité, que votre corps est transformé, vous vous posez forcément des questions. Qu’est ce que la beauté, la normalité ? Et puis peu à peu, vous vous rendez compte que vous êtes unique et que l’important c’est d’être vous-même. A partir de là, tout est possible », assure Amy lors de ses conférences.
Être mannequin, c’est un pied de nez, une revanche sur la vie, sur ce corps mutilé qu’elle a fini par aimer malgré tout. Amy, qui pose nue dans The Body Issue, et multiplie les poses sexys sur son Instagram, a aussi bien compris qu’exploiter son joli minois et sa plastique lui permettait d’ouvrir des portes et de faire passer des messages. « Nous avons tous des handicaps même si certains se voient plus que d’autres. Nous avons tous des obstacles sur notre parcours. Même si votre corps ne ressemble pas à ce que valorise la société, même si la vie vous impose des challenges, il ne tient qu’à vous d’aller de l’avant. » martèle Amy. Elle tient à véhiculer un message positif, empli de force et de courage, pour inviter les valides à poser un autre regard sur le handicap.
Sa cote de popularité a explosé outre-Atlantique après sa médaille paralympique, mais surtout à l’occasion de son apparition dans Danse avec les stars quelques mois plus tard. Finaliste de l’émission, Amy estime « être fière d’avoir prouvé ce que l’on peut faire quand on y croit et que l’on travaille dur. » Pour pouvoir danser des chorégraphies aussi exigeantes que celles des autres candidats, Amy a travaillé sur des prothèses spécifiquement adaptées, avec des chevilles hydrauliques et même des talons hauts ! « La technologie actuelle rend tellement de choses possibles », rappelle celle qui a dansé avec un robot lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux paralympiques de Rio.
Le sport a été pour Amy un éxutoire, un but et une raison de vivre. Il lui a aussi permis de devenir l’un des porte-paroles du handicap, transmettant ainsi les valeurs qui lui tiennent à cœur.
Lucy Paltz
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