À la rencontre des sportives

Angélique Pichon : « Je suis fière d’avoir participé à toutes les compétitions internationales »

Mélodie Gagneux
06.02.2024

Les amoureux du basket connaissent Céline Dumerc, ceux du basket fauteuil vous raconteront le parcours d’Angélique Pichon. Seule sa participation à la Champions Cup manquait à son palmarès international. Le 2 et 3 février en Autriche, la basketteuse de 45 ans a bouclé la boucle avec le CTH Lannion. Dernier objectif de carrière : se qualifier à nouveau pour les Jeux, à la maison.

Il est 13h25, dans un grand complexe sportif à la sortie de Vienne, en Autriche, Angélique Pichon et les bretons du CTH Lannion jouent leur troisième match du weekend de Champions Cup face à Hambourg. Le speaker se prépare pour la présentation des équipes. Un a un, les joueurs s’avancent devant la tribune désertée par le public en ce samedi après-midi ensoleillé. Angélique Pichon est la première appelée. Furieuse de sa prestation de la veille, elle est désormais pleinement concentrée et n’a qu’une envie : « Prendre du plaisir ! ». En tapant dans les mains de ses coéquipiers, son visage s’illumine. Elle savoure.

 

Angélique est ailière du CTH Lannion classée 4,5. Un code déterminé par un examen médical qui indique un handicap minimum. Née avec les pieds bots, elle porte un handicap invisible. Une malformation opérée à la naissance, une arthrodèse qui vient bloquer l’articulation. « Au quotidien je peux marcher et rester debout, mais cela crée beaucoup de fatigue. J’ai donc un fauteuil », détaille la sportive.

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Le dépassement de soi comme leitmotiv

Longtemps éloignée des terrains de sport, la contrainte physique n’a pourtant pas découragé cette battante quand il a fallu se lancer. C’est seulement à 15 ans qu’elle rencontre l’équipe local de basket-fauteuil au restaurant où les joueurs de St-Pol-De-Léon déjeunent avec leur adversaire du jour. La famille d’Angélique connaît des membres de l’équipe et entame la discussion. Il ne faut qu’un bref échange pour que la jeune fille décide de se lancer sur les parquets. Il ne lui aura fallu qu’un an avant de se lancer dans la compétition. Dans cette pratique mixte au sein des clubs, l’environnement a séduit la joueuse. « J’étais mineur et eux avaient la trentaine : c’était une ambiance très familiale ».

Quelques petites réparations pour Angélique Pichon entre deux matchs.

Quelques petites réparations pour Angélique Pichon entre deux matchs.

Mais ce qu’elle aime dans le basket, c’est le dépassement de soi. « Ne jamais lâcher, c’est le plus important ». Rapidement, elle participe à des stages régionaux et nationaux. Sa mentalité de guerrière la conduit à rejoindre le CTH Lannion en 2001, un club qui a toujours fait confiance aux joueuses féminines. « J’y ai trouvé un fort esprit de collectif, une famille : notre force, c’est de jouer ensemble car nous avons besoin de tout le monde pour gagner nos matchs. » Une jeune équipe avec des valeurs communes se construit, gravit les échelons nationaux et emmènent amener le club vers les sommets européens.

Cette année, c’est la première fois que le CTH Lannion participe à la Champions Cup. Le graal européen. « Je suis fière d’être ici car j’aurai participé à toutes les compétitions internationales. » Champions Cup et Euroligue avec son club, l’Euro et le Championnat du Monde avec l’équipe de France féminine. Et surtout, les Jeux Paralympiques de Londres et de Rio. Le parcours d’Angélique n’en reste pas moins monumental et en fait aujourd’hui la capitaine tricolore. Un rôle qui lui va comme un gant, elle qui aime échanger avec les joueuses et les coachs, faire le lien, apaiser, mettre les pieds dans le plat quand il faut. Et sur le terrain comme sur le banc, Angélique est une leader.

 

La maternité : une priorité

En parallèle de sa vie d’athlète, Angélique croque pleinement sa vie de famille. En 2001, alors qu’elle venait de prendre part à son premier match en équipe de France, face aux anglaises, Angélique se marie, avec le parfum de victoire et les mains crevassées par le combat d’une rencontre acharnée. Deux ans plus tard, la France se qualifie pour le championnat d’Europe pour sa première compétition officielle depuis de trop nombreuses années. Angélique n’ira pas : elle est enceinte de son premier enfant. « La maternité était clair pour moi, c’était une priorité ». Après l’accouchement, elle est inquiète pour la reprise et de l’arrivée d’un nouvel entraineur à la tête de l’équipe de France. Mais ce dernier la rassure et elle se lance, elle reprend le rythme : la motivation du haut niveau ne l’a jamais quitté. Son corps est habitué à l’effort.

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Paris 2024 dans le viseur

Aujourd’hui, trois enfants à ses côtés pour la soutenir, Angélique est toujours là, la rage au ventre de tout donner sur le terrain pour son dernier rêve : les Jeux à la maison. « Je sais que ce sont les derniers et j’ai envie encore de vivre ces émotions ». La France n’est pas encore qualifiée pour Paris 2024 et devra se rendre à Osaka en avril prochain pour le TQP (Tournoi qualificatif Paralympique). Angélique s’accroche à son plus beau souvenir de carrière pour pousser l’équipe. En 2011, l’équipe arrache la qualification face à l’Espagne en Israël lors des championnats d’Europe. « J’ai fait quatre fautes rapidement et j’ai dû sortir. Blandine Belz a sorti le match de sa vie. C’était incroyable. 20 ans après notre dernière participation ». Le rêve est à portée de main avec ce TQP qui s’annonce féroce. Tout comme notre équipe de France et sa capitaine.

Mélodie Gagneux
06.02.2024

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