Audrey Cordon-Ragot : « Ce 2ème Tour va permettre de tester la notoriété grandissante du cyclisme féminin »
En stage en Andorre puis alignée sur le CIC Tour féminin international des Pyrénées, Audrey Cordon-Ragot est au cœur de sa préparation pour le Tour de France 2023 qui débutera le 23 juillet prochain. La séparation complexe avec son ancienne équipe, puis l’arrivée in extremis chez Human Powered Health, n’ont pas rendu son début de saison de tout repos. La Bretonne se confie sur son nouveau quotidien et donne son regard sur le tracé de la grande boucle féminine.
Les Sportives : Comment se passe votre intégration au sein de votre nouvelle équipe Human Powered Health ?
Audrey Cordon-Ragot : Tout se passe bien. J’ai été lancée dans le grand bain juste avant Paris-Roubaix. Je n’ai donc pas forcément eu de stage d’intégration, mais cela n’a vraiment pas été difficile de trouver mes marques. On m’a très bien accueillie, tout le monde avait à cœur de m’intégrer rapidement.
Vous serez alignée au départ du Tour de France femmes 2023. Est-ce qu’étant donné les nombreuses péripéties que vous avez connues cette année, c’est un soulagement d’y participer ? Avez-vous peur de ne pas pouvoir y aller ?
Oui. Au moment de l’affaire avec mon équipe précédente (Zaaf Cycling Team, NDLR) j’ai eu peur. Je me suis posé des questions. Mais dès que j’ai eu la confirmation, juste avant Roubaix, d’intégrer Human Powered Health, on m’a donné la certitude de pouvoir faire le Tour.
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Ce Tour 2023, est-ce l’objectif de la saison pour vous ?
Je ne dirais pas ça, car une saison c’est long. On a des objectifs qui viennent les uns après les autres. Mais il est vrai que le prochain objectif c’est le Tour. Peut-être même plus que les championnats de France (du 22 au 25 juin à Hazebrouck et Cassel, NDLR).
Pourquoi ?
Parce que c’est compliqué d’avoir des pics de forme sur une durée aussi longue. L’objectif, c’est d’être vraiment en forme sur le Tour car j’aurai plus de liberté que l’an passé où j’avais un rôle de coéquipière, avec une leader qui jouait le général. Là ce n’est pas le cas. On y va dans l’optique d’aller chercher une ou deux victoires d’étapes. Ça me laisse un peu plus de latitude pour vraiment préparer la course comme je l’entends et arriver là-bas avec des ambitions d’étapes.
Comment vous sentez-vous à deux mois du départ ?
Pour le moment je me sens bien. Le début de saison a été plutôt réussi et j’ai eu plusieurs podiums, donc je suis en forme. J’ai une équipe qui me met en confiance. J’ai hâte de revenir sur le Tour avec l’envie d’être performante, mais aussi d’aller chercher de beaux souvenirs. C’est quelque chose qui motive à être là en Andorre, à galérer, car ce n’est franchement pas simple. Mais c’est pour la bonne cause et de tout ça il n’y aura que du positif. Le travail paie toujours et ça j’en suis persuadée.
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Que pensez-vous du tracé de cette 2e édition du Tour de France femmes ?
C’est un tracé qui est vraiment différent de l’an passé. On a moins d’étapes dédiées aux pures sprinteuses. Et je pense que c’est pour ça qu’on voit des rouleuses de premier plan qui passent très bien les bosses. Parce que justement sur le Tour, nous allons devoir passer les difficultés dès la première étape.
Cette première étape qui réserve une belle bosse dans les dix derniers kilomètres…
Oui et pour gagner, il va falloir la passer aisément. Je pense que c’est vraiment un Tour propice aux puncheuses et sprinteuses dans un premier temps, puis aux grimpeuses sur le week-end final avec cette double montée Tourmalet et Col d’Aspin.
En effet, cette année, il y a notamment le Tourmalet…
C’est un col que je n’ai jamais grimpé, et ce n’est pas du tout une étape que j’affectionne… Ce sera une journée où il faudra essayer d’arriver dans les délais tout en gardant un maximum d’énergie pour être en forme le lendemain sur le contre-la-montre. Néanmoins, je pense que l’on va prendre beaucoup de plaisir en tant que coureuses car il y aura surement beaucoup de monde sur le bord des routes !
Nouveauté cette année, l’épreuve du contre-la-montre pour la dernière étape à Pau le 30 juillet.
Ce chrono final me plait bien et j’espère qu’il me sourira. Ce n’est pas un chrono d’un jour où les concurrentes arrivent fraiches comme sur des championnats nationaux ou mondiaux. Là, nous aurons toutes une semaine dans les pattes. Ça va être intéressant.
Que pensez-vous du choix d’ajouter un chrono ?
C’est une bonne chose. Déjà car personnellement, c’est une discipline que j’affectionne. Et pour une étape finale je trouve ça sympa. Ça permet aux spectateurs de nous voir une par une et de pouvoir apprécier cette dernière journée en tant que coureuse. Les rouleuses auront une chance de plus de s’imposer sur une étape, donc je ne peux pas dire que ça ne me plait pas. Et ce sont des routes que je connais déjà, puisqu’en 2019 nous avions fait La Course by Le Tour sur ces routes-là.
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Visez-vous la victoire sur ce chrono ?
L’ambition c’est d’aller chercher un beau résultat, peut-être pas la victoire, car ce sera compliqué. Le top 3 au classement général sera surement bien installé, mais certaines vont vouloir aller chercher des places dans le top 10 donc ça risque d’être un contre-la-montre très disputé.
Le départ se fera le même jour que la dernière arrivée des hommes, mais pas au même endroit comme l’an passé. Est-ce une bonne idée ?
Ce qui est intéressant cette année, c’est qu’ASO (Amaury sport organisation, l’organisateur de la course, NDLR) essaie une nouvelle version où l’on ne partira pas de l’endroit où les hommes arrivent. C’est aussi peut-être pour tester la notoriété de ce Tour féminin. Organisateurs et athlètes étaient surpris du monde présent en bord de route ! Cette année nous serons loin des Champs Élysée. Cette 2è Tour va permettre de tester la notoriété grandissante du cyclisme féminin.
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