Béatrice Barbusse : « Les dirigeantes sportives vivent des inégalités importantes et des situations sexistes dont on ne parle pas suffisamment »
Béatrice Barbusse est enseignante-chercheuse à l’Université Paris-Est Créteil (UFR Administration et échanges internationaux). Docteure en sociologie, agrégée de Sciences sociales, elle est vice-présidente déléguée de la Fédération française de handball. Le 29 mars prochain paraitra son livre intitulé Dirigeantes Sportives et plafond de verre, une histoire inachevée, aux Éditions Les Sportives. Béatrice Barbusse questionne la place des femmes dans la direction des sports. Pourquoi sont-elles si peu nombreuses ? Quelles sont précisément leur mission et leur rôle ? Rencontre, à l’occasion de la parution du premier ouvrage de la collection « Les Engagements ».
Les Sportives : Pourriez-vous revenir sur la genèse de ce livre ?
Béatrice Barbusse : J’ai décidé d’écrire ce livre parce que l’on parle souvent des inégalités entre les sportives et les sportifs et qu’en général on n’y inclut pas les dirigeantes. Or, elles sont souvent « des femmes de l’ombre » qui participent au bon fonctionnement du sport fédéral sans qui les sportifs et les sportives ne pourraient pas pratiquer leur sport.
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Cette thématique n’est pas (ou très peu) abordée dans les ouvrages, pourquoi est-ce important d’en parler ?
C’est important d’en parler parce qu’elles vivent des inégalités importantes et des situations sexistes dont on ne parle pas suffisamment et qu’elles sont souvent isolées et très peu visibilisées. Et parce que c’est de là que tout part. La féminisation des instances est une des solutions pour créer un environnement sportif plus égalitaire et plus supportable pour toutes et tous. En étudiant leur condition d’exercice, on se rend compte que c’est toute l’organisation du sport qu’il faut revoir. Enfin, parce que c’est une population au sens sociologique du terme qui est peu étudiée, comme je le souligne dans le livre, alors que les études sur les sportives sont plus nombreuses.
Est-ce le moment idéal de sortir cet ouvrage maintenant à 138 jours des Jeux olympiques et paralympiques ?
J’ai envie de vous répondre qu’il n’y pas de mauvais moment pour dévoiler des faits qui sont souvent cachés ou invisibles mais en effet, le fait que les Jeux se passent à Paris en 2024 est une occasion particulièrement pertinente pour mettre davantage en avant la situation des femmes dans le sport et ici des dirigeantes. À l’heure où on se gausse de Jeux paritaires qui pourraient faire croire que l’essentiel du chemin vers l’égalité dans le sport a été parcouru, il est important de rappeler les barrières et les profondes inégalités que rencontrent les femmes lorsqu’elles parviennent à atteindre les marches du pouvoir sportif, comme il est également fondamental de montrer ce qu’elles font, qui elles sont, les difficultés concrètes qu’elles rencontrent dans l’exercice de leur fonction car on n’aborde peu ces questions en général.
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