À la rencontre des sportives

Bérengère Jourdain, parcours d’une arbitre en D1 Arkema

Les Sportives Centre-Val de Loire
30.03.2023

Bérengère Jourdain est arbitre de football depuis 15 ans. L’arbitrage lui a ouvert de nouvelles portes et lui a permis de continuer sa passion. Depuis 2021, elle officie en D1 Arkema. Rencontre. 

Les Sportives : Quel est votre parcours football, hors sifflet ?

Bérengère Jourdain : Avant mon parcours d’arbitrage, j’étais joueuse dans un club au nord de Tours, qui s’appelait l’Union sportive de Rouziers, et maintenant le FC Gâtine Choisilles. J’ai joué là-bas de la catégorie débutant à moins de 15 ans en équipe mixte, c’était au niveau départemental. J’aime dire que je suis toujours licenciée dans ce club du Gâtine Choisilles, mais maintenant en tant qu’arbitre.

Comment en êtes-vous arrivée à prendre le sifflet : une envie, un test ou le hasard ?

À partir d’un certain âge, je n’avais plus le droit de jouer en équipe mixte. Il fallait que je joue obligatoirement dans une équipe féminine. Il y a une dizaine d’années, sur le secteur de l’Indre-et-Loire, il y avait très peu de clubs avec des équipes féminines, hormis le Tours FC. Malheureusement, ça faisait trop loin pour me licencier dans ce club. Pendant une ou deux années, j’ai donc accompagné ma maman qui était éducatrice sur les terrains de football. C’est un petit peu par hasard, en allant au district d’Indre-et-Loire pour la recherche d’un stage de 3e, que je suis tombée sur Marcel Bacou (ancien arbitre de national) qui m’a dit : « Passe des examens d’arbitrage, tu resteras dans le monde du football. » J’ai passé les épreuves théoriques, que j’ai obtenues, et l’aventure a commencé.

Quel est votre parcours arbitre ?

En 2008, j’ai commencé en tant qu’arbitre de district où j’arbitrais les catégories de jeunes. Ensuite, en 2012, j’ai décidé de m’orienter un peu sur l’assistanat, donc à cette époque-là j’arbitrais les jeunes et je faisais un peu de touche en catégorie seniors, toujours masculin. Ultérieurement, il faut faire un choix et j’ai décidé de passer à 100 % arbitre assistant. En 2014, je suis devenue arbitre de lignes dans région Centre-Val de Loire. J’ai officié sur quelques championnats féminins mais c’était très rare. J’étais principalement sur la compétition masculine et depuis 2019 je suis toujours arbitre assistante, mais je suis passée au niveau fédéral.

« On ne peut pas se permettre de ne pas travailler à côté »

Pouvez-vous vivre de l’arbitrage ? Comment s’articule la fonction avec la vie quotidienne ?

Au niveau fédéral, c’est vraiment propre à chacun selon sa situation personnelle. Pour ma part, aujourd’hui, je ne peux pas en vivre, c’est un peu juste. Quand on a pas mal de charges, on ne peut pas se permettre de ne pas travailler à côté. Après j’ai des collègues pour qui il n’y a pas de soucis mais actuellement pour moi je ne peux pas me le permettre.

Quel est le style d’entrainement spécifique à votre formation arbitre ?

Chaque arbitre a son propre fonctionnement. Personnellement, j’ai un préparateur physique et toutes les semaines il m’envoie un planning d’exercices. Quand j’ai commencé à travailler avec lui, je lui ai expliqué le contexte d’avant, pendant et après match, ainsi que les spécificités des courses d’un assistant de ligne, quels étaient les tests physiques que je devais réaliser lors des stages que ça soit à la Ligue ou avec la Fédération française de football. L’objectif, c’est que ça soit complémentaire avec le préparateur physique fédéral quand je suis en stage d’arbitres.

Y-a-t-il eu des envies de laisser tomber ?

Oui. C’était quand j’ai raté l’examen pour passer « arbitre de Ligue » et j’ai échoué. Je me suis dit que j’allais arrêter et sans regret j’ai changé d’avis, j’ai bien fait !

Qu’est ce que ça fait d’officier pour la première fois en tant qu’arbitre de la D1 Arkema ?

Mon premier match dans l’élite c’était en D1 Arkema, je me souviens que c’était au Paris FC et si je ne me trompe pas c’était au grand stade de Robert-Bobin à Bondoufle. Une belle infrastructure. Franchement, c’était du plaisir avec un peu d’appréhension bien évidemment, une dose de stress et de nervosité mais en premier lieu : du plaisir. Je n’en garde que des bons souvenirs, et un peu de fierté aussi.

« Je n’ai jamais vécu de comportements déviants avec des joueurs ou des joueuses »

Avez-vous déjà arbitré des hommes ? Est-ce différent d’un match féminin ? 

J’ai commencé à arbitrer des hommes et j’en arbitre toujours quand je ne suis pas désignée sur le championnat de D1 Arkema. Je suis désignée dans ma Ligue Centre-Val de Loire sur le championnat de national 2 masculin ou national 3 masculin. La différence avec un match féminin ça va être la partie physique, on ne peut pas comparer physiquement un homme et une femme, on n’a pas du tout les mêmes capacités donc ça va plus vite et parfois c’est même plus technique chez les garçons. Aujourd’hui, chez les féminines, c’est de plus en plus technique, de plus en plus propre entre les joueuses.

En tant qu’arbitre femme, je n’ai jamais vécu de comportements déviants avec des joueurs ou des joueuses. Je pense que les hommes ont ce respect aussi parce que je suis une femme, donc il n’y a pas de la confrontation avec moi, ils ont le respect de ma fonction. Concernant les femmes, ce sont des joueuses professionnelles et elles jouent à haut niveau donc il n’y a jamais eu de problèmes de comportements lors d’un match.

Bérengère Jourdain a fait le choix d'évoluer au poste d'arbitre de ligne. Une fonction qu'elle occupe régulièrement en D1 Arkema.

Bérengère Jourdain a fait le choix d’évoluer au poste d’arbitre de ligne. Une fonction qu’elle occupe régulièrement en D1 Arkema.

Le parcours de Stéphanie Frappart est impressionnant. Votre ambition est-elle de suivre sa voie, de passer arbitre central et d’évoluer au niveau international ? Comment passe-t-on d’un échelon à l’autre ?

Non, je ne souhaite pas passer arbitre central. C’est vrai que son parcours est impressionnant et unique, mais non je n’aurai pas la même carrière, parce qu’il n’y a qu’une Stéphanie Frappart. J’aurai mon propre parcours et on ne peut pas comparer Stéphanie Frappart à d’autres arbitres. C’est son parcours, sa carrière, ses matchs, elle a sa manière d’arbitrer. Moi je suis Bérangère, j’aurai un autre parcours. En revanche, d’avoir un parcours plus ou moins similaire ça donne envie ! Il faut passer des tests pour passer en catégorie supérieure, et il y a également un système de montée/descente en fin de saison. Dans l’avenir, il y aura peut-être des passerelles pour les arbitres D1 Arkema pour la L1 ou L2 masculine.

Votre rêve d’arbitre, si tout est réalisable, c’est quoi ?

Disons que j’ai deux objectifs : j’aimerais à l’avenir arbitrer dans un championnat masculin, donc passer sur la National, Ligue 2 ou même Ligue 1. Si c’est envisageable, pourquoi pas passer sur la compétition internationale avec le badge FIFA d’arbitre international et ça serait du championnat féminin. Pour y parvenir, je vais devoir réussir les examens théoriques et physiques adaptés aussi aux championnats qui sont plus élevés, donc il y a tout un travail à faire pour y parvenir.

« Il y a beaucoup moins de barrières par rapport à il y a 10 ans »

Un message à faire passer à une jeune fille pour l’inciter à suivre votre voie ?

« Allez-y ! » c’est souvent ce que je dis. Tout d’abord, l’arbitrage ça apporte énormément sur le plan personnel et sportif. J’étais une personne timide et réservée, ça m’a beaucoup aidé à extérioriser. On rencontre beaucoup de nouvelles personnes. Il y a des belles rencontres, je voyage un peu et découvre de belles infrastructures.

Pour conclure, ça permet de rester dans le monde du football pour les jeunes filles qui n’ont pas la chance de percer en tant que joueuse. Elles peuvent devenir arbitres et rester quand même plus dans le monde du football. Il y a des opportunités pour tout le monde. Il y a beaucoup moins de barrières par rapport à il y a 10 ans. Elles peuvent devenir ce qu’elles ont envie d’être : arbitre, entraîneure, joueuse. C’est une belle aventure !

Les Sportives Centre-Val de Loire
30.03.2023

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