Elle a intégré en 2011 la réserve du PSG, l’une des références du football féminin. Retour sur le parcours de la responsable de la section féminine au Paris Alésia FC, Betty Noël. Passée par le CA Paris ou encore le RC Saint-Denis, elle est actuellement joueuse à la VGA Saint-Maur et dans la sélection nationale du Luxembourg.
Betty Noël n’était pourtant pas destinée au football. Tenniswoman au départ, la Parisienne se passionne pour le ballon rond dans la cour de récréation : « J’étais la seule fille et je ne me suis jamais posée de questions. C’était surtout une révélation. J’ai souhaité m’inscrire dans un club pour le plaisir, mais mon père était plutôt réticent. Il considérait que le football était un sport de garçon. » Une bataille sans faille que Betty a dû affronter de l’âge de 8 ans jusqu’à ses 13 ans. La jeune femme n’avait pas forcément de joueuse modèle. Elle ne connaissait même pas Marinette Pichon, internationale française méconnue à l’époque. Ce qui n’empêchera pas Betty d’aller au bout de son rêve puisqu’elle s’installe avec sa mère au pays des kangourous, où elle débute le foot au Darwin FC, un club au nord de l’Australie, pendant trois ans. Là-bas, elle découvre un football beaucoup plus développé que dans l’hexagone. « Le football féminin n’avait pas la même connotation qu’en France. En Australie, une femme qui pratique ce sport, c’est normal. Dans ce pays, j’ai réussi à me lâcher. » Meilleure buteuse et attaquante du club, Betty s’est rapidement adaptée à l’environnement océanien.
Premiers pas vers le haut-niveau
De retour en France, Betty Noël n’a qu’une envie, poursuivre vers cette voie. « J’ai dit à mon père : si je ne fais pas de football, je retourne vivre en Australie et je ne reviens pas. Finalement, mon père a fini par accepter. J’ai évolué dans plusieurs clubs. » La VGA Saint-Maur pendant un an, l’association Bon Conseil qui est devenu le CA Paris dans le 14e arrondissement de Paris, la réserve du PSG durant deux années en DH, tout comme le club d’Issy-les-Moulineaux et l’équipe nationale du Luxembourg… la femme de 32 ans, ayant la double nationalité française et luxembourgeoise, a goûté au haut niveau. « Lorsque j’ai commencé à Saint-Maur, j’étais souvent sur le banc et comme je revenais de l’étranger, ce moment m’a paru surprenant. Je me suis rendu compte que le niveau était bien meilleur qu’en Australie. » C’est lors d’un match en deuxième division que la jeune femme est victime d’une rupture des ligaments croisés du genou. Un événement qui l’a stoppé dans son élan. « Cette période était difficile, mais c’est à partir de ce moment que je me suis remise en question. Cet événement m’a permis de réfléchir à mon futur, à ma vie professionnelle et personnelle, et surtout à ce que je voulais vraiment. J’ai pris le temps et je ne voulais surtout pas brûler les étapes », constate la joueuse. Betty se relève lors de sa rééducation et reprend petit à petit le chemin des terrains. Tout d’abord au Tremblay Football Club, puis au RC Saint-Denis avant de terminer sa carrière au club de VGA à Saint-Maur, où elle joue actuellement. « Lorsque j’étais petite, je ne voulais pas devenir footballeuse professionnelle, je détestais la compétition. Seulement, plus j’avançais avec l’âge et moins c’est devenu possible parce que je n’ai pas forcément pris le chemin qu’il fallait pour me diriger vers le professionnalisme. Maintenant, je me dis que c’est ça que je voulais faire. »
Ses plus belles années au PSG
La compétitrice dans l’âme se souvient surtout des moments marquants dans sa jeune carrière, notamment avec le RC Saint-Denis. « Lors d’un barrage il y a deux ans pour nous maintenir en D2, nous perdons le match aller 3-1 à l’extérieur, face à Calais. Le président était furieux, il criait dans les vestiaires et voyait son club au fond du trou. Mais lors du match retour, le coach a diffusé des vidéos de nos proches, qui croyaient en nous. Ce moment m’a beaucoup touchée et la plupart des joueuses étaient en pleurs. C’est à ce moment-là que j’ai senti une certaine effervescence, quelque chose de magique. On était forcément plus fortes et personne ne pouvait nous battre. Victoire 3-0 et nous réussissons à nous maintenir. Ce que j’aime dans le football, c’est sa palette d’émotion entre les pleurs, les rires, les joies. On ne trouve ça nulle part ailleurs. » Durant son passage au PSG, Betty Noël a la chance de côtoyer des joueuses professionnelles comme Kheira Hamraoui, Marie-Antoinette Katoto, Grace Gayoro ou encore Hawa Cissoko. « Le plus important, lorsqu’on pratique le football, c’est d’avoir envie. Avoir envie et surtout travailler car quel que soit le niveau de la personne, elle arrivera toujours à progresser et à réaliser ses rêves. »
« Une femme qui joue au football en 2021 est devenue presque banale. »
Joueuse, chargée de communication, coach et médiatrice tout terrain
Et si la jeune femme n’est pas devenue joueuse professionnelle, elle est toujours restée dans ses convictions et dans ses principes. Betty évolue toujours dans le monde du foot. Le foot, c’est sa vie et elle le concrétise sur le terrain en tant que joueuse amateure, chargée de communication, mais surtout dans le coaching, où elle coordonne l’École de football féminine du Paris Alésia FC, le projet Madame Football Club avec Ferhat Cicek, l’académie de la seconde chance et travaille avec l’association KlubNCo en organisant des séances individuelles. « Une femme qui joue au football en 2021 est devenue presque banale. C’est désormais ancré dans les mœurs. Cela ne choque plus personne de voir une femme avec un ballon aux pieds. Même s’il reste quelques exceptions. » Voilà pourquoi Betty s’investit tant pour promouvoir le football féminin. Elle transmet son expérience aux plus jeunes. Une continuité logique dans son parcours. C’est son histoire. L’histoire d’une femme qui a choisi ce sport parce qu’elle l’aime. « À travers mon parcours, je montre aux filles que l’on peut mêler vie professionnelle, vie sportive et vie privée, sans être obligée de tout arrêter. Ce n’est pas incompatible. On développe sa confiance en soi, on affirme sa personnalité, on communique plus facilement et on a moins de mal à s’adapter et à aller vers l’autre. » La saison dernière, l’école de football féminine du Paris Alésia FC présentait une soixantaine de licenciées, et malgré une baisse conséquente de l’effectif des joueuses cette année à cause de la crise sanitaire, la responsable du pôle ne s’avoue pas vaincue. « Cette baisse est un peu frustrante, surtout que nous voulions construire et instaurer les nouvelles catégories U15 et U18, mais la tendance reprendra forcément. Sur les réseaux sociaux, j’expose ce que je véhicule dans le club et forcément, ça donne l’envie de venir. »
Grande actrice du football féminin
Pour cela, la femme organise souvent des portes ouvertes en fin de saison, ouvertes à tou·te·s afin de faire évoluer les mentalités. Par la suite, elle souhaiterait même développer des événements autour des femmes éducatrices. « Certaines n’osent pas franchir le pas et cette porte ouverte leur permettrait de venir tester le coaching durant une séance, même si elles n’ont pas de diplômes. Cela peut également créer des vocations. Ensuite, elles auraient la possibilité de suivre des formations dans un certain cadre, même si ce n’est pas obligatoire. » Il faut le dire, le statut d’entraîneur·e demande de la patience, de la compréhension, de la crédibilité et une forme de caractère. « J’ai grandi dans un milieu d’homme donc j’ai eu plus de facilité à m’intégrer. Lorsque j’échange avec eux, ils se rendent compte que je connais mon sujet. Par contre, je connais une éducatrice qui a reçu des critiques de la part de son père. Pour lui, ce n’est pas un métier et il met beaucoup plus de barrières. » Betty Noël, leader et plutôt extravertie de nature, a su s’imposer au bon moment pour faire de sa passion son métier. « La casquette de joueuse et de coach m’aide dans le rapport maître et élève, de par mon expérience, mais aussi avec mes connaissances footballistiques. Je fais attention à mes choix et aussi aux paroles. Une fille qui débute ne peut pas tout acquérir en quelques séances. C’est un challenge. » Un challenge que Betty Noël a du plaisir à affronter au quotidien.
« Je suis contente de l’investissement que je mets au quotidien dans le développement du football féminin. Je n’ai aucun regret. »
La force tranquille
Sa plus grande fierté réside chaque jour dans la progression de ses joueuses. « Les jeunes m’observent avec des étoiles plein les yeux. Je prends énormément de recul et je regarde toujours le point de départ d’un·e joueur·se et son point d’arrivée. La femme est beaucoup plus dans la psychologie, l’affection, l’émotion, par rapport à un garçon. La pédagogie utilisée est donc différente. » Et même si sa fin de carrière réside dans un coin de sa tête, Betty Noël garde une grande force mentale. « En termes de niveau et de capacité, je pense que j’ai atteint mon maximum. Je me suis toujours dit que lorsque je n’évoluerai plus, j’arrêterai la pratique. En tout cas, je suis contente de l’investissement que je mets au quotidien dans le développement du football féminin. Je n’ai aucun regret. »
Propos recueillis par Solène Anson
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