Championne de MMA, infirmière et maman, les victoires d’Audrey Kerouche
À 33 ans, la Marseillaise Audrey Kerouche s’est imposée comme l’une des meilleures combattantes de MMA. Plongée dans le quotidien bien rythmé de cette sportive, également infirmière à Marseille et maman d’un petit garçon.
Numéro 1 française de MMA en moins de 52 kilos, Audrey Kerouche a été témoin et actrice de l’implantation de la discipline en France et à l’étranger. La vie de cette jeune trentenaire, championne et soignante, a toujours été marquée par le sport. Une passion transmise par son papa marathonien, à l’adolescence. « Impossible de rester en pyjama jusqu’à 11h : il me réveillait pour aller courir avec lui ! » Après des années à courir, elle débute par curiosité à 17 ans le MMA avec son compagnon, Yvan Sorel, gérant de l’un des rares clubs à Marseille. « Je n’avais jamais pratiqué de sport de combat. Mais au club, une jeune femme me battait tout le temps… Je suis compétitrice donc j’ai persévéré, jusqu’au jour où elle n’a pas réussi à me soumettre. Et là, je me suis dit que ce sport était fait pour moi. »
Treize ans plus tard, Audrey Kerouche n’a pas encore lâché le MMA et la Team Sorel existe toujours. Aujourd’hui, comme chaque jour, après sa journée d’aide opératoire à l’hôpital Nord de Marseille, Audrey part chercher son fils de six ans, Eyden, et file au club pour s’entraîner avec Yvan, devenu son coach. « Le matin, j’amène mon fils à l’école, je pars travailler de 8h à 16h, et je vais m’entraîner. Et le week-end, c’est les entraînements, suivis de la musculation et du footing. » Des jours de repos ? Niet. « Si je ne m’entraîne pas, c’est que je suis malade. C’est un besoin, pour ne pas être mal mentalement. De toute façon, quand je suis allongée dans le canapé, mon fils est toujours là pour me dire de filer m’entraîner ! »
Une combattante expérimentée à l’étranger
Touche à tout, Audrey Kerouche, ceinture noire de bugei et ceinture bleue de ju-jitsu brésilien, a aussi pratiqué le kick-boxing, le muay-thaï, le kenpo ou encore le grappling. À la Team Sorel, Audrey a débuté dans les années 2010 par le pancrace, une variante du MMA mais sans frappes au sol. « J’aimais ce sport car il est très technique et il demande de beaucoup réfléchir, de réagir aux erreurs de l’autre… »
Puis, elle s’est dédiée aux arts martiaux mixtes, tandis que la discipline n’était pas encore légalisée en France. « Comme le MMA n’était pas encore reconnu en France, il était mal vu. Lors de nos démonstrations dans des galas de boxe, les gens nous huaient. Les pratiquants de notre club allaient combattre en Angleterre ou en Allemagne, où le MMA était plus développé. » À force de travail, Audrey est devenue numéro 1 française chez les moins de 52 kilos, ce qui lui vaut d’être sollicitée en novembre 2021 pour combattre au Bellator 270, un prestigieux évènement d’arts martiaux mixtes en Irlande. « Mon adversaire, Danni Neilan, était très technique. J’ai fait mes trois rounds presque difficilement : elle m’a battue mais pour moi, c’est une victoire. Peu de personnes ont participé au Bellator avant moi. »
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Développer le MMA à Marseille
Sur place, la Française a vécu le rêve de tout champion de MMA. « La salle, ce public… je n’ai jamais vu ça en France. J’avais l’impression d’être au stade Vélodrome un soir d’OM-PSG ! Quand on a dit mon nom, j’ai entendu des « f*** you » et ça m’a presque fait plaisir ! » Un engouement pour la discipline qui tranche, selon elle, avec ce qu’elle a pu voir jusqu’ici en France, où le MMA n’est légal que depuis début 2020. « On a une pesée tous les matins et les organisateurs nous encadrent bien. On se sent en sécurité. Le MMA est déjà professionnel, alors que chez nous, il reste du retard en médiatisation et en professionnalisation. C’est dommage car beaucoup de gamins pourraient s’épanouir par ce sport. »
En 2022, la Team Sorel espère réveiller la scène marseillaise du MMA en montant un évènement local, le Spartan Fighting Championship. « Il y a eu des évènements de kick-boxing, de boxe anglaise. Mais autour du MMA, ce serait un début. » Quand à son avenir dans le MMA ? « Je sais que j’approche de la fin de carrière. Mais si on me propose de participer de nouveau au Bellator, je serai prête. Et même s’il faut que je sois prête dans trois jours. »
Propos recueillis par Assia Hamdi
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