Charline Picon : « Pendant un bon moment de la manche, je savais que j’étais en or »
Tout juste médaillée d’argent des Jeux olympiques de Tokyo en planche à voile RS:X, Charline Picon savoure sa breloque. Après l’or décroché à Rio, les sentiments sont partagés pour la véliplanchiste. Entre joie et frustration, elle regarde déjà vers l’avenir.
Rester concentrée et dans sa routine. Malgré le contexte sanitaire particulier de ces Jeux olympiques de Tokyo, la médaillée est restée focalisée sur son objectif : l’or olympique. Lors de la dernière régate, qui devait départager les trois médaillables, le clan français a retenu son souffle. Espérant creuser l’écart avec la Chinoise Yunxiu Lu. « Pendant un bon moment de la manche, je savais que j’étais en or mais je sais aussi que rien n’est jamais défini jusqu’à la ligne d’arrivée. Je n’ai regardé que sur le tout dernier bord et j’ai vu que l’écart ne suffirait pas pour prendre l’or. J’ai fait la meilleure manche possible donc je n’ai pas de regrets », raconte Charline Picon, devenue la première femme double médaillée en voile.
À deux points de l’or olympique
Avec un temps radicalement différent sur cette dernière course, à l’avantage de la Tricolore, tout était encore possible pour effacer les caprices de la météo et les problèmes techniques de la semaine. Si la championne sait maitriser ses émotions pour ne rien laisser paraitre, sur le plan d’eau d’Enoshima, la semaine a été « compliquée ». Casses d’ailerons à deux reprises et autres péripéties n’auront pas eu raison d’elle. « J’ai fini la compétition avec mon 3ème choix. J’ai eu des algues qui se sont mises dans mon aileron dans des manches ou j’aurais dû faire 3e plutôt que 6e. »
Deux petits points, c’est ce qui a manqué à Charline Picon pour s’imposer à l’issue de la dernière régate. « Aujourd’hui c’est vrai que je ne peux pas m’empêcher de penser à ces deux petits points qui me séparent de l’or. Avec tout ce qui m’est arrivé, le doublé en or était plus que possible. Mais on a réussi à bien se battre et j’ai eu un combat inespéré avec la Chinoise et l’Anglaise. »
L’année supplémentaire pour se préparer, en raison du report des Jeux, était à la fois une aubaine et une crainte. En réussite sur le bassin nippon, les doutes ont été levés. « J’avais quelques appréhensions en me disant que cela pouvait servir davantage aux jeunes qui n’étaient pas prêtes en 2020, mais finalement je l’ai bien géré en m’entrainant avec des jeunes garçons. Je suis contente de ce qu’on a réalisé. » La jeunesse n’a pas dit son dernier mot, Charline Picon non plus.
Une nouvelle planche pour de nouveaux Jeux ?
Ses Jeux achevés, elle réalise le parcours accompli. Après Rio puis Tokyo, la double médaillée n’a plus rien à prouver. L’adrénaline, la compétition et la soif d’émotions l’anime, encore et toujours. « Je crois qu’aujourd’hui j’ai encore la flamme olympique en moi. »
Pour retrouver ces mêmes émotions lors des prochaines olympiades, les véliplanchistes ayant pris le départ au pays du Soleil-levant devront se réinventer. Aux prochains Jeux, les courses RS:X laisseront place aux planches à foil. Des idées de projet, Charline Picon en a à foison. Elle doit prendre le temps de définir la suite de son parcours. Sur la planche ou ailleurs, elle réfléchit à son avenir. « C’est un nouveau challenge pour les 3 ans à venir. Dès début septembre je serai de retour à la salle de musculation, quel que soit le projet choisi. On essayera des nouveaux supports dans la perspective de 2024, on verra bien. » Déjà maman et à la tête de son cabinet de kinésithérapie, ce renouveau n’effraie pas cette sportive multi-casquette.
Crédit photo : Fédération française de voile
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