Chloé Trespeuch : « J’ai mis les choses à plat pour me prouver que je suis légitime à aller chercher des victoires »

Grâce à sa deuxième victoire cette saison, le 3 février dernier à Gudauri (Géorgie), Chloé Trespeuch a parfait son avance dans la course au gros globe de cristal. Entretien avec la reine du snowboard tricolore, actuelle leader du classement général.

Les Sportives : Vous faites un début de saison exceptionnel, avec six podiums dont deux victoires. Quel regard portez vous sur cette première partie de Coupe du monde ? 

Chloé Trespeuch : Très contente d’avoir attaqué cette saison comme ça. J’ai plusieurs objectifs pour cette année. Il y a le globe de cristal bien sur qui me fait rêver depuis plusieurs années. Je ne suis jamais très loin mais je ne l’ai jamais. Donc il y a une espèce de frustration accumulée depuis plusieurs années qui me motivent pour me battre pour ce globe. Et l’autre point c’est d’aller chercher des victoires car j’ai fait beaucoup de podium mais j’ai peu de victoires, donc j’ai envie de travailler sur ça.

Vous avez déjà obtenu deux victoires depuis le début de saison. Qu’est-ce qui vous avez empêché jusqu’à présent d’arriver à ces résultats ?

Au début, je pensais que c’était des coïncidences, des faits de courses. Mais sur 40 podiums, avoir que quatre ou cinq victoires, c’est qu’il me manquait des petits détails. Donc, c’est vraiment l’objectif pour cette année, et commencer avec une victoire aux Deux Alpes, ça a validé le travail mental que j’ai mis en place et toute la prépa physique et technique. Et aller chercher une deuxième victoire le weekend dernier, cela valide aussi que ce n’était pas du hasard et que c’est quelque chose qui est atteignable même si c’est difficile. J’espère m’être prouvée que je suis capable d’aller les chercher.

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Quels sont justement ces petits détails qui vous permettent de franchir un nouveau cap cette saison ?

Chloé Trespeuch à l’entrainement lors de l’étape de Coupe du monde de Gadauri.

C’est vraiment d’y croire, profondément. Je pense que l’année dernière, je ne me sentais pas capable ou légitime d’aller chercher une victoire. J’avais toujours l’impression qu’il y avait une ou deux rideuses plus complètes que moi. Je pense que j’avais ce petit détail qui me freiner et qui faisait que je manquais parfois de quelques forces d’intention pendant la course. La j’ai essayé de me libérer, d’analyser toutes les concurrentes. On est toutes très différentes, j’ai des points fort et faibles mais mes points forts me permettent d’aller chercher des victoires comme toutes les autres. J’ai mis les choses à plat pour me prouver que je suis légitime à aller chercher des victoires.

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Grâce à cette régularité, vous portez, comme l’année dernière en début de saison, le maillot jaune de leader du classement général. Est-ce que c’est une pression en plus ou bien arrivez vous à vous en détacher ?

Ca je pense aussi que c’est un progrès. J’y pense moins cette année, cela influence moins mes courses. Je me demande moins combien de points je vais pouvoir gagner à chaque course. Je vis plus course par course pour aussi remplir cet objectif de victoire et pas seulement celui de classement général sur l’année. Je vis pleinement chaque journée.

Où allez vous chercher les ressources pour jouer tout le temps devant et ne pas tomber dans la lassitude après 13 années sur le circuit ?

Je pense que ce qui fait que je suis de plus en plus constante c’est que je suis tout le temps dans le renouveau. Je ne reste pas sur les acquis. Ce qui a de plus dur et fragile dans le sport de haut niveau, c’est la motivation. Et comme j’ai du mal avec la routine, j’essaye toujours de me stimuler pour changer un peu la manière dont je m’entraine. Cette année par exemple, j’ai décidé d’ajouter le tennis en complément de la préparation physique pour agrandir mon champ de vision, travailler les reflexes et les appuis. C’est ce qui fait que je suis hyper épanouie dans les phases d’entrainement et que je développe d’autres capacités petit à petit. Ca m’aide à continuer de progresser et à rester régulière. Mon coach en veut toujours plus, il est dans le challenge. Ca aide à ne pas stagner pour performer sur chaque étape.