À 30 ans, Clémence Clerc vient de remporter un septième titre de championne de France élite consécutif en water-polo, avec son équipe du Lille université club (LUC). Maman de deux petites filles, manager de son club, la jeune femme est abonnée aux journées très chargées.
« L’organisation ? C’est tout un programme », rigole Clémence Clerc. « Je m’entraîne au water-polo entre quatre et cinq heures par jour, six jours sur sept. » 20 heures d’entraînement par semaine : une charge d’entraînement « standard » pour une sportive de haut niveau. Un peu moins quand on est aussi maman de deux petites filles : Eléni, née en 2018, et Mélina, née en décembre 2020. Pour ajouter encore à cet emploi du temps au cordeau, Clémence Clerc est aussi manager du LUC. « J’ai la chance d’être en télétravail. Ça me permet de garder mes filles avec moi quand je ne suis pas à l’entraînement. » Elle concède tout de même que s’occuper de deux enfants tout en travaillant, « c’est sportif ».
« Je n’avais pas du tout programmé ma première grossesse, se remémore la jeune maman. Je suis tombée enceinte à un mois des championnats du monde. Le timing n’était pas idéal en terme de carrière sportive. » L’arrivée de Mélina, en revanche, a été anticipée. Clémence et son mari Philippos voulaient un deuxième enfant avant les JO de Paris en 2024. Ceux de Tokyo étant reportés d’un an, il devenait difficile d’attendre 2021 pour se lancer dans l’aventure. « J’en ai parlé avec le sélectionneur national, avec le président du club, on a tou·te·s convenu que pour être de retour au top en 2024, le plus tôt serait le mieux. »
Maman, une question de timing pour Clémence Clerc
Clémence s’est entraînée presque normalement pendant ses deux grossesses. « J’ai continué à nager, se souvient-elle. Je faisais des jambes, des passes, je shootais, un petit peu de musculation adaptée, de préparation physique générale. » Seule exception : les contacts, omniprésents en water-polo, qu’elle a évidemment arrêté dès le deuxième ou troisième mois.
Comment revenir au plus haut niveau après avoir accouché ? La Nordiste s’est servie des erreurs commises après sa première grossesse, pour mieux vivre son deuxième retour dans les bassins. « La première fois, je me suis mis énormément de pression, se remémore-t-elle. J’avais l’impression qu’il n’y avait pas de temps à perdre. J’ai repris l’entraînement deux semaines après l’accouchement. Avec le recul, c’était complètement inconscient. Je n’étais pas patiente avec mon corps, pas patiente avec moi même. » Conséquence : un épuisement, aussi bien physique que mental, et un retour au top un an et demi seulement après l’accouchement. Pour Mélina, elle a accepté de prendre le temps. Deux mois sans s’entraîner. Laisser son corps récupérer. « Six mois après la naissance de Mélina, je vois vraiment la différence, relève-t-elle. Je suis beaucoup moins épuisée qu’après ma première reprise. Je ne suis pas encore à mon plus haut niveau, mais je pense que je suis bien meilleure que je ne l’étais six mois après ma première maternité. »
Entre vie de famille et water-polo, « pas toujours facile de cloisonner »
Dans la famille Clerc, il y donc également Philippos Sakellis, le mari… entraîneur et directeur technique de l’équipe féminine du LUC. Lui aussi est en télétravail. On imagine la place du water-polo dans les conversations à la maison ! « Ce sont des métiers de passion, explique Clémence. C’est présent dans nos vies 24 heures/24. Ce n’est pas toujours facile de cloisonner. » Alors, quand il et elle commencent à fatiguer, quand le travail est trop présent, Philippos et Clémence s’interdisent, juste une journée, d’en parler. Une bulle d’oxygène nécessaire pour se ressourcer.
À la piscine, en revanche, la relation entraîneur/entraînée semble plutôt facile à gérer. « Ça peut arriver que je me fasse énormément reprendre pendant l’entraînement, détaille Clémence. Sur le coup je vais être énervée après lui, comme n’importe quelle joueuse. Mais je prends ma douche, et quand je le retrouve dans la voiture, c’est fini. Je suis passée à autre chose. » Si l’entraînement a été difficile, l’entraîneur exigeant, le mari sera toujours là pour la réconforter.
S’entourer pour performer
Le soir, pendant que Clémence et Philippos sont à l’entraînement, « super nounou » garde Eléni et Mélina. « Ça leur permet de se coucher à une heure correcte et de garder leur rythme de sommeil. On s’entraîne jusqu’à 21h30 », précise la maman. Clémence peut aussi compter sur ses parents, qui la soutiennent énormément. « Ils voyagent beaucoup avec mes filles pour me permettre de les avoir à côté de moi en compétition. En janvier dernier, ma fille aînée était à Budapest pour les championnats d’Europe. Elles me suivent un peu partout. » Eléni et Mélina sont les plus grandes fans des coéquipières de leur maman. « Eléni, c’est la mascotte de l’équipe, sourit Clémence, elle adore venir à la piscine. C’est un petit peu la star quand elle vient. Être le centre de l’attention de 15 filles, ça lui plaît ! »
Eleni aura six ans, Mélina presque quatre à Paris, en 2024. Elles seront certainement au bord du bassin pour encourager leur maman avec l’équipe de France. Clémence Clerc n’ira pas à Tokyo cet été. Elle retrouvera la piscine le 15 août pour la reprise de l’entraînement avec le LUC. Objectifs pour les Lilloises cette saison : décrocher un huitième titre de championnes de France d’affilée, et obtenir une première qualification en quart de finale de Coupe d’Europe.
Propos recueillis par Mia Zanchetta
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