Dans l’ombre des Jeux paralympiques, les prémices de la première équipe de France féminine de cécifoot
L’équipe de France masculine de cécifoot joue, ce soir (20h), sa finale paralympique. Dans l’ombre de leurs performances sous la Tour Eiffel, des joueuses tentent depuis plusieurs années de faire naitre la première équipe de France féminine. Pourtant, en 2028 à Los Angeles, les femmes pourraient concourir pour la première fois dans cette discipline.
Jessica Zizzo et Mireille Loeffler jouent au cécifoot mais ne font pas partie de l’aventure des Jeux paralympiques de Paris 2024. Cette pratique du football adaptée aux déficients visuels est réservé aux hommes lors du tournoi olympique. Au Japon, en Autriche, au Maroc ou encore en Angleterre, des équipes nationales féminines participent aux grands rendez-vous internationaux. La dynamique semblait lancée en France à l’occasion d’un stage organisé à Lille le 19 et 20 juin 2021 à l’initiative de Toussaint Akpweh et de la Fédération française handisport en charge du cécifoot. « Le sélectionneur de l’équipe de France garçons a rassemblé toutes les filles de toute la France qu’il connaissait pour nous parler d’un projet d’équipe de France. Il nous a fait rencontrer pendant un stage. Il nous a dit qu’il se concentrerait pour l’instant sur les garçons mais qu’il nous recontacterait. Je n’avais pas grand espoir », raconte l’attaquante Mireille Loeffler, une des sept joueuses convoquées pour ce premier rendez-vous féminin.
« Cela m’a frustré »
Mireille Loeffler ne s’est pas trompée. Depuis, les joueuses n’ont pas été recontactées. Le projet est resté au point mort. « Cela m’a frustré, poursuit l’Alsacienne qui évolue dans le championnat de France avec le Sporting Cécifoot Schiltigheim. Alors j’ai proposé au club de créer une équipe féminine. J’ai rappelé toutes les filles présentes au stage et j’ai organisé un nouveau rassemblement. Ce serait bien qu’on ait une équipe nationale quand même et que l’on nous donne notre chance. » Depuis deux ans désormais, soutenues par les dirigeants du club de l’Est, les sept joueuses reviennent dans la banlieue strasbourgeoise tous les deux mois pour s’entrainer ensemble en plus de leur engagement dans les équipes mixte respectives. « Je suis à Paris en ce moment, et faire les paralympiques, ça donne envie », commente Jessica Zizzo, l’ailière marseillaise.
Au cécifoot : un recrutement des femmes difficile
Avec un vivier d’une petite dizaine de joueuses recensées dans l’Hexagone, le cécifoot a du mal à attirer les femmes dans ses clubs. Le seul championnat existant est mixte et majoritairement masculin. « La difficulté c’est de faire connaitre le cécifoot. Mais surtout montrer qu’il y a des féminines qui peuvent aussi jouer. Nous c’est ce qu’on essaye de faire avec notre équipe de femmes », argumente Jessica Zizzo qui est aussi membre du bureau du Comité départemental handisport des Bouches du Rhône. « Déjà chez les hommes, on a du mal à trouver du monde. On fait de la communication dans les centre d’ophtalmologie, chez les orthoptistes pour attirer les déficients visuels. Il faut être déficient visuel et vouloir tenter le cécifoot. » Il faut dire que sans équipe de France, difficile d’ouvrir la voie, de valoriser des rôles modèles. « On a tendance à vouloir faire comme chez les garçons, d’abord les clubs puis ensuite l’équipe de France. Mais je crois que chez les filles, il faut faire l’inverse. Cela pourrait permettre à d’autres femmes de nous rejoindre », conclut Mireille Loeffler. Ces joueuses de cécifoot qui attendent qu’on leur tende la main n’ont qu’une seule volonté : inspirer.
Crédit photo : Mathieu Richer Mamousse
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