Emeline Pierre est sur le qui-vive. La para nageuse, alignée sur trois épreuves individuelles pour les Jeux Paralympiques de Paris 2024, veut ressortir la tête de l’eau avec la médaille autour du cou. Accompagnée par la FDJ Sport Factory, celle qui a fini huitième sur le 100 mètres dos lors de ses premiers Jeux au Japon a trouvé son équilibre dans les bassins.
Un doux mélange d’ambition et résilience. C’est probablement ce qu’on l’on retient d’un échange sur la vie avec Emeline Pierre. Pourtant, la vie lui a, très jeune, joué quelques tours. A 13 ans, celle qui s’est prise de passion pour la gym tombe de la poutre lors d’une compétition. Son coude droit se disloque. Ce qui aurait pu être réparé a malheureusement empiré. « Une erreur chirurgicale m’a laissé des séquelles. J’ai un manque d’amplitude et de force sur mon coude et mon poignet droit », explique Emeline Pierre. Tout de suite, les médecins qui ont pris la mesure de son goût pour le sport l’orientent vers la natation. Et tout est allé très vite. « On m’a orientée vers le parasport. Et en 2015, j’ai intégré le pôle France handisport à Vichy. J’y suis restée jusqu’au Jeux de Tokyo en 2021. »
Une vie d’adaptation
La jeune fille intègre facilement son handicap. Son entourage comprend que cet accident laissera des traces pour la vie. L’acceptation est difficile. « Je ne m’en rendais pas compte. J’étais jeune, c’était un handicap léger. C’était naturel de m’adapter. Ce n’est que plus tard que j’ai réalisé, mais j’avais déjà intégré le monde paralympique. J’ai vite trouvé une forme de résilience à travers les histoires des autres qui sont souvent plus marquantes. Et donc je n’ai pas vécu la tristesse d’avoir perdu un peu de mobilité. »
Se brosser les dents ou les cheveux et réaliser les tâches de la vie quotidienne s’avèrent parfois difficile mais la paralympienne positive et s’épanouit dans cette discipline qui lui permet d’oublier son handicap. « Le corps trouve des rééquilibrages dans l’eau assez naturellement. On ne voit plus le handicap. »
Tokyo pour tourner la page
C’est au Japon, lors des précédents Jeux Paralympiques, qu’Emeline Pierre, alors âgée de 21 ans, fait véritablement le deuil de son histoire dont elle a désormais bien conscience. « Quelques années avant, je ne pensais pas être sur des Jeux et encore moins sur des Jeux Paralympiques, se souvient-elle. Après l’erreur chirurgicale, il y a eu un procès contre le chirurgien qui a duré 8 ans. Pendant ce temps, l’histoire ne se termine jamais. Tu passes devant des médecins, des experts, encore et encore. Tout s’est terminé l’année avant les Jeux Paralympiques. C’était la fin d’un cycle. Le début d’un autre. »
Côté parents, toutes les questions latentes ont enfin trouvé une réponse. « Ils m’ont vu faire bien plus de choses que ce qu’ils pensaient. » Sa huitième place ne lui a pas offert de médaille mais une autre victoire tout aussi importante dans son parcours de sportive.
« A Paris, je veux monter sur la boite »
Depuis cette expérience japonaise, Emeline Pierre a travaillé dur. Très dur. A Brest, où elle a pris son envol après ses premiers Jeux Paralympiques, elle poursuit ses études de psychomotricienne en parallèle de ses entrainements quotidiens. Double médaillée d’argent et médaillée de bronze lors des derniers championnats d’Europe au printemps, la nageuse de 50 et 100 mètres nage libre mais aussi du 100 mètres dos nourrit de grands espoirs pour la paralympiade parisienne. « Je suis excitée. J’ai envie de pouvoir me lâcher dans le bassin. L’équipe olympique a fait de super Jeux et nous aussi on a envie de faire des super Jeux. J’ai envie de prendre le maximum de plaisir et d’être la plus sereine possible. Cela va vraiment être le mot d’ordre. A Paris, je veux monter sur la boite. »
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