Fanny et Hermine, mère et fille ensemble sur le pas de tir à Chabris
Fanny Durantet et Hermine Girault, la mère et la fille, évoluent ensemble sur le pas de tir à Chabris dans l’Indre. Elles perpétuent la tradition familiale et font des prouesses avec leur carabine, à 10 ou 50m. Hermine a pris goût à la discipline en regardant sa mère, qui s’est elle-même inspirée de ses parents et de son oncle.
Fanny Durantet et Hermine Girault, mère et fille, ont toutes deux baigné très tôt dans l’univers du tir. La famille est attachée au club de Chabris, dans l’Indre, depuis plusieurs générations. « Il y a d’abord eu mon oncle, qui a pris sa première licence en 1976, explique Fanny Durantet. Mes parents se sont greffés, puis j’ai eu ma première licence en 1982. »
Progression en famille
Un doigt sur la gâchette et tout s’enchaine. Quelques mois seulement après ses débuts en compétition, Fanny est 3e des championnats de France cadettes. Le piège, quand le succès est précoce, c’est de négliger le travail. « J’ai pris un peu le melon, mais l’année d’après je me suis ratatinée, c’est là que j’ai compris qu’il fallait un minimum d’entraînement physique. Une fois la technique acquise, je me suis concentrée sur le mental avec mon oncle, compétiteur comme moi. Je mettais toute ma pêche là-dedans. »
Après avoir monopolisé les podiums régionaux, elle a intégré l’équipe de France et décroché plusieurs médailles internationales. Sa progression a malheureusement été stoppée par des problèmes familiaux. Cela dit, elle n’a jamais lâché ni son sport, ni son club. Son oncle, puis son père, ont été présidents du tir sportif Chabris. Bernard Durantet, décédé en 2021, était une figure emblématique de la discipline, bien au-delà du département. C’est lui qui a incité sa fille à reprendre la compétition. Elle l’a fait sans discontinuer et tire maintenant avec la carabine de son père. Depuis peu, elle a également pris la présidence du club de son enfance.
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Entre mère et fille sur le pas de tir de Chabris
Il était presque logique que sa fille Hermine, bientôt 14 ans (elle les aura le 5 décembre), suive la même voie. Comme sa mère, elle a vu les grands s’entraîner et a voulu les imiter. Elles ont en commun l’instinct du tir, mais pas une grande envie de bouger. Aucune n’est adepte des séances d’entraînement. En revanche, elles sont motivées par la compétition, auxquelles elles participent parfois ensemble. Entre complicité et saine rivalité, elles échangent souvent autour de leur passion commune.
Fanny sourit en évoquant la difficulté à rester stable dans son tir : « Je me rends compte que je vieillis. Hermine m’apprend de nouvelles techniques car les miennes sont un peu obsolètes, et les armes sont différentes. » Sourire également sur le visage d’Hermine, pour qui les choses semblent plutôt bien évoluer : « Moi j’ai de la stabilité, je connais bien ma carabine et toutes mes sensations. Quand je tire en compétition, c’est vraiment le mental qui m’empêche de faire les points, le stress prend le dessus. Il y a le battement de cœur quand on tire, du coup, on beaucoup moins de stabilité qu’aux entraînements. » Sa mère renchérit : « Hermine et moi devons travailler notre mental. Il faut réussir à se centrer sur soi et faire complètement abstraction de ce qui se passe autour. »
Passation de pouvoir ?
Faire le vide dans sa tête, c’est ce qui plait à Hermine, le fait de se concentrer uniquement sur le plomb et la cible. Fanny se dit quant à elle transformée : « Je ne suis pas de nature violente, mais quand je suis sur un pas de tir, je dirais qu’il y a quelque chose qui se réveille en moi. J’ai envie d’écraser, j’y vais pour gagner quoi. » Même sans évoluer dans la même catégorie, elles se surveillent du coin de l’œil en compétition. Maman doit se rendre à l’évidence : « Je dirais que maintenant l’élève dépasse le maître. Hermine n’est encore que cadette mais est régulièrement surclassée grâce à ses bons résultats. »
Du sourire aux larmes, d’émotion et de fierté, Fanny embrasse sa fille et enchaîne : « Je suis fière d’elle, surtout qu’en la voyant tirer, je me revois. Quand elle arrive sur son pas de tir, elle est dans son truc. Elle ne bouge pas, elle est costaude, inébranlable. » Du bout des lèvres, Hermine évoque sa volonté d’évoluer à haut niveau. Fanny l’encourage mais veut aussi la protéger, des autres et d’elle-même. Pas question que sa championne perde le plaisir de tirer, par trop d’orgueil ou de pression.
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Le rêve olympique
Trop jeune pour candidater à Paris 2024, Hermine devrait malgré tout être sensibilisée très vite à ce qu’est l’ambiance olympique. Son club de Chabris, près du site olympique de Châteauroux, va recevoir quelques délégations. Elle espère suivre la voie de ses champions préférés, Océanne Muller et Brian Baudouin.
Son oncle et sa mère étaient aux portes des Jeux, alors pourquoi pas elle, en 2028 à Los Angeles. En tout cas, Hermine et Fanny font mentir les statistiques nationales selon lesquelles les femmes sont moins représentées au tir. Dans la famille, elles sont majoritaires, les deux frères d’Hermine n’étant pas adeptes de la discipline. C’est donc elle qui perpétue la tradition, elle est la 3e génération sur le pas de tir.
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