Dimanche 8 août, Allison Pineau et ses coéquipières ont écrit l’histoire en remportant le premier titre olympique de l’équipe de France féminine de handball. Une « consécration » pour la demi-centre, internationale depuis 2007. La Chartraine d’origine se livre sur la fin de sa carrière et le futur de son sport.
Elles n’ont pas attendu la sirène pour fêter leur titre. Cinq ans après la finale perdue à Rio, les Bleues du handball ont pris leur revanche sur les Russes, médaille d’or olympique à la clé (30-25). Deux semaines plus tard, Allison Pineau n’est toujours pas revenue sur terre. « On a accompli quelque chose de grandiose, d’extraordinaire. C’est une consécration. J’essaie de penser tous les jours à ce que signifie être championne olympique, mais ça reste difficile à décrire. » La demi-centre, en équipe de France depuis 2007, a presque tout connu avec les Bleues, des matchs de classement à l’Euro aux titres. À 32 ans, elle savoure donc pleinement « le seul titre international qui [lui] manquait ».
Fin de carrière en 2024
« Je suis plus près de la fin de ma carrière que du début », plaisante-t-elle. En vieille briscarde, elle a endossé le rôle de leader sur le terrain et en dehors. « Je suis un guide, un moteur, j’ai essayé de transpirer toute la détermination que j’ai eu pendant l’année. » La Chartraine a veillé sur le groupe à Tokyo et regarde la nouvelle génération avec tranquillité. « Je ne m’en fais pas pour le futur parce que la France a un vivier exceptionnel, on est chanceuses par rapport à ça. C’est bien qu’elles puissent s’exprimer si jeunes, elles pourront tenir la baraque quand on sera parties. »
Elle aussi arrivée très jeune en équipe de France, elle pose forcément un regard particulier sur Pauletta Foppa. La pépite brestoise a brillé au Japon, inscrivant sept buts en finale. « Elle est vraiment impressionnante, avec beaucoup de sang-froid. Elle m’a épaté pendant ces Jeux, c’est le futur de cette équipe de France », juge Allison Pineau. Celle qui est issue d’une famille guadeloupéenne ne compte cependant pas passer le flambeau si vite. « Il me reste de belles choses à aller chercher. Avec l’équipe de France et surtout en club où je n’ai pas encore gagné la Ligue des Champions, que j’aimerais aller chercher d’ici ma fin de carrière en 2024. » La date est donnée sans préambule, sans effet d’annonce. C’est un fait brut, et un engagement.
La Une de L’Équipe ? « Une frustration »
Allison Pineau aura 35 ans lors des Jeux de Paris 2024, au moment de tourner la page donc. Elle aura derrière elle 18 ans de carrière professionnelle. « J’ai vécu beaucoup de changements dans mon sport, l’évolution est positive. » Un clin d’œil notamment à la convention collective du handball féminin, signée en mars dernier. Mais il reste du chemin à faire. Au lendemain du titre des Bleues, L’Équipe faisait sa Une sur l’arrivée de Lionel Messi à Paris, déclenchant la colère de Cléopâtre Darleux. « La frustration se situe sur le fait que la signature de Messi n’était pas officielle, c’était encore en pourparlers. Je pense qu’un bandeau aurait été plus approprié, tempère Allison Pineau. C’est injuste pour nous car on le mérite et c’était un doublé historique pour le handball français tout court. »
L’ancienne brestoise préfère mesurer le chemin accompli et regarder vers l’avant. « On a plus de visibilité que dans les années 2000. » Pour continuer à faire progresser le handball féminin en France, qui demeure fragile économiquement, elle évoque la nécessité de trouver des investisseurs. « C’est difficile pour des personnes fortunées qui voudraient investir de voir quelle économie est générée par notre sport », regrette-t-elle. Pourtant, ce titre olympique l’a montré : le spectacle, le talent, l’émotion et les fans sont là.
Crédit photo : Emmanuel Bournot
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