Laura Di Muzio a tout connu avec le rugby : des folles années avec le club nordiste de Villeneuve-d’Ascq en première division à une quarantaine de sélections en équipe de France. Bien consciente des problématiques des joueuses de haut niveau, elle préside l’agence LJA Sports1LJA signifie « Ladies are just amazing », ce qui veut dire en français : « Les femmes sont justes incroyables ». qu’elle a créée en 2016 pour faire évoluer leurs conditions de pratique. Une vie à deux cents à l’heure.
« Vous savez ce que vous êtes ? Vous êtes des putains de nanas ! », lançait le coach dans le vestiaire en 2010, un jour de demi-finale de deuxième division de rugby. Les crampons claquaient au sol. Un match à enjeu pour la remontée en première division, l’Élite 1. Laura Di Muzio s’en souvient parfaitement. « J’ai connu l’épopée des huit saisons, à jouer des demis et des finales, à aller jouer les titres au plus haut niveau. C’était magique », partage la rugbywoman. La jeune femme de 31 ans vit l’esprit du rugby. « Aujourd’hui, l’identité “Putains de nanas” est restée mais n’a plus la même connotation, parce qu’on n’est plus que trois dans l’équipe à avoir vécu ce moment. Mais on essaye de perpétuer cette identité dans le groupe à travers les valeurs sous-jacentes de l’engagement, du travail et de l’abnégation. »
« Une horloge dans la tête »
Vivre un rythme acharné ne lui a jamais fait peur. Concilier sport et travail non plus. Après un parcours en section sportive au sein du lycée Watteau à Valenciennes (Nord), la bonne élève s’oriente vers une classe préparatoire aux écoles de commerce. « Il a fallu trouver l’équilibre entre ma pratique sportive le soir, indispensable pour jouer le dimanche et en équipe de France, et puis la journée d’étude qui demandait un fort investissement. » Les difficultés n’ont pas tardé à poindre.
Laura Di Muzio dévoile son statut de sportive de haut niveau le jour de la rentrée scolaire et est immédiatement convoquée dans le bureau du proviseur pour un changement d’orientation en filière BTS. « Laissez-moi un trimestre et on verra si on peut concilier les deux, a-t-elle alors tenté. Si à la fin du trimestre ça se passe mal, j’accepterai de partir. Ne me dites pas que ce n’est pas possible alors que cela ne fait qu’un jour que je suis là ! » Culottée et déterminée, la suite lui donna raison.
Major de promotion à la fin du premier trimestre, l’internationale tricolore finit son parcours et intègre une école de commerce, tout en conciliant sa passion de l’ovalie. « Souvent on me pose la question de savoir si j’aurais aimé être professionnelle. Mais je ne suis pas sûre que ce soit le schéma parfait. Parce qu’une fille à 15 ou 16 ans, à qui on dit qu’elle peut rêver d’un avenir pro dans le rugby, ne préparera peut-être pas la suite de la même manière. »
Extrait de l’article issu du magazine n°22
Crédit photo : Aubin Lipke
À lire aussi : Endurance et nutrition : « Le vrai challenge est de faire correspondre apports et besoins énergétiques »
Notes
Vous avez relevé une coquille ou une inexactitude dans ce papier ?
Proposez une correction à notre rédaction.
Vous avez aimé cet article ?
Retrouvez tous nos articles de fond dans le magazine
S’abonner au magazine