Laura Marino en plein plongeon dans un bassin naturel de la reunion
À la rencontre des sportives

Le plongeon de haut vol en milieu naturel : la nouvelle passion de Laura Marino

Le cliff jumping, ça représente pour moi : le sport, le voyage et le partage !

Daphne Lemercier
03.03.2022

Âgée de 28 ans et championne du monde de plongeon à 10 m par équipe en 2017, Laura Marino atteint les sommets en participant aux Jeux olympiques de Rio. Mais c’est désormais depuis les rochers qu’elle plonge, puisqu’elle a décidé de troquer les piscines pour les bassins naturels. Après un burn-out en 2019, le cliff jumping lui permet de sortir la tête de l’eau et d’expérimenter un nouveau lifestyle. Vous voulez en savoir plus sur ce sport extrême ? Partons à la conquête des plus hautes falaises avec Laura !

Le cliff jumping, qu’est-ce que c’est ?

Le plongeon de haut vol outdoor est une discipline qui consiste à faire des sauts spectaculaires dans des bassins, la mer ou l’océan. C’est très excitant mais aussi très dangereux. Au-delà de l’aspect technique du plongeon, qui l’a bercée de nombreuses années, Laura associe cette activité extrême au voyage, à l’exploration, au partage et aux rencontres. En effet, c’est une excellente opportunité pour explorer le monde et découvrir de nouveaux sites naturels d’exception.

Mais quelle est la différence entre cliff jumping et cliff diving ? Laura nous explique : « Le premier a une connotation plus freestyle, alors que le second est associé à une pratique plus académique, plus officielle. Et moi, je me situe pile entre les deux ! »

Un sport extrême très cadré

Il n’y a pas de prérequis nécessaire à la pratique. Il faut juste « avoir envie de partager des valeurs, être passionné·e et amoureux·se de la nature ! On essaye toujours de transmettre des valeurs autour du respect de l’environnement », défend la sportive. Même si ce sport est accessible à tou·te·s, il se pratique en pleine nature et n’est pas sans danger. Il est donc judicieux de commencer par des petits sauts, augmenter la hauteur progressivement et être accompagné·e par des habitué·e·s.

« On ne doit jamais sauter seule. Il faut vérifier la sécurité sur l’eau et sous l’eau. Assurer la prise d’élan, parce que quand on saute depuis un rocher, le sol peut être instable et s’effriter. Et dernière chose, il faut être sûre de pouvoir remonter après le saut (rires). » Lors de son premier passage à la Réunion, en octobre 2020, elle découvre que les jumpers de l’île ont appris la technique sur le tas, en pleine nature. Pour elle c’est différent, elle doit réajuster sa manière de plonger. En effet, pendant toute sa carrière, le règlement impose de rentrer dans l’eau par le haut du corps, alors qu’au plongeon outdoor c’est l’inverse.

Est-ce que Laura participera un jour aux compétitions de cliff diving (la plus connue n’est autre que le Red Bull Cliff Diving) ? Peut-être qu’elle en fera l’expérience un jour mais cela nécessite beaucoup de préparation et une grosse exigence. « La hauteur est homologuée à 20 m, donc c’est très risqué et violent. Ça se prépare sérieusement parce que l’impact est vraiment dangereux. C’est le haut niveau d’un sport extrême ! » 

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Un art de vivre au quotidien

Proverbe créole

Proverbe créole. Littéralement : « Pas capable est mort sans essayer. » Traduction : « Qui ne tente rien n’a rien. » Crédit photo : Cheyenne Summer Media

Le cliff jumping, c’est aussi une communauté qui partage une philosophie de vie, un lifestyle, comme celle qu’on peut connaître des surfers et des riders. C’est à son arrivée à la Réunion que la plongeuse découvre tout ce monde : « C’est comme si tu ouvrais une porte et que derrière tout est là, prêt à t’accueillir. Et non seulement j’ai appris que tout existait déjà à la Réunion, mais c’était le cas aussi en métropole. »

Il existe différents groupes de cliff jumpers dans le monde, appelés crews. Et les membres de ces collectifs sont systématiquement décrits comme bienveillants et ouverts d’esprit. « J’ai toujours été accueillie avec beaucoup de bienveillance. Aussi bien avec les Mahavéli à la Réunion que dans mon premier crew en métropole, alors que j’étais la seule fille », se souvient Laura. C’est un sport individuel certes, mais l’esprit de groupe y est très fort, parce qu’il faut avoir confiance en ses partenaires qui assurent la sécurité. Le partage est aussi une valeur essentielle au sein des différents groupes. « La passion c’est une chose, mais si tu n’as personne avec qui la partager, ça n’a pas le même sens », avoue la cliff jumpeuse.

Une renaissance grâce au plongeon outdoor

Un nouveau mode de vie

Si Laura est tombée amoureuse de cette discipline, ce n’est pas un hasard. Elle l’avoue : « Je suis accro à l’adrénaline du saut. » À la fin de sa carrière en 2019, malgré la période difficile qu’elle vit, elle ressent immédiatement l’envie de voyager et de continuer à plonger, différemment. Cependant, elle ne veut pas retourner dans ses travers, car le plongeon l’a emmenée très haut mais aussi très bas. Elle tente donc d’abord une vie plus conventionnelle dans son appartement parisien en tant que kinésithérapeute (diplôme qu’elle a obtenu en parallèle de sa carrière sportive), mais son essai est resté vain. « J’avais tout pour être heureuse, mais je ne l’étais pas. » 

C’est en sautant des falaises corses en septembre 2020 qu’elle vibre de nouveau. Elle ne veut plus que ça s’arrête. Un de ses amis lui conseille alors d’aller sur l’île intense. Aussitôt dit, aussitôt fait. Laura prend un aller simple, avec son statut de kiné en couverture. Mais quatre mois après, elle se rend compte qu’elle n’a fait aucun remplacement. Elle passe ses journées à sauter et se sent vivante. Elle commence alors à réfléchir à un vrai projet professionnel qui colle à son nouveau lifesyle. Pour penser, structurer et construire son projet, elle décide de rentrer en métropole. À peine arrivée, la jumpeuse s’achète un van pour partir à la conquête d’endroits insolites.

Laura Marino en plein plongeon dans un bassin naturel de la reunion

Laura Marino, en plein plongeon dans un bassin naturel de la Réunion. Crédit photo : Cheyenne Summer Media

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Un projet de vie autour de sa passion

Le sport a toujours été son équilibre, son catalyseur d’émotions et de vie. « C’est l’école de la vie. Un lieu de rencontres et de partage. Et le partage justement, c’est l’essence de mes projets. » Même si son étiquette « plongeon » la suit, elle essaye de se construire une nouvelle identité, celle qui la prend aux tripes. Évidemment, la dimension du saut est toujours présente, mais elle l’associe désormais à la photo et la vidéo. « Je veux qu’on me suive pour mes valeurs et mon travail. Pas juste parce que je plonge. » Elle s’éclate d’ailleurs dans d’autres activités : ski, vélo, rando, etc. « Tant que je suis dehors, je peux faire n’importe quoi, c’est le plus important pour moi ! » Et surtout, plus de contraintes. Pouvoir dire non si finalement elle ne veut plus sauter ce jour-là, à cette heure précise. Si elle veut performer maintenant c’est uniquement pour elle, pour prendre du plaisir, progresser et réussir ce qu’elle entreprend. 

Les femmes dans le plongeon de haut vol

Aujourd’hui, même si la femme a plus facilement accès à la pratique sportive, l’accès aux sports extrêmes c’est encore autre chose. « J’aimerais voir plus de femmes s’épanouir comme moi, grâce à ce sport. C’est ma manière à moi d’être militante », avoue Laura. Certaines participent à des compétitions, un excellent moyen de médiatiser la pratique féminine. Elle en est consciente mais ne veut pas que ça soit la seule raison pour laquelle elle se lance. « C’est un sport dangereux, extrême, il faut être prête et je ne le suis pas encore. » Certaines cliff jumpeuses organisent aussi des voyages entre elles. Il y a notamment plusieurs étasuniennes, car l’activité est très populaire là-bas. Laura espère pouvoir en faire partie rapidement.

En attendant, elle a organisé un stage d’initiation pour les jeunes filles en novembre 2021 à la Réunion. L’événement, organisé en collaboration avec une autre cliff jumpeuse, a été une réussite. 30 jeunes filles ont participé. « Ce fut une des journées les plus marquantes de mon passage à la Réunion. J’étais très fatiguée à cette période mais le regain d’énergie que m’a procuré cette journée était incroyable ! » 

Très curieuse, vous l’aurez compris, Laura Marino adore vivre de nouvelles expériences. Son projet professionnel autour du cliff jumping lui demande d’ailleurs beaucoup de temps et d’énergie car elle se forme au fil de l’eau. « J’ai tellement d’idées que je me dis que la vie est trop courte ! », lance-t-elle. Alors, si vous avez envie de découvrir son nouveau monde, n’attendez plus, suivez là sur ses réseaux sociaux ! 

Propos recueillis par Daf Rédac

Crédit photo : Cheyenne Summer Media

Daphne Lemercier
03.03.2022

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